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À Chicago, des néo-nazis tentent d’empêcher une manifestation conduite par Martin Luther King en 1966

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 24 août 1966 | Date d'évènement : 24 août 1966

Le 22 août 1966, à Chicago (États-Unis), 1 500 néo-nazis tentent vainement d’empêcher une marche conduite par le pasteur Martin Luther King. Organisée contre la discrimination raciale en matière de logement, cette marche se déroule dans le calme et sous la protection de la police. 

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Abouchar Jacques (Journaliste)
Date de l'évènement :
24 août 1966
Date de diffusion du média :
24 août 1966
Année de production :
1966
Page publiée le :
31 juil. 2023
Modifiée le :
06 déc. 2023
Référence :
00000005608

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Après avoir consacré une décennie à militer contre la ségrégation dans le Sud, Martin Luther King décide d’orienter l’action du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis vers le nord des États-Unis. Il choisit ainsi, au cours de l’année 1965, de passer de la lutte pour la justice légale à la lutte pour la justice économique (Nicole Bacharan, Histoire des Noirs américains au XXe siècle, Éditions Complexe, 1994, p. 198). En effet, si leurs droits civiques sont en principe respectés dans les grandes villes du nord des États-Unis, les Noirs y vivent dans des ghettos misérables. Martin Luther King choisit donc d’organiser une campagne contre les discriminations en matière de logement. Et il choisit de la mener à Chicago. Cette ville, considérée comme la capitale noire des États-Unis, compte alors plus de 800 000 Noirs, dont la très grande majorité vit entassée dans des taudis.

Ainsi, au début de l’été 1966, le Mouvement pour la liberté de Chicago (Chicago Freedom Movement) débute une campagne visant à attirer l’attention sur les discriminations en matière de logement. Le 10 juillet 1966, Martin Luther King organise un grand rassemblement réunissant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Puis, après ce meeting, il se rend jusqu’à la mairie de Chicago, escorté par la foule, et y placarde sur la porte la liste des demandes du mouvement : l’absence de discrimination raciale de la part des agences immobilières, ainsi que des banques pour accorder des prêts et des hypothèques, la construction de nouveaux logements à loyers modérés ou un programme de réhabilitation des logements publics. Deux jours plus tard, le 12 juillet 1966, une émeute est déclenchée par des jeunes Noirs des ghettos de Chicago et malgré les consignes de non-violence de Martin Luther King. Cette émeute, qui dure quatre jours, fait deux morts et plus de quatre-vingts blessés.

Dans les semaines suivantes, le Mouvement pour la liberté de Chicago organise différentes actions, marches pacifiques et manifestations. Le 22 août 1966, trois marches ont lieu simultanément dans des quartiers habités uniquement par des Blancs, dont l’une d’elles est conduite par Martin Luther King. 1 500 suprémacistes blancs, réunis par le parti nazi américain dirigé par George Lincoln Rockwell, tentent de s’y opposer en organisant une contre-manifestation. Ces militants racistes jettent quelques pierres et bouteilles sur les militants des droits civiques, mais ne parviennent pas à empêcher le déroulement des marches.

Le 26 août 1966, un accord est signé entre la municipalité de Chicago, les dirigeants du mouvement et des représentants des agences immobilières et des banques. Il prévoit notamment l’application, par la municipalité de Chicago, de la loi locale interdisant la discrimination raciale en matière de logement et son acceptation par les agences immobilières et les banques. Cependant, cet accord n’aboutit à aucun résultat concret. À la fin de l’année 1966, Martin Luther King quitte Chicago sans être parvenu à faire changer la situation en matière de logement pour les Noirs de la ville.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Ce bref reportage a été diffusé dans le journal télévisé de 20 heures de la Radiodiffusion-télévision française (RTF) le 24 août 1966. Il revient sur la contre-manifestation organisée deux jours auparavant à Chicago par 1 500 néo-nazis blancs qui souhaitaient empêcher une marche conduite par le pasteur Martin Luther King. Cette marche, organisée dans le cadre du Mouvement pour la liberté de Chicago, visait à aller dans des quartiers résidentiels exclusivement habités par des Blancs afin de dénoncer la ségrégation en matière de logement.

Les contre-manifestants ségrégationnistes, que le titre du sujet appelle Les Nazis de Chicago, se sont rassemblés à l’appel du parti nazi américain. Inspiré de l’idéologie du parti nazi d’Adolf Hitler, cette organisation a été fondée en 1959 par George Lincoln Rockwell qui la préside encore en 1966 – avant d’être assassiné l’année suivante par un autre néo-nazi. Le reportage de la RTF met en avant à plusieurs reprises les croix gammées fièrement brandies par les manifestants racistes : certains l’arborent sur une banderole portant l’inscription White power  pouvoir blanc »), d’autres sur un drapeau blanc. Les croix gammées fleurissent à Chicago, la svastika est en effet devenue le signe de ralliement des ségrégationnistes, souligne le journaliste de la RTF. Un plan montre également de dos l’un de ces militants néo-nazis paradant en plein jour avec une cagoule du Ku Klux Klan.

Le reportage laisse également deviner les violences commises par les suprémacistes. Un plan montre en effet une voiture aux vitres brisées par une pierre et un autre révèle un Noir blessé à l’œil en train d’être examiné.

Une seconde séquence est consacrée à la marche des militants du Mouvement pour la liberté de Chicago. Conduite par Martin Luther King, qualifié par le journaliste de la RTF de champion de l’intégration raciale, elle contraste avec la contre-manifestation néo-nazie par son pacifisme. Elle se déroule sous la protection de la police.

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