vidéo - 

Débat télévisé d’entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 mai 2017 | Date d'évènement : 2017

Avant le second tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés de manière très virulente lors d'un débat le 3 mai 2017. Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France, évoque les éventuelles conséquences possibles de cette agressivité sur le choix des électeurs. La journaliste américaine Melissa Bell compare ce débat à ceux de Donald Trump.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
2017
Date de diffusion du média :
04 mai 2017
Production :
@ 2017 -  INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
04 mars 2024
Référence :
00000001915

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le premier tour de l’élection présidentielle de 2017, le 23 avril, a été marqué par l’élimination des candidats des deux grands partis de gouvernement, le Parti socialiste et Les Républicains : Benoît Hamon et François Fillon n’ont réuni respectivement que 6,36 % et 20,01 % des suffrages exprimés. Se sont ainsi qualifiés pour le second tour Emmanuel Macron, candidat néophyte d’En Marche !, avec 24,01 % des voix, et Marine Le Pen, candidate du Front national, avec 21,30 % des voix (voir Retour sur la soirée électorale).

Au cours de l’entre-deux-tours, Marine le Pen s’emploie à tenter de renverser la tendance très favorable à l’ancien ministre de l’Économie du gouvernement de Manuel Valls. Le point d’orgue de cet entre-deux-tours a lieu le 3 mai 2017, à quatre jours du second tour, lors du traditionnel débat télévisé entre les deux finalistes, le septième de l’histoire de la Ve République. Alors qu’en 2002 Jacques Chirac avait refusé l’organisation d’un débat avec le candidat de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen pour ne pas cautionner « la banalisation de la haine et de l’intolérance », Emmanuel Macron accepte quant à lui le face-à-face avec sa fille.

Ce débat a surtout été marqué par une grande virulence. Marine Le Pen a en effet adopté une stratégie agressive et afin de chercher à déstabiliser Emmanuel Macron. La présidente du Front national a ainsi multiplié les attaques et les moqueries à l’égard de son adversaire, le présentant comme « l’enfant chéri du système et des élites », « le candidat de la mondialisation sauvage » ou « Hollande junior ». Elle n’a même pas hésité à lancer de fausses accusations ad hominem. Par exemple, Emmanuel Macron aurait favorisé la vente de l’opérateur de téléphonie SFR à l’homme d’affaires Patrick Drahi, alors qu’il n’était pas encore ministre de l’Économie, quand elle a été effectuée en 2015. Elle a également proféré plusieurs sous-entendus sur son adversaire, l’accusant d’entretenir liens avec l’Union des organisations islamiques de France ou même de posséder un compte bancaire off-shore aux Bahamas.

Constamment attaqué durant deux heures et demie, le candidat d’En Marche ! s’est efforcé de résister, s’employant à démontrer les incohérences et les mensonges de sa rivale. Il l’a ainsi accusée à plusieurs reprises de mentir « en permanence ». « Ce que vous portez, c’est l’esprit de défaite (...). Je porte l’esprit de conquête français », a-t-il revendiqué. Il a également accusé Marine Le Pen de méconnaître les sujets économiques, notamment quand elle a expliqué qu’elle envisageait de rétablir le franc tout en maintenant la France dans la zone euro : « Une grande entreprise ne pourra pas payer en euros d’un côté et payer ses salariés de l’autre en francs. Cela n’a jamais existé, Madame Le Pen. C’est du grand n’importe quoi ! », lui a répliqué Emmanuel Macron.

Jamais sans doute un débat télévisé d’entre-deux-tours n’avait connu d’échanges aussi violents. De l’avis de la plupart des commentateurs politiques, Marine Le Pen en est sortie vaincue en raison de son agressivité constante et de ses réponses brouillonnes sur de nombreux sujets. De fait, pour la première fois, il semble qu’un débat d’entre-deux-tours ait quelque peu influencé le choix des électeurs, au détriment de Marine Le Pen : crédité de 59 % des intentions de vote dans une enquête du Cevipof des 30 avril et 1er mai, Emmanuel Macron remporte finalement le second tour de l’élection présidentielle, le 7 mai 2017, avec 66,1 % des voix contre 33,9 % à son adversaire d’extrême droite (voir La célébration de la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle en 2017).

