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Le Dormeur du val d'Arthur Rimbaud

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 30 sept. 1969

Martine Redon récite sur scène le poème Le Dormeur du val d'Arthur Rimbaud. Puis Jacques Dupin explique les raisons qui l'ont motivé à monter un spectacle sur la poésie de Rimbaud à Noisy-le-Sec, auprès d'un public ouvrier.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Cahier de Douai, d’Arthur Rimbaud

  • Niveaux: Cycle 3 - Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Toutes nos ressources sur Arthur Rimbaud

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Rimbaud : étude polyphonique du Dormeur du val

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
30 sept. 1969
Production :
Office national de radiodiffusion télévision française
Page publiée le :
12 juil. 2023
Modifiée le :
17 nov. 2023
Référence :
00000005548

Contexte historique

Par Sarah CointepasProfesseure agrégée de Lettres Modernes, lycée Gabriel Fauré (Annecy) )

Le Dormeur du val est un sonnet en alexandrins composé par Arthur Rimbaud alors qu’il n’a pas encore 16 ans. Il fait partie du second ensemble de feuillets du Cahier de Douai (appelé aussi Cahier Demeny, du nom du poète et professeur Paul Demeny à qui Rimbaud confie ses écrits à l’automne 1870. Il lui demandera de tout brûler, ce qui, évidemment, ne sera pas fait).

Le Dormeur du val s’inscrit dans le contexte d’une France en pleine tourmente politique et militaire, marquée par la guerre franco-prussienne déclarée par la France le 19 juillet 1870 et achevée le 4 septembre suivant, seulement quelques semaines plus tard, après que Napoléon III a été fait prisonnier. Daté d’octobre 1870, ce poème est écrit lors d’une fugue durant laquelle Rimbaud aurait probablement traversé des zones dévastées par la guerre. En effet, c’est à Sedan, à une vingtaine de kilomètres de sa ville natale, Charleville (dans les Ardennes), que Napoléon III capitule après une bataille décisive au cours de laquelle de nombreux soldats périssent. Cette défaite conduit à la proclamation, en France, de la IIIe République. Ce poème dénonce avec force et sobriété l’horreur du conflit en décrivant une nature paisible et sereine qui contraste violemment avec la mort du soldat annoncée dans le dernier vers. Rimbaud a utilisé ce contexte troublé pour créer une œuvre poignante.

Le Dormeur du val a eu une influence profonde sur la poésie française. Son style novateur, ses images puissantes et la juxtaposition d’éléments contradictoires utilisée ont inspiré de nombreux poètes et écrivains du XXe siècle (Mallarmé, Jean Moréas ou encore Apollinaire). Les thèmes de la guerre et de la mort qu’il aborde lui ont conféré une résonance particulière pendant et après les conflits mondiaux du XXe siècle.

Faisant partie du patrimoine culturel français, ses vers ont été repris et référencés dans de nombreuses œuvres artistiques, musicales et cinématographiques. Ainsi, Serge Reggiani, Yves Montand, Sapho et Jean-Louis Aubert l’ont mis en musique et chanté tandis que Martine Redon l’a récité dans un spectacle de Jacques Dupin dédié à Rimbaud et joué en 1969.

Éclairage média

Par Sarah CointepasProfesseure agrégée de Lettres Modernes, lycée Gabriel Fauré (Annecy) )

« Le Fond et la Forme » est un magazine télévisé diffusé sur l’ORTF de 1969 à 1973. Dans cette émission, Pierre de Boisdeffre, directeur de l’ORTF et écrivain, et André Bourin, critique littéraire et journaliste, interviewent des écrivains pour parler de leur dernier ouvrage. Comme son nom l’indique, l’émission traite du fond, de la littérature elle-même (ici, des poèmes de Rimbaud), mais elle s’intéresse aussi à la forme, à la manière de fabriquer cette littérature. Cet extrait analyse ainsi à la façon dont Jacques Dupin, poète, critique littéraire et proche de René Char, prépare un spectacle de récitations théâtralisées des poèmes de Rimbaud. Il montre de quelle manière il la rend vivante, la renouvelle en la proposant au théâtre, prolongeant ainsi l’émancipation créatrice initiée par Rimbaud.

Dans ce numéro, Martine Redon met en voix le poème Le Dormeur du val de Rimbaud. La comédienne est filmée en gros plan, la caméra se resserrant peu à peu sur son visage. La récitation du dernier vers est alors mise en lumière par le travelling avant sur ses yeux et sa bouche. Le choix du gros plan permet de se concentrer sur ses expressions faciales et les modulations de sa voix. Si ses yeux, ourlés de noirs, sont quasiment immobiles, son regard, les mouvements de sa bouche et de sa tête contribuent à donner corps et sens au poème. Sa voix, tantôt douce et lente, tantôt rapide et forte, souligne les contrastes et les tensions traversant ce sonnet.  Martine Redon, comédienne et actrice, est connue des Français pour avoir joué dans le film Les Ruses du diable (Paul Vecchiali, 1965), Paulina s'en va (André Téchiné, 1969) ou La Machine (Paul Vecchiali, 1977). Elle poursuivra ensuite sa carrière d’actrice à la télévision en jouant dans des téléfilms tels que Commissaire Moulin en 1974 ou encore Nans le Berger la même année, mais aussi dans des courts-métrages dont La Ligne de Sceaux qui fera partie de la sélection du festival de Cannes en 1973.

Dans cet extrait, Martine Redon fait partie de la troupe de Jacques Guillemet, dirigée par Jacques Dupin. Ce dernier prépare donc un spectacle de récitations théâtralisées autour des poèmes de Rimbaud à destination, en particulier, des ouvriers de Noisy-le-Sec. L’interview de Jacques Dupin, qui suit la performance de Martine Redon, nous permet de mieux comprendre l’articulation entre théâtre et poésie et les raisons qui l’ont motivé à monter un spectacle sur la poésie de Rimbaud.

L’animateur de l’émission n’apparaît pas à l’image, la caméra proposant d’abord un plan large sur la scène où s’affairent comédiens et techniciens et sur Jacques Dupin, assis au premier plan. Le plan se resserre ensuite sur son visage, l’animateur restant uniquement en voix off et le fond étant flouté. On entend aussi les bruits d’une chute ou d’un objet qui tombe, montrant les aléas d’une répétition théâtrale. Dans la dernière séquence, Jacques Dupin disparaît de l’écran au profit de la scène, du décor et de la troupe de comédiens qui débutent leur répétition, plongeant ainsi directement le spectateur dans le processus de création d’un spectacle théâtral avant de lancer le générique de fin.

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