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Référendum du 17 mars 1992 en Afrique du Sud : les électeurs blancs approuvent la fin de l’apartheid

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 mars 1992 | Date d'évènement : 17 mars 1992

Le 17 mars 1992, 68,7 % des électeurs blancs d’Afrique du Sud ont approuvé par référendum la poursuite des réformes constitutionnelles engagées par le président Frederik De Klerk. Ce dernier salue ce résultat marquant la fin de l’apartheid. Pendant ce temps, des Noirs manifestent contre l’insuffisance du budget de l’État. Des Noirs et une Blanche sont interviewées sur les conséquences du scrutin.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
17 mars 1992
Date de diffusion du média :
18 mars 1992
Page publiée le :
29 juil. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004245

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

En Afrique du Sud, un système de ségrégation raciale a été mis en place de 1948 à 1991 : l’apartheid. Par cette politique dite de développement séparé des différentes communautés raciales, le Parti national de Daniel Malan a institutionnalisé, après sa victoire aux élections de 1948, la prédominance de la minorité afrikaner – les Sud-Africains blancs non anglophones nés en Afrique du Sud – sur la majorité noire. L’apartheid s’est traduit par l’adoption de lois qui assuraient aux Blancs des avantages considérables sur les populations non-blanches. Ainsi, après l’interdiction des mariages mixtes en 1949, une loi a établi en 1950 l’habitat séparé des quatre principaux groupes raciaux (Blancs, Noirs, Métis, Indiens) dans des zones d’habitation particulières. Puis, en 1952, une autre loi a interdit aux Noirs de séjourner plus de trois jours en zone urbaine sans autorisation spéciale. Soumises au régime de l’apartheid, les populations non-blanches d’Afrique du Sud ont par conséquent été victimes de discriminations et de violences permanentes : elles ont été regroupées dans les bantoustans – des régions qui leur étaient réservées – et des townships – des ghettos dans les principales villes sud-africaines.  

En 1960, l’ANC (African National Congress), parti fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire face à la minorité blanche, a par ailleurs été interdit par le gouvernement sud-africain. Nelson Mandela, fondateur de la branche militaire de l’ANC en 1961, a ensuite été arrêté en 1962, puis condamné en 1964 à la prison à perpétuité. Il est alors devenu progressivement l’icône du combat contre l’apartheid dans le monde entier. 

La contestation s’est également faite plus vive au sein de la population noire : en juin 1976, l’adoption d’un décret rendant l’afrikaans obligatoire dans les écoles noires a provoqué des émeutes chez les élèves noirs de Soweto (township situé près de Johannesburg), qui ont été violemment réprimées. Puis, en 1985, après plusieurs mois d’affrontements dans les townships, l’état d’urgence y a été décrété. 

Parallèlement, l’apartheid a fait l’objet de condamnations croissantes par la communauté internationale : les produits sud-africains ont été progressivement boycottés, d’abord par l’URSS et les pays scandinaves, puis par de nombreux pays occidentaux et un embargo sur les ventes d’armes a été mis en place.

L’élection, en septembre 1989, à la présidence de la République, de Frederik De Klerk, a changé la donne : le leader du Parti national avait annoncé, pendant sa campagne électorale, son intention de supprimer l’apartheid. De fait, en février 1990, il a commencé par légaliser les mouvements nationalistes noirs, dont l’ANC, et par libérer des prisonniers politiques. Ainsi, le 11 février 1990, après vingt années de détention, Nelson Mandela a été libéré. Frederik De Klerk a alors entamé des négociations avec lui. Le 1er février 1991, le président sud-africain s’est engagé à démanteler le régime de l’apartheid. Ainsi, en juin 1991, la loi classifiant la population en fonction des races a été supprimée. Et l’abolition de l’apartheid a été effective le 30 juin 1991. 

Le 17 mars 1992, les électeurs blancs, consultés par référendum, ont largement approuvé, à 68,73 %, la poursuite du processus de réformes constitutionnelles engagé par De Klerk depuis 1990 (soit 1,9 million de votes oui) . Par ce vote très favorable au principe du partage du pouvoir avec la majorité noire, les Blancs ont validé la fin du régime de l’apartheid. Frederik De Klerk a alors salué la vraie naissance de la véritable nouvelle Afrique du Sud : Aujourd’hui nous avons fermé le livre de l’apartheid.

Par la suite, après l’attribution conjointe du prix Nobel de la paix en 1993 à Nelson Mandela et à Frederik De Klerk, les premières élections législatives multiraciales, en avril 1994, ont vu la victoire de l’ANC avec 62,65 % des voix. Le 9 mai 1994, Nelson Manda a alors été élu président de l’Afrique du Sud.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce reportage, consacré aux résultats du référendum organisé le 17 mars 1992 en Afrique du Sud sur la poursuite des réformes constitutionnelles engagées par le président Frederik De Klerk, a été diffusé en ouverture du journal télévisé d’Antenne 2 le 18 mars 1992. Le large succès du oui a en effet été immédiatement perçu comme un événement historique : en votant à près de 69 % en faveur de la poursuite du processus de réformes, la grande majorité des électeurs blancs sud-africains ont par conséquent accepté la fin de l’apartheid mis en place depuis 1948. Le présentateur du journal télévisé, Bruno Masure, insiste d’ailleurs d’emblée, dans son lancement plateau, sur la dimension historique de ce résultat : L'histoire retiendra sans doute la date de ce 18 mars 1992, jour où les Blancs d’Afrique du Sud ont massivement accepté de tourner la page de l’apartheid, mis en place en 1948. On remarque une petite erreur puisque, s’il y a une journée historique à retenir, il s’agit plutôt du 17 mars, jour du référendum, et non du 18 mars, jour de proclamation des résultats. De son côté, Martine Laroche-Joubert, grand reporter au service étranger d’Antenne 2, souligne également le caractère historique de ce scrutin : C’est le dernier vote blanc d’Afrique du Sud, déclare-t-elle lors d’un plateau en situation filmé au Cap, devant l’océan Atlantique.

Les différentes séquences du reportage mettent elles aussi en avant l’importance du résultat du référendum. Applaudi par la foule de ses partisans, le jour même de son 56e anniversaire, l’initiateur du référendum, Frederik De Klerk, prononce ainsi un discours devant le palais présidentiel, situé à Pretoria, dans lequel il salue la fin du régime de ségrégation : Aujourd’hui, nous avons fermé le livre de l’apartheid. C’est un chapitre définitivement clos. De même, les différents témoignages recueillis par la technique du télé-trottoir au sein d’une manifestation de Noirs sud-Africains illustrent bien le bouleversement constitué par la fin de l’apartheid. Ils donnent à entendre l’espoir des habitants d’une nouvelle société sud-africaine mixte. C’est ce qu’illustre bien le plan d’une manifestante blanche qui, après avoir affirmé que Noirs et Blancs allaient désormais voter ensemble, enlace une jeune femme noire. Celle-ci, en proie à l’émotion, réagit en riant.


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