Itinéraire d’un Français libre de la première heure, Jacques Roos

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 janv. 2002 | Date d'évènement : Avril 1941

Agé de 20 ans en 1940, désireux de poursuivre le combat, Jacques Roos rejoint l’Angleterre. Après plusieurs semaines de formation, il intègre les troupes françaises libres et part pour l’Afrique. Après l’échec de l’opération contre Dakar, il participe aux raids de la colonne Leclerc et à la prise de Koufra.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Mémoires de résistants
Date de l'évènement :
Avril 1941
Date de diffusion du média :
01 janv. 2002
Production :
INA
Page publiée le :
29 oct. 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000003451

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Pour ceux qui veulent continuer la lutte armée au lendemain de l’armistice, la seule logique consiste à rejoindre la Grande-Bretagne, dernier pays à poursuivre le combat contre le Reich après la défaite de la France. Ceux qui quittent la métropole pour rejoindre Londres dans les derniers jours de juin 1940 n’ont pas forcément entendu l’appel lancé par le général de Gaulle le 18 juin 1940. Ils le découvrent en arrivant en Angleterre et rejoignent alors les troupes de la France libre qui commencent à se constituer. Parce que leur choix de partir vers l’Angleterre implique de tout quitter, ces premiers volontaires sont le plus souvent jeunes et célibataires, âgés de dix-neuf à vingt-cinq ans au moment de leur engagement.

A la fin du mois de juillet 1940, les troupes de la France libre représentent environ 7000 hommes, dont une grande partie est transférée en Afrique à partir de septembre 1940 afin de participer aux campagnes qui permettront de rallier une partie de l’Empire. Après l’échec de Dakar, les premières troupes de la France libre sont engagées au cours de l’automne 1940 dans la campagne du Gabon qui permet de rallier l’Afrique équatoriale française puis à partir de janvier 1941 dans la « guerre du désert » qui consiste à mener des raids depuis le Tchad contre les positions italiennes dans le sud de la Lybie.

Le 11 janvier 1941, une colonne de Français libres dirigée par le lieutenant-colonel Colonna d’Ornano participe aux côtés des Britanniques à la prise de l’aérodrome de Mourzouk. Le général Leclerc de son côté lance une colonne composée d’une centaine d’Européens, de 250 méharistes et tirailleurs sénégalais contre le fort de Koufra, à 1700 km au nord de Fort Lamy. Partie de Faya-Largeau le 26 janvier, la colonne atteint l’oasis le 18 février et affronte la compagnie saharienne de Koufra, une unité motorisée italienne. Le 1er mars 1941, après dix jours de combats, les assiégés capitulent, persuadés de la supériorité de l’adversaire, qui ne dispose pourtant que d’un canon de 75 et d’un mortier de 81. Le lendemain, les couleurs sont hissées dans la cour du fort. Leclerc et ses hommes prêtent le « serment de Koufra » par lequel ils jurent de poursuivre la lutte jusqu’à ce que le drapeau français flotte à nouveau sur Strasbourg.     

Né le 25 février 1918, Jacques Roos fait partie de ces pionniers de la France libre qui ont rejoint de Gaulle dès la fin juin 1940. Etudiant en droit et soucieux de continuer la lutte après la défaite de la France, il embarque clandestinement à Saint-Jean-de-Luz le 23 juin 1940 sur un cargo qui l’emmène à Plymouth. Après avoir été dans un premier temps pris en charge par les Anglais, il rencontre le général de Gaulle le 7 juillet 1940 et s’engage dans les Forces françaises libres. Après quelques semaines de formation en Angleterre, il part pour l’Afrique et intègre la colonne du général Leclerc.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le témoignage de Jacques Roos est particulièrement illustratif de l’état d’esprit des jeunes volontaires qui refusent la défaite en 1940 et font le choix de rejoindre l’Angleterre dès les tous premiers jours de l’Occupation pour continuer la lutte. Mais il montre aussi toute l’incertitude qui accompagne ce choix et révèle la dimension aventurière de leur engagement. Les débuts sont très compliqués. Rejoindre l’Angleterre constitue tout d’abord une véritable expédition et il faut souvent une grande part de chance pour trouver un moyen d’embarquer sur un bateau. Ainsi, lorsqu’il embarque à Saint-Jean-de-Luz le 23 juin 1940, Jacques Roos ne connaît même pas la destination du bateau sur lequel il se trouve, qui sera finalement Plymouth. En Angleterre, le jeune homme n’est pas accueilli à bras ouvert, car les Anglais se méfient de potentiels espions envoyés depuis la France par les Allemands et lui font donc subir toute une batterie de tests et de questions pour cerner ses véritables motivations. Lorsqu’il rencontre pour la première fois de Gaulle, Jacques Roos reconnaît qu’il n’en connaissait que vaguement le nom. Il ne fait d’ailleurs pas état dans son témoignage de l’appel du 18 juin 1940 comme facteur qui l’aurait amené à rejoindre Londres. Jacques Roos insiste également sur les débuts difficiles de la France libre. Les premières troupes qui se forment en Angleterre sont très disparates et n’ont que très peu de moyens. Les jeunes volontaires n’ont souvent absolument aucune formation militaire. Le départ en Afrique s’accompagne d’abord d’un échec retentissant à Dakar. De Gaulle qui échoue à rallier l’AOF voit sa position se fragiliser. Ce ne sont que les débuts de l’épopée du général Leclerc, à laquelle participe Jacques Roos, qui permet à la France libre d’obtenir ses premiers succès, avec une victoire particulièrement symbolique remportée sur les troupes italiennes à Koufra le 1er mars 1941. Sur cette bataille de Koufra, Jacques Roos explique très bien le « coup de bluff » opéré par Leclerc consistant à faire croire aux Italiens qu’ils étaient encerclés par des troupes bien armées et supérieures en nombre pour les amener à donner leur reddition, ce qui n’était pourtant pas le cas.

Ce témoignage fait partie de la collection « Mémoires de résistants » réalisée en 2002 sous l’égide du réalisateur Henri Rolland Coty, résistant, déporté. Cette collection est consultable en ligne sur ina.fr.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème