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Claude Monet raconté par Sacha Guitry

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 déc. 1952

Le dramaturge Sacha Guitry, qui a connu Claude Monet, raconte le parcours de l'illustre peintre des Nymphéas, ses rares et précieuses amitiés et sa vie retirée dans sa maison et son jardin de Giverny en Normandie.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Rossif Frédéric
Date de diffusion du média :
29 déc. 1952
Copyright :
1952
Année de production :
1952
Page publiée le :
31 oct. 2023
Modifiée le :
27 déc. 2023
Référence :
00000005856

Contexte historique

Par Claire Maingonmaître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'Université de Rouen. )

En 1952, Sacha Guitry réalise un nouveau montage du film patriotique qu’il tourna en 1915, en pleine Première Guerre mondiale : Ceux de chez nous.

Ce film tient une place particulière dans la vie de cette célébrité du théâtre français. D’une part, il représente sa première confrontation avec le médium cinématographique. D’autre part, il exprime son admiration pour certaines personnalités du temps de sa jeunesse. Au travers d’une galerie de 11 portraits qu'il juge emblématiques du génie français (Sarah Bernhardt, Anatole France, Edgar Degas, Auguste Rodin, Camille Saint-Saëns, Auguste Renoir, Me Henri Robert, Edmond Rostand, André Antoine, Claude Monet, Octave Mirbeau), Sacha Guitry entend défendre l’esprit français menacé par la « barbarie » allemande. S’il s’agit d’un film de propagande, sa valeur est documentaire car ces personnalités ont rarement été filmées. Plus tard, Sacha Guitry assignera à ce film une valeur plus mémorielle qu’historique.

Il existe plusieurs versions de Ceux de chez nous. La version originale, muette, est projetée une première fois le 22 novembre 1915 au théâtre des Variétés, à Paris. Guitry commente alors le film de 22 minutes en direct, doublant lui-même les voix, avec l’accompagnement d’un pianiste. Sa femme de l’époque, Charlotte Lysès, intervient également. En 1939, Guitry fait une lecture de Ceux de chez nous à la radio et diffuse sa causerie au théâtre pendant l’Occupation, puis il réalise un nouveau montage en 1952, en prévision d’une diffusion à la télévision. Ce dernier montage fait intervenir les personnalités dans un ordre nouveau et, surtout, Guitry a intégré un personnage absent de la première version : son père, Lucien Guitry, immense acteur de théâtre avec lequel il a eu une relation à la fois fusionnelle et conflictuelle. De nouvelles séquences sont insérées, montrant Sacha Guitry commentant les archives dans un studio restituant l’atmosphère de son cabinet de travail, entouré d’œuvres d’art de sa collection, notamment deux toiles de Monet. 

Éclairage média

Par Claire Maingonmaître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'Université de Rouen. )

Cet extrait du film de Guitry dans sa version de 1952 montre une image extrêmement rare : Claude Monet, âgé de 75 ans, est en train de peindre. Il est affairé devant une toile, près du bassin aux Nymphéas, à Giverny (Normandie). Le sujet est ici autant la figure de Monet que son action de peindre, sa gestualité.

L’obsession de Monet est bien à cette époque le cycle des Nymphéas, projet décoratif monumental qui occupe toute la dernière partie de sa vie et dont il fait partiellement don à la France en souvenir de la victoire française dans la Grande Guerre. Le commentaire filmé de Sacha Guitry accompagne ces images.

Sacha Guitry évoque trois aspects de la figure de Monet : la personnalité, la vie et le mythe, en dépassant le cadre chronologique du film de 1915 et en traitant de Monet jusqu’à son décès, en 1926. Selon Sacha Guitry, Claude Monet était un homme d’une grande simplicité, un peu sauvage. Bien que déjà éminemment célèbre, Monet traversait avec difficulté les années de la guerre. Il était veuf depuis 1911 et ses deux fils étaient au front. Toutefois, l’artiste apparaissait indiscutablement comme une force de la nature, ce que souligne d’ailleurs Guitry dans son commentaire.

Cependant, au cours des années 1920, Monet connut d’importants problèmes de vue, qui nécessitèrent une opération des yeux encouragée par Georges Clemenceau. L’histoire attachée à la cécité partielle de Monet est intéressante car elle touche au mythe même de l’impressionnisme : celui de l’œil impressionniste, présenté depuis les années 1880 comme un « super-organe » et que théorisa le poète Jules Laforgue. L’œil impressionniste serait l’équivalent, pour la vision, de l’oreille absolue. Malgré la vieillesse et la maladie, c’est bien l’œil exceptionnel de Monet que Guitry met en scène, sa capacité à saisir la lumière de l’instant, celle qui change notamment au gré des éléments. Cette image inscrit durablement l’idée que Monet était un peintre du plein air, même si elle tient en partie du mythe (Monet peignant aussi en intérieur). 

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