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Témoignage d'un réfractaire au STO pendant la Deuxième Guerre mondiale

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 juin 2002

Pierre Robiolle, chargé de l’organisation du 57e congrès du groupement national des réfractaires et maquisards, revient sur son refus de partir travailler en Allemagne, sa vie dans la clandestinité et l’importance des complicités de l’entourage. Le reportage montre aussi l’importance de la reconnaissance officielle du réfractariat comme acte de résistance.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
21 juin 2002
Production :
France 3 Caen
Page publiée le :
15 juin 2023
Modifiée le :
06 nov. 2023
Référence :
00000005456

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

L’année 1942 marque un tournant dans la politique de collaboration de l’État français, avec le retour au pouvoir de Pierre Laval. C’est dans ce contexte qu’est créée la Relève, le 22 juin 1942 : contre l’envoi de travailleurs volontaires en Allemagne, le Reich s’engage à libérer des prisonniers de guerre. Mais les départs restent trop peu nombreux au regard des attentes allemandes. Une nouvelle loi est adoptée en septembre 1942, la loi sur « l’orientation de la main d’œuvre » qui instaure déjà des réquisitions de travailleurs sur critères professionnels. Le Service du travail obligatoire (STO) est créé le 16  février 1943 : les jeunes Français sont contraints d’aller travailler en Allemagne, par tranches d’âges successives.

Alors que le retour de Pierre Laval, les rafles de Juifs de l’été 1942, les difficultés croissantes du quotidien avaient déjà ébranlé les Français, l’instauration du STO, qui suscite un immédiat et ample mouvement de rejet, contribue à une importante désaffection à l’égard du régime.

Beaucoup de jeunes Français, refusant de partir travailler en Allemagne, décident de se cacher. La Résistance se mobilise pour leur venir en aide. La cohésion de la société civile autour des réfractaires est également fondamentale pour leur permettre de survivre dans la clandestinité, en fournissant notamment des vivres à ceux qui se cachent, et éventuellement un abri... L’instauration du STO et l’aide apportée aux réfractaires par la Résistance contribuent d’ailleurs à accroître la légitimité de celle-ci, dont l’audience s’accroît dans les campagnes où elle est davantage soutenue. Certains réfractaires viennent gonfler les rangs des résistants.

Certains réfractaires vont rejoindre la Résistance et les maquis engagés dans la lutte, qui se multiplient en 1943, contribuant à en gonfler les effectifs. Tous cependant ne « prennent pas le maquis », et parmi ceux qui le font, beaucoup rejoignent des « maquis refuges » (dont la seule fonction consiste à cacher des réfractaires et clandestins sans en faire des combattants participant à la lutte armée).

Dans l’immédiat après-guerre, les réfractaires au STO n’existent pas aux yeux de l’administration française. Alors que la société les avait largement aidés à se cacher, leur sort est peu évoqué. Il ne s’inscrit pas dans la mémoire collective qui se construit, centrée sur la Résistance armée. En 1950, les réfractaires parviennent à faire reconnaître leur acte de refus comme une forme de Résistance. Organisés en associations pour faire valoir leurs droits, ils organisent leur 57e congrès à Omaha Beach, plage la plus emblématique du débarquement allié en Normandie. Ce choix illustre une volonté d’inscrire leur refus dans une lutte pour la libération du territoire.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Ce reportage du journal télévisé de Basse-Normandie du 21 juin 2002 s’intéresse à un événement local : le 57e congrès des maquisards et réfractaires au STO organisé à Omaha-Beach. Ceci montre l’intérêt du public français pour la Résistance : l’approche locale, caractéristique des journaux régionaux, permet également d’ancrer le sujet dans le territoire. C’est bien cette volonté qui domine : le reportage ne contextualise pas le phénomène des maquis et ne revient pas sur ce qu’est le STO, ne mettant pas en perspective la parole du témoin.

Il est centré autour d’un témoignage, celui de Pierre Robiolle, présenté comme un ancien réfractaire au STO. Le reportage comprend des approximations, montrant bien que l’objectif n’est pas de produire un documentaire historique, mais un récit de vie : le témoin, Pierre Robiolle, est associé au STO. Or, il a été convoqué en octobre 1942, soit plusieurs mois avant l’entrée en vigueur du travail obligatoire, au titre de la loi sur « l’orientation de la main d’œuvre » du 4 septembre 1942 qui permettait de réquisitionner des travailleurs pour l’Allemagne sur critères professionnels.

Le reportage est organisé en trois temps : la convocation ; l’arrestation manquée ; le travail de reconnaissance. L’approche est volontairement incarnée, humaine, dès le début où il apparaît s’occupant de son jardin. Il raconte sa convocation pour le travail obligatoire, avant que le journaliste ne reprenne le fil du récit pour expliquer en quelques mots la suite, sans doute pour gagner du temps dans le format court du reportage. Pour scénariser le récit, des images, à valeur illustrative, sont montrées, et une marche en forêt reconstituée. Pierre Robiolle évoque ensuite le jour où il a failli être arrêté et le silence de son épouse face aux policiers pour protéger sa fuite, montrant l’importance de la complicité de la population civile. Le témoin, qui s’anime davantage en racontant son histoire, semble revivre l’événement. Le reportage se clôt sur des images montrant l’implication du couple dans l’organisation du 57e congrès, une manière de rappeler la tenue de l’événement au spectateur tout en insistant sur l’importance de ce travail pour les Robiolle.

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