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Cérémonie d'hommage national à Samuel Paty en la Sorbonne

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 oct. 2020 | Date d'évènement : 21 oct. 2020

Le 21 octobre 2020, une cérémonie d’hommage national à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie assassiné cinq jours auparavant par un terroriste islamiste, a lieu dans la cour d’honneur de la Sorbonne. Des textes de Jean Jaurès et d’Albert Camus sont lus, puis le président de la République Emmanuel Macron prononce un discours.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    L'école et la laïcité en France

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
21 oct. 2020
Date de diffusion du média :
21 oct. 2020
Production :
@ 2020 -  France Télévisions
Page publiée le :
26 sept. 2023
Modifiée le :
13 oct. 2023
Référence :
00000004943

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), est assassiné puis décapité en pleine rue.

Cet assassinat prend place dans une longue série d’attentats et de crimes d’inspiration djihadiste qui ont touché la France à partir de 2015. Trois semaines avant, le 25 septembre 2020, un Pakistanais avait grièvement blessé deux passants à l’arme blanche près des anciens locaux de Charlie Hebdo, à Paris : il souhaitait s’en prendre au journal satirique qui avait republié des caricatures de Mahomet le 1er septembre 2020, au moment de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015.

Mais si l’assassinat de Samuel Paty s’inscrit dans ce contexte, il est avant tout le résultat d’un engrenage très particulier, lié au mensonge d’une collégienne ensuite récupéré et relayé par plusieurs adultes.

Dix jours avant d’être assassiné, Samuel Paty avait montré deux caricatures de Mahomet, issues du journal Charlie Hebdo, à sa classe de quatrième dans le cadre d’un cours d’enseignement moral et civique sur la liberté d’expression. L’enseignant avait pris soin de demander aux élèves qui souhaitaient ne pas regarder ces images de détourner le regard. Mais le lendemain, une élève exclue pour deux jours du collège pour des raisons disciplinaires ment à ses parents sur les motifs de son exclusion : elle leur dit qu’elle a été exclue pour avoir protesté contre Samuel Paty qui avait, selon elle, demandé aux élèves musulmans de quitter la salle de classe avant de présenter les caricatures de Mahomet. Or, cette élève, âgée de 13 ans, était absente le 6 octobre 2020, jour du cours concerné.

C’est pourtant son mensonge qui a déclenché l’engrenage qui a été fatal à Samuel Paty. Le père de cette élève publie en effet dès le 7 octobre 2020 un message sur Facebook relayant le mensonge de sa fille, dénonçant le comportement islamophobe de l’enseignant et invitant ses contacts à écrire au collège pour le faire renvoyer. Découvrant cette publication, un militant islamiste, Abdelhakim Sefrioui, se rend avec le père au collège le 8 octobre pour exiger le renvoi de Samuel Paty. Puis les deux hommes diffusent sur les réseaux sociaux des vidéos comportant le mensonge de l’élève et dans lesquelles le père qualifie l’enseignant de « voyou ». Dans les jours suivants, Samuel Paty fait l’objet de multiples menaces et exprime ses inquiétudes. Sa plainte contre le père de l'élève pour diffamation, déposée le 12 octobre, n’empêche pas la poursuite de la diffusion des vidéos mensongères sur les réseaux sociaux.

Abdouallakh Anzorov, un Russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans vivant à Évreux, voit la vidéo. Il contacte le père de l'élève à l'origine du mensonge à plusieurs reprises, puis se rend devant le collège dans lequel enseigne Samuel Paty, le 16 octobre. Là, il propose 300 euros à un élève s’il lui désigne l’enseignant à la sortie des cours. Cet élève demande à quatre camarades de l’aide, leur promettant de partager l’argent reçu. Aussi, quand vers 16 h 45, l’enseignant sort du collège, les cinq élèves le désignent au terroriste. Celui-ci tue alors Samuel Paty de plusieurs coups de couteau, puis le décapite. Il publie ensuite sur Twitter une photo de la tête coupée, avec le message : Macron, j’ai tué un de tes chiens. Peu après, il est abattu par des policiers.

L’assassinat de Samuel Paty suscite une émotion considérable. De nombreux hommages sont rendus à l’enseignant, dont un national dans la cour d’honneur de la Sorbonne, le 21 octobre 2020, en présence du président de la République Emmanuel Macron, qui prononce un discours.

