Ségrégation dans le sud des États-Unis : le racisme à l’égard des Noirs

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 oct. 1962 | Date d'évènement : 1962

Reportage consacré au racisme et à la violence à l’égard des Noirs américains dans un Sud raciste et ségrégationniste. À l’université du Mississipi, James Meredith, étudiant noir, suit les cours sous la protection de l’armée. Une femme bourgeoise justifie par des propos racistes la ségrégation dans le Sud. Robert Kennedy, ministre de la Justice des États-Unis et Martin Luther King sont interrogés.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Cinq Colonnes à la une
Date de l'évènement :
1962
Date de diffusion du média :
05 oct. 1962
Production :
@ 1962 -  Radiodiffusion Télévision Française
Page publiée le :
31 juil. 2023
Modifiée le :
06 déc. 2023
Référence :
00000005541

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

En janvier 1961, James Meredith, un Afro-Américain qui a servi neuf années dans l’armée, tente de s’inscrire à l’université du Mississippi, aux États-Unis. Mais, à deux reprises, sa candidature est rejetée. L’université du Mississippi, bastion blanc établi dans l’un des États les plus ségrégationnistes du pays, ne respecte ainsi pas l’arrêt de la Cour suprême des États-Unis « Brown contre le Conseil de l’Éducation ». Cet arrêt, rendu le 17 mai 1954, avait déclaré anticonstitutionnelle la ségrégation des écoles publiques. 

Après le rejet de sa candidature, James Meredith entame une procédure judicaire en mai 1961, avec le soutien de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP : l’Association nationale pour la promotion des personnes de couleur) : il affirme que sa candidature à l’université du Mississippi n’a été rejetée qu’en raison de la couleur de sa peau. Le cas de James Meredith devient dès lors un symbole de la lutte du mouvement des droits civiques contre la ségrégation.

Le 10 septembre 1962, la Cour suprême confirme le droit de James Meredith à s’inscrire à l’université du Mississippi. Malgré cette injonction, le gouverneur démocrate du Mississippi, Ross Barnett, refuse son inscription. Aucune école du Mississippi ne sera intégrée tant que je serai votre gouverneur, déclare-t-il le 13 septembre 1962.

Finalement, sous la contrainte des autorités fédérales, James Meredith entre à l’université du Mississippi le 1ᵉʳ octobre 1962. Mais le ministre de la Justice, Robert Kennedy, frère du président des États-Unis, John F. Kennedy, doit envoyer l’armée afin de le protéger et de faire respecter la loi. En effet, la nuit précédant l’inscription de James Meredith, la petite ville d’Oxford, où est établie l’université du Mississippi, s’est embrasée : une violente émeute raciste a été déclenchée par des étudiants blancs, farouchement opposés à l’admission d’un premier étudiant noir. 12 000 soldats sont alors envoyés pour ramener le calme à Oxford et protéger James Meredith. 

Quatre ans plus tard, en juin 1966, ce dernier a une nouvelle initiative pour lutter contre le racisme dans le Mississippi et encourager les Noirs à s’inscrire sur les listes électorales : le 5 juin 1966, il débute une marche, qu’il baptise marche contre la peur, de Memphis à Jackson. Mais dès le lendemain, il est blessé par balle par un individu blanc. Durant son hospitalisation, sa marche est poursuivie par trois organisations des droits civiques, la SCLC, le CORE et le SNCC.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Ce long sujet a été diffusé le 5 octobre 1962 dans « Cinq Colonnes à la une », émission emblématique de reportages de la Radiodiffusion-télévision française de 1959 à 1968. Il est consacré à la persistance de la ségrégation dans le sud des États-Unis et à la lutte contre celle-ci. Une équipe de « Cinq Colonnes à la une » s’est ainsi rendue à Oxford (Mississippi) et à Atlanta (Géorgie), ainsi qu’à Washington, la capitale fédérale, pour y filmer des images factuelles et y réaliser trois interviews.

Ce reportage a été réalisé dans le contexte très troublé de l’inscription de James Meredith, un Noir, à l’université du Mississippi le 1ᵉʳ octobre 1962. La première séquence montre que l’armée a été envoyée pour protéger James Meredith et empêcher les violences commises par les étudiants blancs favorables au maintien de la ségrégation. 

Dans une première partie, le sujet de « Cinq Colonnes à la une » cherche à montrer que la guerre de Sécession n’est pas finie. Un siècle auparavant, de 1861 à 1865, cette guerre civile avait opposé les États sudistes esclavagistes aux États du Nord, majoritairement abolitionnistes. Et, en 1865, à l’issue de la victoire du Nord, l’esclavage avait été aboli sur l’ensemble du territoire des États-Unis. À plusieurs reprises dans le reportage, le journaliste fait référence à la guerre de Sécession : il compare les soldats dépêchés par le gouvernement pour protéger James Meredith aux « Yankees » qui viennent rétablir l’ordre chez les fédérés. Et de juger que, depuis la défaite d’Atlanta (victoire des troupes nordistes le 22 juillet 1864 contre les forces de la Confédération), les Sudistes détestent toujours les maudits Yankees venus du Nord. Des plans montrent d’ailleurs à plusieurs reprises le drapeau confédéré : le Dixie Flag, bannière adoptée par les États du Sud en 1863, pendant la guerre de Sécession, et devenu le symbole des partisans de la ségrégation.

Plus largement, le reportage s’attache à montrer que le racisme demeure très fort dans le sud des États-Unis. Plusieurs séquences filmées en témoignent, dont celle sur l’opposition d’étudiants blancs à l’inscription de James Meredith à l’université du Mississippi. De même, une séquence nocturne donne à entendre un membre du Ku Klux Klan prononcer un discours violemment raciste. Dans une interview réalisée en français, Camilla Brown, qualifiée de vraie sudiste – on ne sait pas sur quels critères elle a été choisie par l’équipe de « Cinq Colonnes à la une » – professe quant à elle calmement et ouvertement son racisme. Parlant des Noirs américains comme des nègres, elle juge non convenable qu’ils soient acceptés dans les mêmes lieux que les Blancs. À Rome, il faut suivre les coutumes de Rome n’est-ce pas ; au Sud, il faut suivre les coutumes du Sud, affirme-t-elle.

La seconde partie du reportage n’est toutefois pas aussi pessimiste que la première. Elle montre d’abord que, dans des villes comme Atlanta, la ségrégation a régressé et que les Noirs peuvent désormais s’asseoir dans les bus ou les restaurants aux côtés des Blancs. L’équipe de « Cinq Colonnes à la une » interroge également deux personnalités clamant leur optimisme quant à l’amélioration de la condition des Noirs. Il s’agit d’abord de Robert Francis Kennedy, procureur général des États-Unis depuis 1961 au sein du cabinet dirigé par son frère, le président John Fitzgerald Kennedy, interrogé à Washington. Puis Martin Luther King, qualifié de Gandhi noir et champion de l’émancipation des Noirs, interrogé à Atlanta deux jours après avoir été libéré de prison, fait lui aussi part de son optimisme quant à la fin de la ségrégation dans le Sud.

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