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Lucie Aubrac parle du maquis

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 mars 1944 | Date d'évènement : 1944

Interviewée à Londres par la BBC le 1er mars 1944, Lucie Aubrac évoque sa vie dans le maquis et les conditions de vie de ces groupes de résistants unis ainsi que leurs liens avec les populations locales et les paysans.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de l'évènement :
1944
Date de diffusion du média :
01 mars 1944
Copyright :
1944
Année de production :
1944
Page publiée le :
15 juin 2023
Modifiée le :
25 janv. 2024
Référence :
00000005454

Contexte historique

Par Olivier PingalEnseignant d'histoire-géographie au collège Jean-Macé, Suresnes )

Lucie Bernard (1912-2007) est née à Paris dans un milieu modeste, issu de petits vignerons du Mâconnais qui font tous les sacrifices pour la pousser dans la voie des études. Boursière, brillante élève, elle réussit le certificat d’études puis le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices. À 17 ans, elle décide de vivre seule à Paris pour poursuivre ses études. Elle obtient son agrégation d’histoire en 1938 alors qu’elle milite déjà contre le fascisme et se réclame du Parti communiste tout en gardant toujours une grande indépendance à son égard. Elle épouse un jeune ingénieur de confession juive, Raymond Samuel, en 1939. Mobilisé en 1940 puis prisonnier à Sarrebourg, Raymond s’échappe grâce à Lucie. Il devient alors l’un des cadres de Libération-Sud avec d’Astier de la Vigerie, puis un des responsables de l’Armée secrète, tandis que Lucie s’occupe des filières des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire) qui alimentent les maquis. En juin 1943, Raymond est de nouveau arrêté à Caluire en même temps que Jean Moulin et Lucie monte un commando qui parvient à faire libérer son mari en octobre. Après l’évasion de son mari et de 13 autres résistants, le couple mène une vie d’errance. Lucie Aubrac est elle-même obligée de prendre le maquis lorsque la Gestapo découvre sa véritable identité. Les maquis sont alors une composante importante de la Résistance intérieure dont ils sont l’expression militaire. Apparus fin 1942 et début 1943 pour combattre l’occupant, particulièrement dans les zones montagneuses où les caches sont plus sûres, les maquis sont renforcés par une partie des réfractaires au STO à partir de 1943. Au début de l’année 1944, des compagnies de la Wehrmacht se spécialisent dans la lutte contre les maquis dans les régions les plus exposées à leurs actions de guérilla. Ils coopèrent avec la Milice française, notamment contre le maquis des Glières et s’acharnent contre certains villages. Pour les époux Aubrac, cette vie clandestine, facilitée et protégée par toute une chaîne active de solidarité, s’achève le 8 février 1944 lorsqu’un avion les emmène avec leur fils à Londres.

Éclairage média

Par Olivier PingalEnseignant d'histoire-géographie au collège Jean-Macé, Suresnes )

Lorsqu’elle intervient le 1ᵉʳ mars 1944 sur les ondes de la BBC, Lucie Aubrac n’est à Londres que depuis quelques semaines. Elle est néanmoins arrivée précédée de sa légende et son statut d’héroïne est renforcé avec enthousiasme par Emmanuel d’Astier de La Vigerie (résistant fondateur de Libération-Sud qui connaît les époux Aubrac depuis la fondation du mouvement). Dans cet extrait audio du 1ᵉʳ mars 1944, un speaker non identifié fait une rapide présentation de la résistante. Lucie Aubrac lit ensuite un texte dans lequel elle évoque sa vie dans le maquis sans préciser la situation géographique précise de celui qui l’a abritée. Il s’agit ici, à un moment où les attaques surprises, le blocage des sources d’approvisionnement des maquis et les représailles contre les civils se multiplient, de protéger les maquisards, car les ondes sont écoutées par les nazis et la guerre toujours en cours. Elle évoque les conditions d’existence de ces groupes de résistants unis par une grande camaraderie. Elle insiste ensuite sur le soutien et la bienveillance indispensables des populations locales des petits villages alentours (notamment pour le ravitaillement en nourriture) et ce, en dépit de la propagande nazie et du régime de Vichy qui souhaite faire passer les maquisards pour des brigands et des pillards. L’interview est ponctuée d’allusions aux difficultés de la vie quotidienne dans ces maquis, particulièrement à la fin de l’extrait : contraintes liées à la clandestinité, vigilance permanente, conditions climatiques, discipline stricte, difficultés de ravitaillement en armes et nourriture, etc. Le témoignage de Lucie Aubrac est intéressant, car si les femmes ont été nombreuses à prendre part à la Résistance, peu ont eu la parole (six femmes nommées compagnon de la Libération sur les 1038 personnes décorées). Mais Lucie Aubrac, femme de tête, à l’origine de plusieurs opérations d’évasion réussies, a une place particulière dans le milieu des résistants exilés à Londres début 1944. Les cadres de la France libre ont conscience, alors que les combats font encore rage en Europe continentale, qu’une voix de femme peut susciter des déclics et mobiliser des civils contre Vichy et l’occupant.

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