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Assassinat de Martin Luther King : émotion et recueillement à Memphis

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 avr. 1968 | Date d'évènement : 07 avr. 1968

Trois jours après l’assassinat de Martin Luther King le 4 avril 1968 à Memphis, les fidèles noirs de l’église Saint Peter participent à une célébration religieuse : ils se recueillent et chantent en mémoire du pasteur abattu. Dans un stade comble, une cérémonie baptiste intitulée Memphis regrette rassemble Noirs et Blancs de Memphis en hommage à Martin Luther King.

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Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
07 avr. 1968
Date de diffusion du média :
12 avr. 1968
Page publiée le :
15 juil. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004242

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Fils d’un pasteur baptiste, Martin Luther King voit le jour le 15 janvier 1929 à Atlanta (Géorgie), aux États-Unis. Après des études à l’université de Boston, il obtient un doctorat en théologie en 1955. Il devient lui-même pasteur baptiste en 1954 à Montgomery, dans l’Alabama, avant d’exercer son ministère à Atlanta à partir de 1960.

Orateur de grand talent, il a 26 ans lorsqu’il prend, en 1955, la tête du mouvement de protestation contre l’arrestation de Rosa Parks, une femme noire qui a refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus de Montgomery. Il mène ainsi une campagne de boycott des bus de la ville durant plus d’une année. Ce premier combat de Martin Luther King contre la ségrégation dont sont victimes les Noirs américains porte ses fruits : en novembre 1956, la Cour suprême déclare inconstitutionnelle la ségrégation dans les bus.

Dès lors, Martin Luther King devient le chef de file du mouvement des droits civiques pour les Noirs américains. En 1957, il fait partie des pasteurs qui fondent la Southern Christian Leadership Conference (SCLC), organisation prônant la désobéissance civile et non-violente. Il en est aussitôt élu président. 

Il organise dès lors différentes actions non-violentes en faveur de l’égalité des droits civiques : boycotts, sit-ins, marches ou freedom rides (voyages de la liberté). Le 28 août 1963, une grande marche sur Washington réunit 250 000 personnes. À cette occasion, Martin Luther King prononce, devant le Lincoln Memorial, un discours mémorable, I have a dream, dans lequel il affirme son rêve d’une nation américaine respectueuse de l’égalité de tous Je rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans un pas où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau, mais à la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

La lutte de Martin Luther King aboutit à la pleine reconnaissance des droits civiques des droits américains à l’initiative du président Lyndon B. Johnson : le Congrès américain adopte en 1964 le Civil Rights Act qui interdit toute discrimination et ségrégation dans les lieux publics, puis, en 1965, le Voting Rights Act qui interdit toute restriction au droit de vote. Ces lois bouleversent la vie politique et sociale du sud des États-Unis. Son combat vaut à Martin Luther King de devenir, en 1964, le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix. 

Toutefois, constatant que les avancées concernant la condition des Noirs américains tardent à se concrétiser, Martin Luther King se radicalise quelque peu. Il prend notamment partie contre la guerre du Viêt Nam. Il suscite dès lors des oppositions croissantes.

Le 4 avril 1968, il est assassiné alors qu’il se trouvait sur le balcon du Lorraine Motel, à Memphis (Tennessee), où il était venu soutenir les éboueurs de la ville en grève : il est tué d’une balle dans la tête. Sa disparition soudaine, à l’âge de 39 ans, provoque une très forte émotion, aux États-Unis comme dans le monde entier. Dans une allocution télévisée, le président américain Lyndon B. Johnson déclare : Le rêve de Martin Luther King n’est pas mort avec lui.

Son décès déclenche des grandes émeutes raciales dans de nombreuses villes des États-Unis. Les troubles les plus violents ont lieu à Chicago et à Baltimore. Au total, au cours de 5 jours d’émeutes, 39 personnes sont tuées et 2 600 blessées.

En juin 1968, James Earl Ray, un partisan de la ségrégation qui s’était évadé d’un pénitencier du Missouri en 1967, est arrêté à l’aéroport de Londres-Heathrow. Accusé de l’assassinat de Martin Luther King, il avoue le meurtre avant de se rétracter. Il est condamné à 99 ans de prison en mars 1969.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce sujet a été diffusé le 12 avril 1968 sur la première chaîne de l’ORTF, dans le magazine Panorama. Cette émission d’information, diffusée chaque vendredi soir après le journal de 20 heures à partir de 1965, était composée de plusieurs reportages visant à traiter une actualité récente plus en profondeur. 

Extrait d’un reportage de plus de treize minutes, le présent sujet a été tourné à Memphis (Tennessee), trois jours après l’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril 1968 dans cette même ville. Intitulé Memphis après le drame, il a pour objectif de montrer aux téléspectateurs français l’atmosphère qui règne à Memphis à la suite de la mort brutale du chef de file du mouvement des droits civiques.

De fait, les deux séquences principales du reportage de Panorama laissent toutes deux apparaître la vive émotion qui s’est emparée de la population de Memphis après cet événement sanglant, ainsi que les hommages qui sont rendus à Martin Luther King. La première séquence, filmée lors d’une messe dans l’église Saint Peter le dimanche 7 avril 1968, au sein du ghetto noir de Memphis, dans lequel le pasteur baptiste s’était lui-même déjà rendu, donne à voir la grande douleur de la communauté noire de la ville : les gospels chantés sont empreints d’émotion et de recueillement, plusieurs fidèles sont en larmes. Le journaliste de Panorama essaie d’expliquer cette douleur par l’importance qu’avait prise Martin Luther King aux yeux des Noirs américains : Ils ont perdu leur Moïse, ils n’ont plus de guide. Une seconde séquence, tournée le même jour dans un stade de Memphis, indique, quant à elle, que l’émotion dépasse la seule communauté noire : un hommage est ainsi rendu à Martin Luther King lors d’une cérémonie baptiste réunissant Noirs et Blancs. Le fait que tous entonnent l’hymne national américain, The Star-Spangled Banner, témoigne d’une douleur commune après la perte soudaine du pasteur baptiste et d’un sentiment de solidarité entre les participants, quelle que soit leur couleur de peau.

Entre ces deux séquences s’intercalent quelques images d’illustration. On peut notamment apercevoir des gardes nationaux sur un pont de Memphis. Leur présence est un indice de la tension qui règne alors dans de nombreuses villes des États-Unis, en proie à de violentes émeutes raciales dès l’annonce de la mort de Martin Luther King.

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