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La modernité de la poésie de Baudelaire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 févr. 1958

Lors du tournage en 1958 d'un documentaire consacré à l'auteur des Fleurs du mal, Jean-Marie Drot interroge Claude Pichois, universitaire spécialiste de l'œuvre de Baudelaire, sur la modernité de sa poésie.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 févr. 1958
Production :
Radiodiffusion Télévision Française
Page publiée le :
09 août 2023
Modifiée le :
21 juin 2024
Référence :
00000005691

Contexte historique

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

Dans ce livre atroce, j’ai mis toute ma pensée, tout mon cœur, toute ma haine, écrit Baudelaire à sa mère en 1866, à propos du travail de sa vie, Les Fleurs du mal. Son sentiment partagé d’ivresse et de dégoût de la vie constitueront bientôt les bases de la poésie moderne qui, comme le dit l’universitaire Claude Pichois, aura pour caractéristique première de ne plus être un jeu de rhétorique, mais bien la réelle expression d’un mal être. En effet, lorsque paraissent Les Fleurs du mal, en 1857, la poésie à la mode est celle des romantiques, incarnés par Lamartine et Musset. Baudelaire ne les apprécie guère, leur reprochant leur côté plaintif, le culte effréné qu’ils rendent à la nature et leur dépendance affective envers les femmes. Musset n’a-t-il pas écrit qu’il donnerait son génie pour un simple baiser (La Nuit d’août, 1836) ?

La poésie de Baudelaire redéfinit le concept de beauté, désormais détachée des fleurs et des amourettes, pour la lier à l’étrange, selon sa formule que le beau est toujours bizarre. Il s’adresse à l’hypocrite lecteur, son semblable, son frère et l’oblige à se tourner vers les côtés les plus sombres de son tempérament. La poésie, art de distraction, devient, avec Baudelaire, un instrument de méditation sur la condition humaine. Mais placer le mal à la source de la création est un projet voué à l’échec en plein second Empire (1852-1870), quand l’art n’avait pour fonction que de divertir et de moraliser. La poésie de Baudelaire ne s’adresse donc pas au lecteur de ce milieu de XIXe siècle, mais à celui bientôt perdu dans une modernité technique qui lui échappe. Ce trait novateur lui a permis de ne jamais vieillir.

Éclairage média

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

C’est sur l’île Saint-Louis – haut-lieu baudelairien de Paris – que les caméras de Jean-Marie Drot se posent le 28 février 1958, afin de mener l’interview de Claude Pichois, un universitaire spécialiste de Baudelaire alors âgé de 33 ans qui, vingt ans plus tard, dirigera les volumes de la Pléiade consacrés au poète. Le documentaire, intitulé À la recherche de Charles Baudelaire, part, cent un ans après la parution des Fleurs du mal, en quête des domiciles parisiens et autres lieux attachés au poète. Dans cet extrait, nous retrouvons Claude Pichois devant l’hôtel Pimodan où Baudelaire vécut entre 1843 et 1845 et l’on distingue, derrière le professeur, la Seine que le poète pouvait admirer depuis un petit, mais joli appartement situé sous les toits, au troisième étage. 

Durant les deux tiers de cet extrait, la caméra est fixée sur Claude Pichois, qui nous explique pourquoi Baudelaire doit être considéré comme le premier poète moderne. Le fond de sa poésie, qui nous fait remuer en nous-mêmes toute cette mélancolie, toute cette amertume, tous ces regrets et tous ces remords, est illustrée en images par les clichés du poète. La télévision profite du fait que l’inquiétude de sa poésie se retrouve sur son visage pour nous montrer trois portraits. Sur les deux premiers, des zooms très serrés sont effectués sur son regard, que plusieurs contemporains ont décrit comme profond et inquiétant. Sur la troisième photo, le zoom est dirigé sur ses lèvres, dont les commissures constituent assurément la caractéristique la plus singulière de son visage. Des plis, qui, à comparer les photos au fil du temps, semblent se courber davantage, comme si son amertume – de plus en plus présente dans ses écrits – s’accentuait aussi physiquement à mesure de son vieillissement. 

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