L'éclairage public, une aberration écologique

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 30 nov. 2009

L'écologue Florent Lamiot explique comment la pollution lumineuse générée par l'éclairage public bouleverse le rythme de la nature. Il prend pour exemple un arbre dans le centre-ville de Lille dont une partie des feuilles n'est pas encore tombée à cause d'un éclairage surpuissant.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Biodiversité : menaces et solutions

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Complément d'enquête
Date de diffusion du média :
30 nov. 2009
Production :
France 2
Page publiée le :
15 mai 2023
Modifiée le :
06 déc. 2023
Référence :
00000005493

Contexte historique

Par Michel Widmannprofesseur agrégé de Sciences de la Vie, de la Terre et de l'Univers au Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg )

Au XVIIe siècle, pour faciliter les déplacements et rassurer les passants, Gabriel Nicolas de La Reynie, premier lieutenant-général de police de Paris, fait installer chaque hiver 6 500 lanternes dans les rues de Paris, que l’on surnomme depuis « la Ville Lumière ».

Aujourd’hui, l’augmentation de la population mondiale, associée à une urbanisation importante, a favorisé le développement de l’éclairage nocturne. D’après une étude de 2014, la lumière artificielle nocturne couvrait 23 % de la surface terrestre et 88 % des zones industrialisées, comme l’Europe [1]. En France métropolitaine, 85 % du territoire est concerné.

Cependant, en plus d’avoir un coût énergétique important, l’éclairage nocturne a des effets néfastes sur la biodiversité. Il perturbe le rythme circadien, c’est-à-dire le cycle biologique s’étalant sur 24 heures, surnommé « horloge interne », au cours duquel alternent, chez tout être vivant, période de veille et de repos. Le rythme circadien régule de nombreux paramètres physiologiques internes, notamment la production de mélatonine, une hormone impliquée dans l’endormissement. Or la production de mélatonine par la glande pinéale est contrôlée par la quantité de lumière perçue...

Les insectes sont les plus touchés par ce dérèglement. En effet, en les empêchant de se reposer, la lumière artificielle nocturne  perturbe leur mobilité et leur capacité à rechercher nourriture et partenaires sexuels. Il est aujourd’hui établi que la pollution nocturne est responsable de la mort de milliers de milliards d’insectes chaque année et de centaine de millions d’oiseaux [2].

La pollution lumineuse perturbe également la vie des arbres, dotés de nombreux pigments sensibles à la durée et à la nature de l’éclairage. En effet, la croissance végétale est liée à la durée de la nuit. Une étude du Muséum national d’Histoire naturelle [3] portant sur 5 essences (l’érable, le sycomore, le hêtre, le chêne et le frêne) a révélé que de nombreux paramètres du développement de ces espèces dépend de la durée de la nuit, tels que la germination, la croissance, l’expansion des feuilles, la floraison, le développement des fruits ou encore la sénescence ou l’architecture du système racinaire. Ces dérèglements peuvent avoir des conséquences néfastes : un bourgeonnement trop précoce risque de les exposer au gel, la persistance des feuilles sur les houppiers (le sommet des arbres) proches de lampadaires retarde l’entrée en dormance des arbres, phénomène métabolique nécessaire au passage de l’hiver pour ces organismes.

Une règlementation existe en France depuis juillet 2012 interdisant l’éclairage de publicités et d’enseignes lumineuses entre 1 heure et 6 heures [4] et depuis juillet 2013 de vitrines, monuments ou bureaux entre 1 heure et 7 heures du matin [5].

Notes

[1] Falchi et al. (2016) The new world atlas of artificial night sky brightness Science Advances Vol 2, n°6

[2] Pérez Vega et al. (2022) A Systematic Review for Establishing Relevant Environmental Parameters for Urban Lighting : Translating Research into Practice

[3] Impacts de la pollution lumineuse sur la biodiversité, Siblet, 2008.

[4] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000025240851/

[5] https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000027003910/

Éclairage média

Par Michel Widmannprofesseur agrégé de Sciences de la Vie, de la Terre et de l'Univers au Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg )

Cette séquence est issue du magazine d’investigation Complément d’enquête diffusé sur France 2 en novembre 2009. La vidéo revient sur les conséquences de la lumière artificielle nocturne : un gaspillage énergétique et une aberration écologique.

La caméra de Complément d’enquête suit Florent Lamiot dans les rues de Lille. L’écologue met tout d’abord en avant le foisonnement d’insectes autour des lampadaires et explique que la plupart y trouvent la mort. Après avoir expliqué les mécanismes de perturbation dans la migration des hétérocères (les « papillons de nuit »), Florent Lamiot met en évidence la persistance anormale des feuilles à proximité des éclairages à une période de l’année (vraisemblablement l’automne) où les feuillus perdent naturellement leurs feuilles. En effet, ce phénomène nommé abscission foliaire met en jeu des phytohormones telles que l’éthylène provoquant la synthèse de cellulases et polygalacturonases (des enzymes provoquant la destruction des parois cellulaires). La production de ces phytohormones dépend de la photopériode, c’est-à-dire la durée de l’alternance jour/nuit, que les végétaux perçoivent via leurs nombreux pigments (chlorophylles, caroténoïdes, phytochromes, phototropines, etc.).

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