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Le Chambon-sur-Lignon, haut-lieu de sauvetage des Juifs

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 juil. 2004

Le journal télévisé de France 2 réalise en juillet 2004 un reportage sur le Chambon-sur-Lignon, haut-lieu du sauvetage des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, dont les habitants ont reçu le titre de Justes parmi les nations. Deux témoins, enfants durant la guerre, témoignent : Joseph Atlas (interné au camp de Gurs avant son arrivée au Chambon) et René Rivière (dont les parents ont hébergé des Juifs).

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    [CNRD] Résister à la déportation

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 juil. 2004
Copyright :
2004
Année de production :
2004
Page publiée le :
20 sept. 2023
Modifiée le :
05 déc. 2023
Référence :
00000005704

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Dès les débuts de l’occupation allemande, des mesures de répression et d’exclusion sont prises contre les Juifs. Avec les premières rafles du printemps 1941 en zone occupée, puis celles de l’été 1942 sur l’ensemble du territoire, sauver des Juifs signifie sauver des vies. Deux stratégies sont possibles pour les personnes traquées : se dissimuler socialement (faux-papiers, planque) ou s’échapper physiquement.

Les réseaux de sauvetage, essentiellement chrétiens et juifs, jouent alors un rôle essentiel. À l’échelle locale, souvent en lien avec ces réseaux, quelques communautés se mobilisent. C’est le cas sur le plateau du Vivarais, en Auvergne, et notamment dans la commune du Chambon-sur-Lignon, où une mobilisation aux niveaux individuel et collectif (organisations juives et non-juives) permet de protéger des persécutions et déportations sans doute environ 3 000 Juifs (et non 5 000 comme on l’a longtemps pensé), mais aussi des républicains espagnols, des Allemands antinazis…

C’est notamment sous l’impulsion du pasteur André Trocmé, de son épouse Magda et du pasteur Édouard Theis que les villageois se mobilisent. Aux particularités géographiques de ce lieu reculé, il faut ajouter l’existence d’une tradition d’accueil chez des protestants marqués par les persécutions religieuses à l’époque moderne (comme les dragonnades sous Louis XIV).

Dès l’hiver 1940, des internés libérés des camps d’internement, notamment des Juifs étrangers et beaucoup d’enfants, sont accueillis au Chambon. Le mouvement s’intensifie ensuite : des enfants sont notamment amenés par l’œuvre de secours aux enfants (OSE) et dispersés dans les villages et fermes. La Cimade organise aussi des filières d’évasion depuis le Chambon vers la Suisse.

Les pasteurs Trocmé et Theis sont arrêtés en février 1943. Relâchés, ils sont contraints de se cacher fin 1943. Le premier, arrêté une nouvelle fois, est déporté au camp de Lublin-Majdanek, où il meurt tué par les SS. 89 résidents du plateau du Vivarais ont reçu le titre de Justes parmi les nations, puis l’ensemble des habitants du Chambon et des villages avoisinants en 1990. Ce titre, délivré par le mémorial de Yad Vashem de Jérusalem, distingue les non-Juifs qui ont risqué leur vie pour soustraire des Juifs aux persécutions des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Diffusé le 8 juillet 2004, ce reportage, issu du journal de 13 heures de France 2, s’ouvre sur des images du président de la République, Jacques Chirac (président de 1995 à 2007), accompagné de Simone Veil (arrêtée en mars 1944 en tant que juive puis déportée, elle entame à son retour des camps une brillante carrière dans la magistrature et la politique, préside la Fondation pour la Mémoire de la Shoah de 2001 à 2007 et est élue en 2007 à l’Académie française), se rendant au Chambon-sur-Lignon : quelques jours avant la commémoration de la rafle du Vél’d’Hiv, celui qui reconnut la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs de France en 2002 doit y prononcer un discours contre l’intolérance.

Pour illustrer cette nécessaire vigilance, le reportage s’articule autour de deux témoignages : celui de Joseph Atlas, enfant juif caché au Chambon et celui de René Rivière dont les parents ont hébergé des enfants juifs. Entre les deux, la journaliste rappelle le contexte, des vues du Chambon aujourd’hui alternant avec des photographies d’époque.

Enfant en 1940, Joseph Atlas fut interné au camp de Gurs. Créé en 1939 pour les réfugiés espagnols, ce camp devient sous Vichy un lieu d’internement, des Juifs étrangers notamment. Son témoignage rappelle ce à quoi les Juifs hébergés au Chambon échappèrent : les terribles conditions de vie dans ces camps. Joseph Atlas ne mentionne pas la déportation, étant arrivé au Chambon en septembre 1941, avant les rafles de l’été 1942. Il dit le « paradis » que fut pour lui ce lieu après Gurs, mais ne parle pas des acteurs qui furent impliqués dans son sauvetage. L’expérience vécue de l’individu qui n’a pas (surtout les enfants), au moment des faits, la vision d’ensemble, prime dans le témoignage.

Un historien rappelle ensuite l’importance de l’héritage protestant dans l’émergence du Chambon comme lieu de sauvetage. Puis René Rivière livre – ce qui peut surprendre au vu du contexte – le récit d’une vie insouciante. Enfant à l’époque d’une part, non menacé par les persécutions d’autre part, son appréhension des événements diffère de celle des personnes cachées. Mais peut-être dit-il autre chose : sans doute les habitants du Chambon n’ont-ils pas seulement sauvé des vies. Par la manière dont ils ont accueilli ces jeunes persécutés, ils ont pu réussir parfois à leur ménager une part d’enfance.

Bibliographie

BIESSE Cindy, « Aide et sauvetage en France » in BANDE Alexandre, BISCARAT Pierre-Jérôme, LALIEU Olivier, Nouvelle Histoire de la Shoah, Passés Composés, 2021

BOLLE Pierre (dir.), Le plateau Vivarais-Lignon. Accueil et Résistance 1939-1944, actes du colloque du Chambon-sur-Lignon, [12-14 octobre 1990], Société d'histoire de la montagne

CABANEL Patrick, « Chambon-sur-Lignon » in MARCOT François (dir.), Dictionnaire Historique de la Résistance, Bouquins, 2006, p. 999

CABANEL Patric, JOUTARD Philippe, SEMELIN Jacques, WIEVIORKA Annette, La montagne refuge. Accueil et sauvetage des Juifs autour du Chambon-sur-Lignon, Paris, Albin Michel, 2013 

SEMELIN Jacques, La survie des Juifs en France, Les Arènes/Le Seuil, 2013 (réédition Biblis, 2022)

Site du Lieu de mémoire le Chambon-sur-Lignon : https ://memoireduchambon.com/ 

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