En 1979, le bénévolat, remède à la solitude pour une retraitée

Contexte historique

Cette vidéo est un très bon témoignage de l’évolution du regard porté sur la vieillesse au cours des années 1960-1970. À partir des années 1960 se constitue progressivement un champ d’intervention publique appelé « politique de la vieillesse » qui, comme l’exprime Pierre Laroque – le « père fondateur » de la Sécurité sociale - dans un rapport de 1962, va devoir se généraliser à l’ensemble de la population âgée et non à la population âgée la plus démunie. De fait, au cours des années 1960, les montants des retraites et de l’aide sociale à la vieillesse ont sextuplé (alors même que la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans ne progressait que de 25 %) ce qui a permis la structuration progressive d’un champ de spécialistes dans la gestion de la vieillesse et la préoccupation accrue pour le sort des personnes âgées. La vidéo présentée ci-dessus constitue donc le témoignage d’une époque où les représentations de la vieillesse évoluent et où l’on commence à s’intéresser aux occupations et besoins spécifiques de cette classe d’âge. 

Si les représentations de la vieillesse évoluent à cette époque, il en va de même des rapports entre les générations puisqu’une part importante du soin aux personnes dépendantes (enfants et personnes âgées) quitte le domaine de la famille pour être prise en charge par des institutions spécialisées. Les personnes âgées sont déchargées du soin des enfants en bas âge que leurs familles leur confiaient fréquemment sur les temps d’activité et, dans le même mouvement, enjointes à ne pas constituer elles-mêmes une charge pour autrui. 

Pour autant, à cette époque, les institutions offrant des possibilités de loisirs aux personnes âgées, comme les universités du troisième âge, restent encore peu développées et les retraités modestes peuvent dès lors se trouver dans un certain isolement (la « solitude » évoquée par la vidéo). En effet, la retraite marque pour les individus, non seulement une diminution des revenus et de l’activité mais aussi, et peut être surtout, une perte du sentiment d’utilité. L’engagement associatif est alors facteur de lien social et permet de maintenir leur intégration dans une société.

Éclairage média

Ce court reportage (1 min. 29 sec.) peut paraître surprenant puisque le sujet traité semble un peu anecdotique. Il est pourtant très révélateur d’un moment de notre histoire sociale où les représentations sur la vieillesse sont en pleine transformation. 

En montrant comment une retraitée lutte contre la solitude et se rend utile grâce au bénévolat, le reportage promeut une nouvelle vision du « bien vieillir » véhiculée à l’époque par de nombreuses institutions et magazines à destination de ce qu’on appellera progressivement « le troisième âge ». Ce terme « troisième âge » est porteur d’une représentation de la vieillesse comme « nouvelle jeunesse » qu’il convient de vivre pleinement en se montrant actif. Le témoin, Marcelle, 78 ans, est bénévole au Secours populaire. Elle dit ainsi vouloir « rendre service au monde, aux personnes âgées et au tiers monde ». Elle est filmée chez elle, dans son salon, et dans les locaux de la Fédération de Seine-saint-Denis de l’association, classant des papiers. On comprend, au travers de ce reportage, qu’il ne suffit pas de ne pas être une charge pour autrui, et qu’il faut également répondre aux puissantes injonctions qui incitent les personnes âgées à vivre leur retraite comme le temps de l’épanouissement et de la réalisation de soi. On peut penser que ce petit reportage s’inscrit dans le mouvement qui encourage les personnes âgées à trouver ou retrouver une activité socialement utile et individuellement épanouissante au moment de leur retraite.