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Germaine Tillion sur le racisme : La faiblesse attire les coups

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 mars 1970

Interview de la résistante et ethnologue Germaine Tillion sur le racisme, sur ses causes et sa prégnance dans la société française de 1970. Pour qu'il y ait racisme, il faut qu'il y ait un groupe humain qui soit en position de faiblesse, soit parce qu'il est minoritaire, soit parce qu'il est économiquement défavorisé, soit parce que, pour une raison quelconque, il est politiquement écrasé.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Pitoeff Georges (Journaliste)
Date de diffusion du média :
21 mars 1970
Production :
@ 1970 -  Office national de radiodiffusion télévision française
Page publiée le :
12 avr. 2023
Modifiée le :
03 oct. 2023
Référence :
00000005431

Contexte historique

Par Olivier PingalEnseignant d'histoire-géographie au collège Jean-Macé, Suresnes )

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’économie française, portée par la reconstruction, connaît une période de prospérité avec les Trente Glorieuses (1945-1973). Ces années sont marquées par l’augmentation généralisée du pouvoir d’achat, le plein emploi et l’immigration de travail organisée par l’État pour répondre aux besoins en main-d’œuvre liés à la reconstruction d’après-guerre. Pendant cette période, la France s’ouvre aux travailleurs immigrés, notamment du Maghreb. Ils occupent des emplois majoritairement peu qualifiés. La construction de cités, dès les années 1960, et la relégation spatiale des différentes communautés issues de l’immigration créent les premiers incidents de voisinage et affrontements. En 1962, avec la fin de la guerre d'Algérie, le racisme envers les Maghrébins se développe.

La prise de conscience de ce danger du racisme se fait tout d’abord à l’international avec l’entrée en vigueur, en 1969, de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Cette convention des Nations unies engage les signataires à supprimer toute discrimination raciale, ségrégation raciale ou apartheid et à promouvoir la compréhension entre tous les peuples.

En 1970 se profile en France la fin des Trente Glorieuses. Dès 1973, en effet, à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, une crise économique s’installe et le chômage devient progressivement un phénomène de masse.

Dès les années 1980, les Français issus de l’immigration dénoncent le racisme, leurs conditions de vie et la montée du Front national. Ces tensions donnent lieu, en 1983, à la première Marche pour l’égalité et contre le racisme, partie de la cité des Minguettes à Vénissieux (région Auvergne-Rhône-Alpes) et à la création de l’association SOS Racisme, fondée en 1984.

Germaine Tillion reste attentive à cette société qui évolue, notamment au travers de son travail universitaire, des articles qu’elle publie ou des émissions dans lesquelles elle prend la parole. Elle s’engage contre la peine de mort (qui sera abolie en France en 1981) et assume notamment des responsabilités dans plusieurs organisations et mouvements au service des migrants, des minorités, des exclus en France et dans le monde. En 1996, à presque 90 ans, aux côtés de l’ancien résistant Stéphane Hessel, elle participe encore au collectif de soutien aux sans-papiers réfugiés dans l’église Saint-Bernard dans le XVIIIe arrondissement de Paris.

Éclairage média

Par Olivier PingalEnseignant d'histoire-géographie au collège Jean-Macé, Suresnes )

Cette interview a été diffusée dans le journal de 20 heures du 21 mars 1970 sur la première chaîne de l’ORTF. Germaine Tillion y est filmée en noir et blanc, alternativement en plan large et rapproché devant une bibliothèque. L’interview porte sur le racisme. L’ethnologue explique que le racisme peut apparaître quand un groupe humain se trouve en position de faiblesse (quand il est par exemple minoritaire, économiquement défavorisé ou politiquement écrasé). Selon elle, c’est la faiblesse qui attire les coups. Le journaliste l’interroge ensuite sur les dangers du racisme (pour les victimes comme pour les oppresseurs) et sur ses origines. Pour Germaine Tillion, le racisme commence à notre porte et, d’une certaine façon, a pu être introduit et banalisé dans nos sociétés par des œuvres enfantines comme Bécassine (une Bretonne moquée par les Parisiens) ou par des stéréotypes tenaces autour du bougnat auvergnat par exemple. Il s’est ensuite développé selon elle avec le brassage des populations à une plus grande échelle. Le journaliste termine par une question sur l’actualité de ce phénomène en 1970. Germaine Tillion conclut que le racisme constitue toujours un fléau.

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