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé en ouverture du 19.20 de France 3 du 4 mai 2017, ce sujet revient sur le débat télévisé qui a opposé la veille Emmanuel Macron et Marine Le Pen avant le second tour de l’élection présidentielle.

Ce débat est le septième de l’histoire de la Ve République. Le premier avait mis aux prises le 10 mai 1974 Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand. Depuis lors, le débat entre les deux finalistes s'est imposé comme le passage obligé de l’entre-deux-tours de l'élection présidentielle, sauf en 2002 lorsque Jacques Chirac avait refusé l’organisation d’un débat avec le président du Front national Jean-Marie Le Pen.

Le débat du 3 mai 2017 a été organisé dans les moindres détails, à commencer par le choix des journalistes chargés de l’arbitrer. Initialement Gilles Bouleau pour TF1 et David Pujadas pour France 2 avaient été pressentis, avant que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ne demande le respect de la parité. Les représentants de Marine Le Pen ont alors récusé Anne-Claire Coudray, présentatrice des journaux télévisés de TF1 le week-end, la soupçonnant d’être partisane d’Emmanuel Macron. Finalement ce sont deux présentateurs inédits, les chefs des services politiques de TF1 et de France 2, Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq, qui ont été désignés.

La réalisation du débat a été confiée à Tristan Carné, qui avait servi, en 2012, de réalisateur conseil de François Hollande lors de son face à face avec Nicolas Sarkozy (voir Débat télévisé entre François Hollande et Nicolas Sarkozy en 2012), et qui avait réalisé un débat sur TF1 avant le premier tour, le 20 mars 2017, entre les cinq candidats en tête dans les sondages. Lors du débat du 3 mai 2017, organisé au studio 107 de La Plaine-Saint-Denis, Tristan Carné est entouré des deux conseillers des candidats, Jérôme Ledoux pour Emmanuel Macron, Sébastien Chenu pour Marine Le Pen. Pour la première fois dans l’histoire des débats d’entre-deux-tours, les plans de coupe sont autorisés. Depuis 1981, et la mauvaise expérience de François Mitterrand lors de son débat avec Valéry Giscard d’Estaing en 1974, ces images - qui laissent apparaître à l’écran un candidat lorsque l’autre s’exprime - avaient été interdites.

La durée totale du débat, qui avait été fixée au préalable à 2 heures 20, a finalement dépassé 2 heures 30, soit moins que les 2 h 50 du débat de 2012, le record dans l'histoire des débats présidentiels. Ce débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen a surtout été marqué par une virulence inédite, soulignée par la présentatrice du journal télévisé de France 3 : « Jamais un face à face présidentiel dans l’histoire de la Ve République n’aura été aussi tendu », affirme Catherine Matausch dès le lancement plateau du sujet. Elle cite même deux expressions utilisées par la presse étrangère pour résumer ce débat : « un match de boxe », « un show à l’américaine agressif ». Les extraits diffusés dans le sujet de France 3 témoignent bien de l’atmosphère électrique sur le plateau et de l’agressivité entre les deux candidats, en particulier de la part de Marine Le Pen dès sa toute première prise de parole. Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq ne sont ainsi jamais parvenus à s’interposer et à faire retomber la tension, se contentant de faire respecter l’égalité des temps de parole.

Diffusé en simultané sur TF1, France 2 et BFMTV, ce débat a réuni 16,5 millions de téléspectateurs, soit moins que celui de 2012 entre François Hollande et Nicolas Sarkozy qui avait rassemblé 17,8 millions de personnes et que celui de 2007 entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal qui avait réuni 20 millions de téléspectateurs. Comme le pressent dans le sujet Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France, la tonalité des échanges et surtout l’agressivité de Marine Le Pen semblent avoir, pour la première fois, eu une certaine incidence sur le choix des électeurs pour le second tour.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème