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La résistance au putsch de Moscou en août 1991

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 août 1991 | Date d'évènement : 19 août 1991

Au lendemain du putsch mené le 19 août 1991 contre Mikhaïl Gorbatchev par des conservateurs, la  population de Moscou organise la résistance en installant des barricades près du parlement de Russie. Des militaires, pourtant appelés par les putschistes, se rallient au peuple.

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Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
19 août 1991
Date de diffusion du média :
20 août 1991
Page publiée le :
27 juil. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004246

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

À partir de 1990, l’URSS, dirigée par Mikhaïl Gorbatchev depuis 1985, est agitée par les revendications nationalistes. Les pays Baltes initient ainsi un mouvement d’émancipation par rapport à Moscou : la Lituanie proclame son indépendance le 11 mars 1990, suivie par l’Estonie et la Lettonie qui annoncent l’ouverture d’une période de transition vers l’indépendance

Par ailleurs, à l’initiative de Boris Eltsine, élu président de la République de Russie le 29 mai 1990, les députés du Soviet suprême votent le 12 juin 1990 une déclaration sur la souveraineté de la Russie. Dirigeant du Parti communiste à Moscou à partir de 1985 et triomphalement élu député de Moscou en mars 1989, Eltsine entre alors en confrontation avec Gorbatchev, président de l’URSS depuis 1990. Il quitte le PCUS en juillet 1990 et soutient la mise en place rapide d’une économie de marché, tandis que Gorbatchev défend une transition avec l’ancienne économie étatisée. Eltsine s’oppose aussi au nouveau traité d’Union proposé en novembre 1990 par Gorbatchev. Par la suite, ce dernier autorise une intervention en Lituanie pour empêcher le processus d’indépendance : le 13 janvier 1991, les forces spéciales soviétiques prennent d’assaut le Parlement lituanien et la tour de la télévision à Vilnius. 

Certes, le référendum sur le devenir de l’Union, en mars 1991, apporte un soutien relatif à Gorbatchev : 77 % des votants approuvent le projet de nouveau traité d’Union. Mais six républiques sur quinze boycottent ce scrutin – les trois pays Baltes, la Géorgie, l’Arménie et la Moldavie – et, dès le 9 avril 1991, la Géorgie proclame elle aussi son indépendance. De son côté, Eltsine choisit d’accélérer le processus de désintégration de l’Union et la marche à l’indépendance de la Russie  (Nicolas Werth, URSS : comment un empire implose , L’Histoire, n° 485-486, p. 97) en se faisant élire président de la Russie au suffrage universel le 12 juin 1991, avec 57 % des suffrages dès le premier tour. Puis le 14 août 1991, Gorbatchev révèle le nouveau traité d’Union qui octroie une autonomie très importante aux républiques.

Hostiles à ce traité dans lequel ils voient une menace de désintégration de l’URSS, mais plus largement à la perestroïka et et à la glasnost initiées par Gorbatchev depuis 1985, certains éléments communistes conservateurs tentent un putsch à Moscou le 19 août 1991 : profitant de l’absence de Gorbatchev, alors en villégiature en Crimée, un Comité d’État pour l’état d’urgence se forme afin de restaurer l’ordre et de prévenir l’éclatement de l’URSS. Avec à leur tête les ministres de la Défense, le maréchal Dmitri Iazov, et des Affaires intérieures, Boris Pougo, ainsi que le président du KGB, Vladimir Krioutchkov, les putschistes déclarent le président de l’URSS dans l’incapacité pour raisons de santé de poursuivre ses fonctions.

Mais cette tentative de coup d’État échoue dès le 21 août 1991, essentiellement grâce à l’action d’Eltsine qui organise la résistance populaire à Moscou. Rétabli dans ses fonctions de président de l’URSS dès le 22 août 1991, Gorbatchev sort affaibli de ce putsch manqué : il démissionne de ses fonctions de secrétaire général du PCUS, parti qu’Eltsine suspend le 23 août.

L’échec du putsch provoque la désagrégation de l’URSS : dès la fin d’août 1991, l’Ukraine proclame son indépendance, suivie par la Biélorussie, la Moldavie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et l’Estonie. Et le 8 décembre 1991, Boris Eltsine et les présidents ukrainien Leonid Kravtchouk et biélorusse Stanislav Chouchkevitch annoncent la création d’une Communauté des États indépendants. Se substituant à l’URSS, celle-ci est fondée le 21 décembre suivant à Alma-Ata, au Kazakhstan, par 11 anciennes républiques soviétiques – toutes sauf les pays Baltes et la Géorgie. Le 25 décembre  1991, dans une allocution télévisée, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission. Au terme d’un processus presque entièrement pacifique, l’URSS cesse alors d’exister, soixante-neuf ans après sa fondation.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Du 19 au 21 août 1991, brève période durant laquelle s’est déroulée une tentative de coup d’État menée par des conservateurs contre le président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, les chaînes de télévision occidentales ont offert une couverture spéciale à cet événement. La rédaction d’Antenne 2 a notamment consacré la plupart de ses journaux de ces jours-là à ce putsch. Ainsi, le 20 août 1991, lendemain de la formation d’un Comité d’État pour l’état d’urgence, à Moscou, toute la première partie du journal de 20 heures d’Antenne 2 a été constituée de sujets portant sur le putsch. 

Placé en deuxième position du journal télévisé, le présent sujet a été réalisé à Moscou dans la nuit du 19 au 20 août 1991 ainsi que le 20 août au matin. Il prend la forme d’un reportage d’ambiance, tourné auprès des Moscovites organisant la résistance au putsch et de militaires les ralliant. Plongée au cœur des événements, l’envoyée spéciale d’Antenne 2 Isabelle Baechler en offre un témoignage sur le vif, qualifié d’impressions personnelles par le présentateur du journal télévisé, Bruno Masure. Elle s’exprime d’ailleurs souvent à la première personne du pluriel (Nous devons contourner les barricades dans le centre-ville ; Nous sommes ici aux abords du Parlement de RussieNous étions les bienvenus), voire à la première personne du singulier (j’ai vu pendant plusieurs heures ). La journaliste d’Antenne 2 est également filmée dans un plateau en situation devant le lieu le plus emblématique de la résistance au putsch des communistes conservateurs : la Maison blanche, siège du parlement de la République socialiste fédérative soviétique de Russie.

Ce reportage, composé de plans factuels et d’interviews, met en valeur le mouvement de résistance de la population moscovite au putsch. Cette résistance est rendue concrète par la mise en place de barricades aux alentours du parlement de Russie. La résistance apparaît également perceptible dans les scènes de fraternisation entre civils et soldats. Pourtant réquisitionnés par les putschistes, ceux-ci se rallient à la cause des opposants au coup d’État, acceptant même qu’ils grimpent sur les chars. Civils et soldats semblent unis dans leur opposition au putsch. En témoignent enfin plus particulièrement les propos recueillis par Isabelle Baechler dans un micro-trottoir improvisé. La détermination des Moscovites interrogés, de même que l’hostilité aux putschistes des militaires interrogés ( On est pour le peuple, pour la Russie, déclare un soldat du rang ; C’est une bande de criminels qui est venue au pouvoir avec des méthodes anticonstitutionnelles, affirme un gradé) mettent en valeur l’ampleur de l’opposition au putsch et augurent de son échec.

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