Le général de  Gaulle rend hommage aux marins de l’île de Sein

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 sept. 1946 | Date d'évènement : Juillet 1940

Les marins de l’île de Sein figurent parmi les premiers à rejoindre la France libre à Londres en juin 1940. A l’occasion d’un voyage dans l’île en 1946 pour lui remettre la Croix de la Libération, le général de Gaulle leur rend hommage.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
Juillet 1940
Date de diffusion du média :
05 sept. 1946
Production :
INA
Page publiée le :
29 oct. 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000003434

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Entre le 19 et le 26 juin 1940, alors que les Allemands occupent déjà toute la Bretagne mais n’ont pas encore verrouillé les côtes pour en interdire la navigation, la majeure partie des hommes de l’île de Sein, située au large de la pointe du Raz (Finistère), rejoignent l’Angleterre à bord de bateaux de pêche car ils refusent l’occupation et la captivité.

Les premiers à partir le font le 19 juin, profitant de l’escale dans l’île de l’Ar Zénith, un bateau réquisitionné par l’armée et qui embarque à Audierne une centaine de chasseurs alpins fuyant l’avancée allemande. Le 21 juin, la petite garnison qui se trouvait à Sein quitte l’île. Le 22 juin, plusieurs habitants de l’île ayant entendu l’appel du général de Gaulle décident de le rejoindre à Londres en traversant la Manche. Le 24 juin, le maire de Sein est averti par téléphone depuis Audierne que les militaires encore présents sur l’île doivent se constituer prisonnier. Dans ce contexte,  le départ des hommes en âge de combattre s’accélère. Au soir du 24 juin partent la Velléda et le Rouanez-ar-Mor. Le 26, après qu’une affiche ait été placardée annonçant que « tous les hommes de 18 à 60 ans devaient se tenir à la disposition des troupes d’occupation », les derniers départs s’effectuent à bord du Rouanez-ar-Péoc’h, de la Maris-Stella, et du Corbeau des Mers.

Au total, alors que l’île de Sein ne compte qu’un millier d’habitants environ, 136 Sénans, âgés de 14 à 54 ans, rejoignent la Grande-Bretagne fin juin 1940. Leur profil ne correspond pas forcément à ceux des premiers Français libres, le plus souvent jeunes et célibataires. 40 % des Sénans qui ont rejoint de Gaulle ont plus de trente ans et sont chargés de famille. Sept d’entre eux seulement retourneront en France en septembre 1940, ce qui fait 129 ralliés à la France libre. Les Sénans y reçoivent diverses affectations, en fonction de leur âge et de leur spécialité. Les plus jeunes s’engagent dans les Forces navales françaises libres (FNFL), dont les Sénans constituent 4,1 % de l’effectif total au 1er novembre 1940. Les plus âgés rejoignent le service des pêches, la marine marchande de la France libre ou servent à terre. 22 Sénans mourront pour la France entre 1940 et 1944.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

L’histoire des marins de l’île de Sein témoigne de la trajectoire particulière d’un groupe d’hommes refusant immédiatement en France l’occupation et désirant poursuivre la lutte mais elle illustre aussi les débuts difficiles de la France libre. Début juillet 1940, les Sénans qui ont rejoint Londres sont regroupés avec trois cent autres volontaires à l’Olympia Hall, où le général de Gaulle les passe en revue. Serrant la main à chacun, qu’il interroge sur son origine, le chef des Français libres, très surpris du nombre de Sénans présents dans l’assistance, aurait alors dit : « l’île de Sein, c’est donc le quart de la France ! ».

Reconnaissant aux Sénans de leur engagement précoce, de Gaulle décide à la fin de la guerre de décerner à leur île, le 1er janvier 1946, la Croix de la Libération, qui récompense « des personnes ou des collectivités qui se sont signalées dans l’œuvre de la Libération de la France ». L’île de Sein est la dernière commune française à devenir Compagnon de la Libération. La Croix de la Libération ne récompense pas seulement les hommes qui sont partis pour Londres mais bien les habitants de l’île toute entière. Les femmes, enfants et vieillards qui sont restés à Sein ont en effet vécu dans des conditions très difficiles et ont du faire preuve d’une grande solidarité pendant toute la durée de l’Occupation du fait de l’absence des hommes. Selon la citation, l’île de Sein « s’est refusée à abandonner le champ de bataille qui était le sien : la mer. A envoyé tous ses enfants au combat sous le pavillon de la France libre devenant ainsi l’exemple et le symbole de la Bretagne toute entière ».

En août 1946, le général de Gaulle se rend dans l’île pour lui décerner officiellement la Croix de la Libération. La cérémonie fut à la fois simple et émouvante, comme le montre les images et le commentaire du reportage, qui insistent surtout sur la rudesse de l’île. De Gaulle reviendra dans l’île en septembre 1960 en tant que président de la République pour y inaugurer un mémorial des Forces françaises libres portant la devise en breton « Kentoc’h Mervel » (plutôt mourir) et la citation « le soldat qui ne se reconnaît pas vaincu a toujours raison ».

L’île de Sein est la commune française la plus décorée au titre de la Seconde Guerre mondiale, ayant reçu la Croix de la Libération, la Croix de Guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance.

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