Pierre-Henri Teitgen témoigne de la naissance du mouvement Liberté en zone sud

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 août 1976 | Date d'évènement : Décembre 1940

Professeur de droit à l’université de Montpellier en 1940, Pierre-Henri Teitgen participe avec son collègue François de Menthon à la création du mouvement Liberté. Il témoigne sur l’état d’esprit et les actions de ceux qui s’engagent dans les premières organisations clandestines qui se développent en zone sud à la fin 1940 et en 1941.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Chroniques du temps de l'ombre, 1940-1944
Réalisation :
Panigel Armand
Date de l'évènement :
Décembre 1940
Date de diffusion du média :
09 août 1976
Production :
INA
Page publiée le :
29 oct. 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000003447

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Le refus individuel de l’armistice et de l’occupation et les actions de désobéissance isolées ne suffisent pas à donner vie à la Résistance en 1940. Pour que celle-ci puisse se développer, s’organiser et se structurer, il faut que des regroupements aient lieu, en dehors des institutions traditionnelles (partis politiques, syndicats) qui se sont effondrés ou ralliés à Vichy. C’est pourquoi la création des premiers mouvements de résistance s’opère souvent grâce à l’activation des réseaux amicaux et professionnels pour recruter les personnes qui serviront de cadres au sein de l’organisation clandestine. L’exemple du mouvement Liberté en zone sud, qu’évoque Pierre-Henri Teitgen dans son témoignage, en fournit l’illustration.

Professeur de droit à l’université de Lyon, François de Menthon se lance en novembre 1940, depuis le château familial sur les hauteurs d’Annecy où il réside, dans la création d’un journal clandestin, Liberté. Sa volonté de diffuser Liberté dans l’ensemble de la zone sud amène au cours de l’hiver et du printemps 1941 la création de toute une organisation clandestine, avec des relais dans les principales régions et des équipes de diffusion au niveau local. Pour développer son mouvement naissant, de Menthon recrute essentiellement des juristes et des universitaires qu’il a pu côtoyer dans le cadre de ses activités professionnelles, comme Pierre-Henri Teitgen, qui a été son collègue avant-guerre à Nancy avant d’être transféré à Montpellier, mais aussi Marcel Prelot, René Capitant ou encore Alfred Coste-Floret. Tous ont également en commun d’avoir milité au sein de la mouvance démocrate-chrétien avant la guerre. Avec le Mouvement de libération nationale d’Henry Frenay, Liberté est en 1941 l’organisation la plus importante et la mieux structurée de la zone sud, grâce aux réseaux développés au sein de l’Université par François de Menthon. Frenay et de Menthon, qui se rencontrent à Lyon au cours du printemps 1941, décident au bout de quelques mois de fusionner leurs deux organisations respectives pour gagner en efficacité, donnant ainsi naissance au principal mouvement de Résistance de la zone sud, Combat.

Après avoir été l’un des principaux animateurs de Liberté aux côtés de François de Menthon, Pierre-Henri Teitgen intègre fin 1941 le comité directeur de Combat. Muté à Lyon en juin 1942, il fait le choix de la clandestinité quelques semaines plus tard pour se consacrer totalement à la Résistance et rejoint sous le pseudonyme de Quintus le Comité général d’études. Il participe au sein de cette instance à la préparation des textes législatifs qui régiront la France de la Libération. En septembre 1944, de Gaulle le nomme ministre de l’Information au sein du Gouvernement Provisoire. Il sera ensuite ministre de la Justice en juin 1945, jouant à ce titre un rôle important dans la mise en œuvre de l’épuration.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Si elle est désormais derrière lui au moment de la date - 1976 - où est réalisé cet entretien dans le cadre de la collection, Ce jour là j’en témoigne, chroniques du temps de l’ombre 1940/1944, Pierre-Henri Teitgen a connu une carrière politique brillante dans les années d’après-guerre. Après avoir exercé les fonctions de ministre de l’Information puis de la Justice au sein du GPRF, il continue d’occuper des postes ministériels sous presque tous les gouvernements de la IVe République. Il incarne donc ces personnalités pour lesquelles l’engagement dans la Résistance a permis ensuite d’accéder aux plus hautes responsabilités de l’Etat. Outre son rôle dans la Résistance, au sein de Liberté puis de Combat, sa fonction de ministre de la Justice lors de l’épuration explique également qu’il ait été très souvent sollicité à la fin de sa vie pour témoigner sur la période de l’Occupation. En 1976, année où est réalisé l’entretien présenté ici, Teitgen fait partie des invités de Dossiers de l’écran demeurés célèbres pour avoir vu s’opposer dans le cadre d’un débat des anciens résistants (Pierre Lefranc, Pierre-Henri Teitgen, Henry Frenay), des anciens partisans de la collaboration (Jacques Isorni, l’amiral Auphan, Louis Dominique Girard), et des historiens (Henri Michel, Robert Paxton).

L’extrait de ce témoignage est intéressant pour saisir, à travers l’exemple de Liberté, les débuts de la Résistance en zone sud et la façon dont on passe d’un journal à un mouvement. Pierre-Henri Teitgen montre comment la nécessité de diffuser un journal clandestin amène à recruter dans chaque département des équipes et à structurer toute une organisation de façon pyramidale, avec des responsables régionaux, départementaux et locaux. Il montre bien également toute l’importance des réseaux amicaux et professionnels dans la constitution de ces premiers mouvements puisque le noyau fondateur de Liberté, constitué autour de François de Menthon, se constituait presque exclusivement de professeurs de droit à l’université.

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