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Adolf Eichmann devant ses juges

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 avr. 1961 | Date d'évènement : 1961

À l'occasion de la tenue du procès du haut fonctionnaire nazi Adolf Eichmann, à Jérusalem, ce sujet des Actualités françaises, diffusé en 1961, rappelle les nombreux crimes, abominables, de celui qui fut l'un des principaux organisateurs de la solution finale, l'extermination des Juifs d'Europe.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
1961
Date de diffusion du média :
19 avr. 1961
Page publiée le :
18 avr. 2023
Modifiée le :
06 sept. 2023
Référence :
00000005379

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Adolf Eichmann (1906-1962) est un officier SS qui fait l’essentiel de sa carrière dans les services des « affaires juives », jusqu’à atteindre de très hautes responsabilités. Pendant la Seconde Guerre mondiale,  il est notamment présent à la conférence de Wannsee de 1942 : il est alors chargé de l’organisation pratique et logistique de la « solution finale ». C’est lui qui fait passer l’extermination des Juifs d’Europe à une logique véritablement industrielle, par le développement de camps d’extermination comme celui d’Auschwitz.

Après 1945, il ne fait toutefois pas partie des figures les plus connues du pouvoir nazi et tombe plus ou moins dans l’oubli. Il parvient en 1950 à fuir en Argentine. Dix ans plus tard, il est enlevé en pleine rue par des agents du Mossad - les services secrets israéliens - à Buenos Aires (Argentine) et transféré de force en Israël pour y être jugé.

Poursuivi notamment pour « crimes contre le peuple juif » et « crimes contre l’humanité », son procès est d’une portée symbolique considérable. Second procès majeur après ceux de Nuremberg (1945-1946), il se tient en effet à Jérusalem, sous l’égide de juges israéliens, et il est très fortement médiatisé. Eichmann se défend en affirmant avoir simplement suivi les ordres et en minimisant sa responsabilité. Déclaré coupable et condamné à mort en 1961, il est exécuté l’année suivante.

Le procès est encore largement connu aujourd’hui grâce à un ouvrage de la philosophe allemande Hannah Arendt. Intitulé Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal et publié en 1963, il mêle une chronique des audiences avec des réflexions philosophiques. Hannah Arendt y défend l’idée que les crimes commis par Eichmann ne sont pas dus à une perversité innée et extraordinaire : ce dernier n’est qu’un homme « insignifiant » qui s’est plié aux ordres d’une machine bureaucratique sans aucune considération éthique.

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Ce sujet de presse filmée des « Actualités françaises », diffusé en 1961, est construit autour d’une contradiction apparente entre un homme supposé ordinaire et des crimes considérés comme parmi les pires de l’histoire de l’humanité. Le contraste entre ces deux facettes du procès Eichmann est perceptible dans le commentaire comme dans les images.

La vidéo débute et se clôt par des images du procès de 1961 où l’on peut voir l’accusé, « silhouette banale », « écout[er] et répond[re] » à ses juges dont l’acte d’accusation est « sans relief ». Hormis la présence d’une cage de verre « à l’épreuve des balles », il n’y a effectivement là « rien de spectaculaire » et les images pourraient être celles de n’importe quel procès banal. Il s’agit pourtant selon le journaliste du « plus énorme […] procès de l’humanité ».

La grande majorité de la vidéo est toutefois consacrée à la longue litanie des crimes commis par Eichmann dans le cadre du génocide des Juifs d’Europe. Elle est illustrée par des images d’archives de l’époque, parfois difficilement soutenables (tels les empilements des effets personnels ou de cadavres de Juifs exterminés). On peut noter que le commentaire établit une continuité directe entre les premières pratiques de discrimination contre les Juifs (comme les boycotts des magasins juifs qui débutent dès l’accès au pouvoir d’Hitler en 1933) et l’extermination dans les camps : elles relèvent pour le journaliste d’une même logique. Par ailleurs, la responsabilité d’Eichmann est lourdement soulignée : il semble en quelque sorte incarner la barbarie nazie. L’enjeu est certainement ici de démonter les justifications souvent avancées par les officiels nazis d’une simple obéissance à des ordres supérieurs et de mettre en avant son rôle personnel. De nombreux termes (« abjection », « honte », « abomination », « au-delà de l’horreur ») placent la focale sur le terrain de la morale autant que du droit.

Enfin, la vidéo se termine par une interrogation quasiment philosophique adressée au spectateur : « Pensez-y. Qu’est-ce qu’il y a au fond de cet homme ? Que peut-on faire d’un Eichmann ? ». Elle illustre en cela la profonde crise morale provoquée dans le monde par les crimes de la Seconde Guerre mondiale.

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