La culture musicale éclectique de Germaine Tillion

Réseau Canopé

Proposé par Réseau Canopé

Interview de Christophe Maudot, auteur de la restitution musicale du Verfügbar aux enfers de Germaine Tillion. Dans cet extrait, Christophe Maudot évoque la vaste et éclectique culture musicale de Germaine Tillion.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
« Le Verfügbar aux enfers », de Germaine Tillion
Réalisation :
Zornitta Laura
Copyright :
2016
Année de production :
2016
Page publiée le :
12 juil. 2023
Modifiée le :
25 sept. 2023
Référence :
00000005440

Description

Par Réseau Canopé

Une opérette à Ravensbrück

Le Verfügbar aux enfers est une opérette-revue écrite clandestinement en 1944, par Germaine Tillion, alors détenue au camp de concentration de Ravensbrück.

Germaine Tillion était ethnologue. Plongée dans l’horreur de la détention, elle a su prendre le recul nécessaire pour observer et comprendre les règles de l’univers concentrationnaire qu’elle et ses camarades subissaient. Le rire étant la seule arme qui lui restait, elle a écrit cette œuvre très singulière, qui dépeint de façon inattendue l’enfer du camp. Des parties jouées s’entremêlent aux parties chantées, les paroles des musiques empruntées ayant été modifiées par Germaine Tillion et ses camarades de détention.

Éclairage

Par Réseau Canopé

Les pratiques musicales de l’époque

En France, dans les années 1920, le cinéma est muet, la radio commence à peine à émettre, évidemment la télévision n’existe pas. Dans ce contexte, les pratiques culturelles des Français sont bien différentes de celles d’aujourd’hui. Il n’est pas rare de pratiquer un instrument chez soi. C’est le cas de la famille Tillion.

Cette période est également caractérisée par un nombre important de représentations musicales, notamment en province.

L’univers culturel de Germaine Tillion

Du fait de sa forme très construite et particulière, du fait de la diversité des musiques détournées et réinterprétées, Le Verfügbar aux enfers témoigne de la vaste culture musicale et dramatique de son auteur.

L’environnement musical de l’enfant Germaine

Dès sa petite enfance, Germaine Tillion est entourée de musique. Lucien Tillion, son père, pratiquait durant ses loisirs le violon et adopta l’alto pour pouvoir jouer en quatuor. Lorsqu’il n’était accompagné que d’un violoncelliste, Émilie Tillion, sa mère, se mettait au piano pour constituer un trio. Nelly Forget rapporte également ce souvenir de Germaine Tillion : « Mon père était passionné de musique et sans exclusive, de Beethoven aux chansons comiques. Je m’endormais tous les soirs au son de la musique que jouaient mes parents. » Nelly Forget était volontaire en 1949 du SCI (Service civil international (pour la paix)). Elle débute en 1951 une longue mission en Algérie. En 1955, elle y rencontre Germaine Tillion, engagée à cette époque dans une action sociale et éducative qui donnera naissance aux centres sociaux. Torturée en 1957 par les autorités françaises parce que travaillant en bonne intelligence avec les populations locales, elle devient la collaboratrice et l’amie de Germaine Tillion. Puis occupe par la suite divers postes de conseillers techniques en Afrique pour l’Unesco.

Les soirées culturelles d’une étudiante en ethnologie

Les petits agendas trimestriels que l’étudiante Germaine Tillion a tenu avec plus ou moins de régularité de 1926 à 1928 et de 1930 à 1939, aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de France, retracent, en graphie sémitique ancienne ou en hiéroglyphe égyptien ce qui relève de sa santé, de sa vie privée et en français ses rendez-vous, et les salles de spectacles qu’elle fréquentait.

La consultation des archives des théâtres et la lecture des annonces culturelles dans les journaux de l’époque permettent d’associer à un nombre conséquent de ses après-midi ou soirées culturelles un programme détaillé. C’est une Germaine Tillion extraordinairement wagnérienne et debussyste qui se dévoile, curieuse de ses compositeurs contemporains, comme Honegger, friande de comédies musicales, fréquentant le théâtre pour découvrir, entre autres, le travail de Louis Jouvet, passant au cabaret Le Bœuf sur le toit, et adepte des salles obscures où elle verra notamment La Grande Mare (The Big Pond) de Hobart Henley et le documentaire expérimental de Walter Ruttmann, La Mélodie du monde.

Le 30 janvier 1932, Germaine Tillion achète un pathéphone et le 1er février des disques adaptés. Le pathéphone fonctionne avec des disques à saphir et tourne à 80 tours minute. Il ne faut pas le confondre avec le gramophone qui fonctionne avec des disques à aiguille et tourne à 78 tours minute. Les références des disques achetés n’ont pas été consignées mais il est intéressant de constater que dix des vingt-huit références musicales utilisées dans Le Verfügbar aux enfers figurent dans le catalogue discographique Pathé, dont le fox-trot de Fred Pearly Mes parents sont venus me chercher de 1922 et la chansonnette de Phylo et Louis Boucot Une canne et des gants de 1921, qui ne seront plus à la mode en 1939 ou 1940.

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