Missak Manouchian, chef militaire des FTP-MOI.

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 sept. 1976

Pour le compte du documentaire Ce jour-là j’en témoigne, Chroniques de l’ombre 1940-1944 consacré à « l’Affiche rouge » et diffusé en 1976 sur Antenne 2, Mélinée Manouchian, son épouse, et Arsène Tchakarian, qui a combattu à ses côtés, témoignent du rôle de Missak Manouchian comme chef militaire des FTP-MOI de la région parisienne.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Chroniques du temps de l'ombre, 1940-1944
Réalisation :
Panigel Armand
Date de diffusion du média :
02 sept. 1976
Production :
@ 1976 -  Antenne 2
Page publiée le :
24 janv. 2024
Modifiée le :
31 janv. 2024
Référence :
00000005873

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Après avoir été le responsable politique de la section arménienne de la MOI (Main d’œuvre immigrée) en 1942, Missak Manouchian est affecté en février 1943 comme simple combattant au premier détachement de la FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-MOI), sous le matricule 10300. Il participe à sa première action armée à Levallois-Perret le 17 mars 1943, en jetant une grenade sur un détachement allemand.

Au début de l’été 1943, une filature menée contre la MOI par les Brigades spéciales des Renseignements généraux pour traquer les communistes déclenche une vague d’arrestations qui fragilise l’organisation. Soixante et onze militants sont arrêtés, dont certains étaient aussi membres des FTP-MOI. Une réorganisation s’impose, qui permet à Missak Manouchian d’intégrer le triangle de direction en étant nommé commissaire technique en charge des aspects logistiques pour remplacer le tchèque Alik Neuer qui a été interpellé. En août, Missak Manouchian accède en tant que commissaire politique à la tête de l’organisation. Il remplace à ce poste Boris Holban, démis de ses fonctions du fait de ses désaccords avec la direction des FTP sur la stratégie à mettre en œuvre.

Conformément à ce que lui demande la direction des FTP, Missak Manouchian intensifie les actions, même si cela expose toujours plus les combattants FTP-MOI. Il applique également les instructions nouvelles visant à engager davantage d’hommes dans chaque action, jusqu’à une vingtaine, alors que la règle appliquée jusque-là était celle des « groupes de trois ».

Missak Manouchian dispose de 65 combattants. Sous sa direction, une soixantaine d’actions sont opérées entre août et novembre 1943. La plus retentissante est l’exécution, le 28 septembre 1943, par un commando composé de Marcel Rayman, Léo Kelner et Celestino Alfonso, du colonel SS Julius Ritter, chargé de superviser en France la mise en œuvre du Service du travail obligatoire. Traqué par les Brigades spéciales qui l’ont identifié fin septembre 1943, Missak Manouchian est arrêté en gare d’Evry-Petit-Bourg le 16 novembre 1943 alors qu’il se rendait à son rendez-vous hebdomadaire avec son supérieur hiérarchique, le colonel Gilles (Joseph Epstein).

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Deux personnes qui ont été très proches de lui, son épouse, Mélinée, et Arsène Tchakarian, qui a combattu sous ses ordres, témoignent de la personnalité et du rôle de Missak Manouchian lorsqu’il fut nommé à la tête de la branche parisienne des FTP-MOI en août 1943. Avec d’autres initiatives menées au cours des années 1970 (publication par Mélinée Manouchian d’une biographie lui étant consacré, réalisation d’un film de Frank Cassenti sur « l’Affiche rouge » en 1976, dont certains extraits sont repris dans le documentaire), le numéro de Ce jour-là j’en témoigne, Chroniques de l’ombre 1940-1944 consacré à « l’Affiche rouge » et diffusé en 1976 sur Antenne 2 a contribué à mieux faire connaître au grand public la figure de Missak Manouchian.

De sa nomination jusqu’à son arrestation en novembre 1943, Missak Manouchian n’aura exercé la fonction de chef militaire des FTP-MOI de la région parisienne que pendant trois mois. C’est pourtant bien ce rôle qui allait le faire entrer dans l’Histoire du fait du procès dit de « l’Affiche rouge » orchestré par les Allemands pour tenter de ternir l’image de la Résistance – présentée comme l’armée du crime. Elle aura en fait l’effet inverse sur l’opinion publique. C’est également cette propagande allemande qui parlera de groupe Manouchian alors que les 23 accusés étaient tous membres des FTP-MOI de la région parisienne dont Missak Manouchian n’était que l’un des responsables, s’inscrivant dans une chaîne de commandement plus large.

 Mélinée insiste sur le très grand respect que portaient à Missak Manouchian les hommes qui combattaient sous ses ordres, ce qui est corroboré par de nombreux témoignages. Manouchian avait le sens des responsabilités et, tout en obéissant aux directives du parti, cherchait aussi à préserver au maximum la vie de ceux qui étaient placés sous ses ordres. Le témoignage d'Arsène Tchakarian permet de comprendre les moyens très limités dont disposaient Manouchian et ses hommes, notamment sur le plan des armes. Celles-ci n’étaient toutefois pas forcément inexistantes, contrairement à ce que dit Tchakarian (on attaquera avec des couteaux) puisque les perquisitions opérées par la police française au moment du démantèlement de l’organisation ont permis de mettre la main sur de véritables petits arsenaux. Mais l’armement disponible se limitait à des armes de poing, des pistolets et des grenades, ce qui ne permettait d’envisager que des actions relativement limitées contre des troupes allemandes de leur côté très bien équipées.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème