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Reconstitution de l’arrestation de Jean Moulin  à Caluire le 21 juin 1943

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 oct. 1977 | Date d'évènement : 21 juin 1943

Une reconstitution, dans le cadre d’un documentaire pour Les Dossiers de l’écran en 1977, permet d'évoquer le drame de Caluire, de l’arrivée des différents résistants chez le docteur Dugoujon, où doit se tenir une réunion de la Résistance sous la direction de Jean Moulin, jusqu’à leur arrestation par les Allemands. 

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Réalisation :
Calef Henri
Date de l'évènement :
21 juin 1943
Date de diffusion du média :
11 oct. 1977
Production :
Antenne 2
Page publiée le :
19 juin 2023
Modifiée le :
06 sept. 2023
Référence :
00000005528

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

À la suite de l’arrestation du général Delestraint à Paris le 9 juin 1943, Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, organise une réunion clandestine à Caluire au domicile du docteur Frédéric Dugoujon, qui sert également de cabinet médical. Les témoignages des participants de la réunion qui ont pu survivre à la période ont permis de retracer heure par heure la façon dont les choses se sont déroulées le 21 juin 1943.   

Informé de la tenue de la réunion qui doit avoir lieu chez lui, le docteur Dugoujon a averti sa domestique, Marguerite Brossier, de la venue de plusieurs hommes en début d’après-midi. Ils se présentent de la part de M. Lassagne. Elle ignore qu’il s’agit d’un rassemblement de résistants et doit faire monter les visiteurs dans une salle au premier étage.

Un premier groupe arrive un peu après 14 heures : le professeur André Lassagne, Henri Aubry, le colonel Lacaze, Bruno Larat, tous officiellement invités à la réunion, auquel s’est ajouté René Hardy, qui lui ne l’était pas. Marguerite Brossier les accueille et les installe comme convenu à l’étage. Trois quart d’heure plus tard, Jean Moulin, Raymond Aubrac et le colonel Schwarzfeld arrivent à leur tour chez le docteur. Leur retard s’explique par l’attitude du colonel Schwarzfeld, arrivé trente minutes après l’heure de rendez-vous initialement fixée entre les trois hommes pour prendre le funiculaire (la « ficelle ») qui les mènerait ensuite depuis Lyon jusqu’à la place Castellane sur les hauteurs de Caluire où se trouve la maison du docteur Dugoujon. À cause de ce retard, la domestique les prend pour des patients et les fait donc installer en salle d’attente parmi les autres malades.

Quelques instants seulement après l’arrivée des trois hommes, plusieurs Citroën traction avant noires s’arrêtent en trombe devant la maison. Les Allemands qui en sortent cernent le bâtiment et procèdent à l’arrestation des personnes présentes. Le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, dirige lui-même l’opération.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Cette reconstitution des événements survenus l’après-midi du 21 juin 1943 à Caluire, dans le cadre d’un documentaire diffusé pour une émission phare des années 1970, Les Dossiers de l’écran, s’appuie sur les témoignages des résistants présents au moment des faits. En effet, la quasi-totalité d’entre eux, à l’exception de Jean Moulin, ont survécu à la guerre. La mise en scène sobre, sans musique, permet de souligner le caractère silencieux et clandestin de la réunion des résistants. Le déroulement est précis, s’appuyant sur les témoignages, et apparaît globalement conforme aux événements. 

L’arrivée en retard de Jean Moulin, Raymond Aubrac et du colonel Schwarzfeld, qui patientent dans la salle d’attente alors que les autres résistants ont déjà été introduits au premier étage, est bien soulignée. Aucun résistant ne parle. Les premières paroles n’interviennent qu’avec l'irruption des Allemands. La violence et la brutalité de leurs cris constituent ainsi un contraste saisissant avec le silence des résistants. La reconstitution insiste ensuite sur l’excitation de Klaus Barbie lors de son arrivée. En forçant les rires de Barbie, cette scène de fiction souligne son sadisme. Il est exact, comme le montrent les images, que Barbie n’a pas identifié tout de suite Jean Moulin. L’officier allemand sait que le représentant du général de Gaulle se trouve parmi les personnes arrêtées. Mais il ne connait que son pseudonyme, Max, et ignore sa véritable identité. Barbie s’acharne sur les hommes dont la présence au premier étage indique clairement qu’ils n’étaient pas là pour une simple consultation : Larat, Aubry et Lassagne (du fait de son âge, plus élevé, 60 ans, le colonel Lacaze ne pouvait être Jean Moulin). Ce n’est que quelques jours après que Barbie établira le lien entre Jean Moulin et le patient présent en salle d’attente qui se faisait appeler Jacques Martel.

La reconstitution revient également sur les conditions de l’évasion de René Hardy (« Didot »), celui qui était suivi par les Allemands et les a menés, à son insu ou non, jusqu’à Caluire. La reconstitution toutefois n’est pas totalement exacte. L’Allemand qui était de garde à l’entrée de la maison du médecin et était armé d’une mitraillette ne s’en est pas servi contre Hardy qui n’a essuyé les tirs que d’un seul policier allemand. Les conditions de « l’évasion » de Hardy ont donc été plus faciles. Soulignée par de nombreux témoins, cette facilité a souvent été avancée comme une preuve de sa trahison, même si la justice l’a innocenté à deux reprises après la guerre.

Si cette reconstitution filmée du drame de Caluire réalisée en 1977 pour Les Dossiers de l’écran et diffusée sur Antenne 2 est l’une des premières, elle n’est pas la seule puisque de nombreux documentaires, ainsi que plusieurs téléfilms ont été réalisés depuis autour de cet événement.  

 

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