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Le docteur Dugoujon témoigne de l’arrestation de Jean Moulin survenue le 21 juin 1943

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 31 juil. 1974 | Date d'évènement : 21 juin 1943

Le 21 juin 1943, Jean Moulin est arrêté dans la maison du docteur Dugoujon à Caluire, près de Lyon, où il venait participer à une réunion clandestine. Dans l'émission Il y a trente ans la Libération, diffusée le 31 juillet 1974, M. Dugoujon témoigne des circonstances de l’arrestation de celui dont le pseudonyme dans la Résistance était « Max ».

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Berger Jean Loup
Date de l'évènement :
21 juin 1943
Date de diffusion du média :
31 juil. 1974
Page publiée le :
19 juin 2023
Modifiée le :
06 sept. 2023
Référence :
00000005527

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Le 9 juin 1943, le général Delestraint (alias Vidal), chef de l’Armée secrète – organe militaire de la Résistance –, est arrêté à Paris. Jean Moulin décide alors d’organiser à Lyon une réunion pour réorganiser l’état-major de l’Armée secrète (AS). La date est fixée au 21 juin, le lieu choisi est la maison du docteur Frédéric Dugoujon à Caluire, près de Lyon. Cette ville est alors étroitement surveillée par la Gestapo, dirigée par Klaus Barbie depuis février 1943.  

Six personnes ont été officiellement convoquées à cette réunion : Raymond Aubrac, qui représente le mouvement Libération-Sud ; Henry Aubry, du mouvement Combat ; le professeur André Lassagne, que Jean Moulin souhaite nommer responsable de l’Armée secrète en zone Sud ; le colonel Schwarzfeld, membre d’une petite organisation de résistance à Lyon (France d’abord), qui pourrait succéder à Delestraint à la tête de l’AS, et Bruno Larat, qui sert d’agent de liaison dans la préparation et le déroulement de la réunion.

Mais une septième personne, qui n’était pas invitée, René Hardy, se présente également au domicile du docteur Dugoujon à la demande des responsables du mouvement Combat qui veulent peser lors des débats pour tenter de reprendre la tête de l’AS. Ce septième, René Hardy, doit donc épauler Aubry face à Jean Moulin.

Cette imprudence, absolument contraire aux règles de sécurité indispensables pour l’organisation d’une réunion clandestine, entraîne des conséquences dramatiques. René Hardy avait été arrêté quelques jours plus tôt, le 9 juin, par les Allemands et interrogé par Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon, avant d’être relâché le 11 juin. Hardy a-t-il trahi en étant « retourné » par Barbie ? La justice l’innocentera à deux reprises au lendemain de la guerre et un certain mystère continue d’entourer les motivations réelles qui ont pu amener René Hardy à se rendre à la réunion de Caluire alors qu’il risquait d’être « filé » après sa libération. Quoi qu’il en soit, c’est bien lui qui mène les Allemands jusqu’à la maison du docteur Dugoujon dans l’après-midi du 21 juin, ce qui leur permet de procéder à l’arrestation de l’ensemble des résistants présents, parmi lesquels figurait Jean Moulin.   

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Le 30e anniversaire de la Libération donne lieu à différentes commémorations et initiatives développées autour de la mémoire de la Résistance. Le docteur Frédéric Dugoujon évoque alors, dans le cadre d’une interview réalisée pour l'émission Il y a trente ans la Libération, diffusée le 31 juillet 1974 sur la 3e chaîne, les conditions de l’arrestation de Jean Moulin. L’entretien a lieu à son domicile, où est intervenu le drame le 21 juin 1943. Témoin direct de l’événement, Frédéric Dugoujon est revenu à de nombreuses reprises jusqu’à sa mort, en 2004, sur ce qui s’est déroulé chez lui, sans toutefois publier d’ouvrage sur le sujet. 

L’extrait du reportage s’ouvre sur des images de sa maison. Située sur les hauteurs de Caluire, la bâtisse se trouve sur une petite place ombragée, la place Castellane, rebaptisée depuis place Jean-Gouailhardou. Construite sur deux étages, elle se distingue très clairement des autres bâtiments du fait de son aspect bourgeois, de ses volets bleus, de la vigne vierge qui grimpe le long des murs, enserrant un petit jardin clos où se dressent quelques arbres. Frédéric Dugoujon s’y installe en 1941, alors qu’il n’a pas encore 30 ans. Le bâtiment lui sert à la fois de domicile et de cabinet médical. L’endroit semble idéal pour y situer la réunion clandestine souhaitée par Jean Moulin pour réorganiser l’Armée secrète après l’arrestation du général Delestraint. Si Dugoujon est alors un sympathisant de la Résistance, il n’appartient à aucune organisation, ce qui limite les risques de voir les Allemands opérer une perquisition à l’improviste. Organiser une réunion clandestine chez un médecin présente l’avantage pour les participants de passer facilement inaperçus en se glissant parmi les malades venus consulter.

Les images tournées dans la maison en 1974 montrent que celle-ci n’a guère changé depuis juin 1943. La salle d’attente du cabinet médical se situe toujours au rez-de-chaussée, à gauche de l’entrée. C’est là que les Allemands ont arrêté Jean Moulin, qui se faisait passer pour Jacques Martel, simple patient du Dr Dugoujon. Le bureau du docteur se trouve lui aussi toujours au premier étage, comme c’était déjà le cas en 1943. En 1996, lorsque qu’il la quittera, la maison du docteur Dugoujon sera acquise par le Conseil départemental du Rhône qui la transforme en lieu de mémoire de la Résistance.

Le reportage se clôt par des images de l’école du service de santé militaire (ESSM), avenue Berthelot à Lyon, réquisitionnée en 1943 par les Allemands pour y installer la Gestapo. C'est là que Klaus Barbie menait les interrogatoires des prisonniers internés à la prison de Montluc. Aujourd’hui, les bâtiments de l’ancienne ESSM abritent le musée du Centre d’histoire sur la Résistance et la Déportation (CHRD).

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