Après deux ans d’enquête, en avril 2023, le Parquet national antiterroriste demande le renvoi de huit adultes devant la cour d’assises spéciales pour leur implication dans l’assassinat de Samuel Paty et de six mineurs devant un tribunal pour enfants – la jeune fille à l'origine du mensonge pour dénonciation calomnieuse et les cinq élèves ayant désigné l’enseignant au tueur – pour une association de malfaiteurs délictuelle.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Consacré à la cérémonie d’hommage national à Samuel Paty qui vient alors de s’achever dans la cour d’honneur de la Sorbonne, à Paris, ce reportage fait l’ouverture du journal télévisé de 20 heures de France 2 le 21 octobre 2020. Ce dernier débute exceptionnellement avec sept minutes de retard, en raison de cette cérémonie, débutée à 19 h 30 et achevée un peu après 20 heures. La cérémonie s’est tenue en présence de 400 personnes seulement en raison de la crise sanitaire du Covid-19 qui sévissait alors fortement – les participants sont d’ailleurs tous masqués, y compris le président de la République Emmanuel Macron. Elle a eu lieu en présence de la famille de Samuel Paty, mais aussi de nombreux représentants de la classe politique : les membres du gouvernement, l’ancien chef de l’État François Hollande, d’anciens Premiers ministres, des parlementaires, des dirigeants de partis politiques, des représentants du monde enseignant et universitaire et des membres d’association d’aide aux victimes d’attentat. Une centaine d’élèves venus d’établissements scolaires d’Île-de-France, y compris du collège de Conflans-Sainte-Honorine où enseignait Samuel Paty, étaient aussi invités.

Le reportage de France 2 présente les temps forts de la cérémonie. Pour ce faire, il se compose d’un commentaire sur des images factuelles, alternant avec des extraits de trois interventions différentes. Le sujet débute sur des images de l’arrivée du cercueil de Samuel Paty. Porté par des membres de la Garde républicaine, il pénètre dans la cour d’honneur de la Sorbonne au son de One du groupe irlandais U2, chanson qu’aimait l’enseignant.

Puis le sujet de France 2 présente des extraits de trois interventions différentes. D’abord celle de l’historien Christophe Capuano, maître de conférence en histoire à l’université de Lyon et ancien camarade d’études de Samuel Paty. Il lit la « lettre aux instituteurs et institutrices », écrite dans La Dépêche le 15 janvier 1888 par Jean Jaurès, alors député du Tarn. Par la suite, Christophe Capuano œuvrera pour défendre la mémoire de son camarade, aidant en 2021 à faire publier son mémoire de maîtrise (Le noir. Société et symbolique, 1815-1995, Presses universitaires de Lyon) et prendra la présidence du prix Samuel-Paty, créé par l’association des professeurs d’histoire-géographie.

Une collégienne âgée de 14 ans prend ensuite la parole pour lire la lettre qu’Albert Camus avait adressée à son ancien instituteur à Alger, Louis Germain, le 19 novembre 1957, quelques jours après avoir reçu le prix Nobel de littérature. Dans ce texte si symbolique lors d’une cérémonie dédiée à un enseignant tué pour avoir exercé son métier, Albert Camus remercie son instituteur sans qui rien de tout cela ne serait arrivé

Le reportage de France 2 propose également un extrait du discours qu’Emmanuel Macron vient de prononcer. Dans cette allocution, le président de la République a rendu un hommage poignant à Samuel Paty, tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner. Nous continuerons, professeur, a-t-il notamment déclaré, nous continuerons ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage. Le sujet se conclut d’ailleurs symboliquement sur une photographie de Samuel Paty en train d’enseigner, stylo en main. Cette même photographie avait été tenue par un garde républicain derrière le cercueil, au moment de son arrivée dans la cour de la Sorbonne, avant d’être installée sur un tréteau.

Avant cette cérémonie d’hommage, Emmanuel Macron avait remis, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, la Légion d’honneur et les palmes académiques à titre posthume à Samuel Paty, en présence de ses proches, mais sans aucune caméra. Un plan sur le cercueil pendant la cérémonie d’hommage dévoile le coffret contenant les décorations.

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