La guérilla urbaine des FTP sous l’Occupation

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 sept. 1976 | Date d'évènement : 1943

Albert Ouzoulias, ancien responsable des Francs-tireurs Partisans (FTP), témoigne des techniques mises en œuvre par ceux-ci pour développer la guérilla urbaine contre l’occupant dans l’épisode du documentaire Ce jour-là j’en témoigne, Chroniques de l’ombre 1940-1944 consacré à « l’Affiche rouge » et diffusé en 1976 sur Antenne 2.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Chroniques du temps de l'ombre, 1940-1944
Réalisation :
Panigel Armand
Date de l'évènement :
1943
Date de diffusion du média :
02 sept. 1976
Production :
@ 1976 -  Antenne 2
Page publiée le :
24 janv. 2024
Modifiée le :
31 janv. 2024
Référence :
00000005875

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Le déclenchement de l’opération Barbarossa le 21 juin 1941 marque un tournant pour le Parti communiste clandestin : l’offensive allemande met fin au pacte germano-soviétique signé en août 1939. Pour soutenir les soviétiques luttant contre la Wehrmacht, le Komintern encourage les communistes à développer des sabotages et des attentats contre les Allemands. Ces actions, installant un climat d’insécurité en France, forcent l’occupant allemand à y maintenir des troupes et empêchent que de trop nombreuses réserves ne soient transférées vers le front de l’Est.

Le Parti communiste (PC) est la première organisation à prôner le passage à la lutte armée en France. Du fait de l’absence de perspectives de libération et à cause, surtout, des risques de représailles, les autres mouvements de Résistance considèrent que le moment n’est pas encore venu. Le PC met en place des groupes de combattants. L’Organisation spéciale (OS), chargée des opérations de service d’ordre, se transforme pour mener des actions militaires. Des bataillons au sein des Jeunesses communistes ou une branche armée au sein de la MOI (main-d’œuvre immigrée) sont également créés.

Le premier attentat intervient le 21 août 1941 à la station de métro Barbès-Rochechouart. Pierre Georges, le futur colonel Fabien, tire sur un aspirant de marine allemand montant dans le métro. Des attentats sont ensuite organisés au cours de l’automne 1941 en province. Le 20 octobre, un commando formé par Gilbert Brustlein et Spartaco Guisco abat à Nantes le Feldkommandant Karl Hotz.

Au printemps 1942, afin de mieux coordonner et encadrer les actions, les différents groupes armés développés depuis l’été 1941 fusionnent au sein des Francs-tireurs et Partisans (FTP). Les combattants étrangers sont regroupés au sein des FTP-MOI (MOI signifiant main-d’œuvre immigrée). Au début de 1943, alors que le Reich a subi sa première grande défaite à Stalingrad et que le cours de la guerre bascule en faveur des Alliés, la direction du PC demande aux FTP d’intensifier les actions de guérilla, notamment à Paris. Nommé à la tête des FTP de la région parisienne, Joseph Epstein (le colonel Gilles) prône un changement tactique. Il abandonne la stratégie dite des groupes de trois, qui présentait l’avantage de pouvoir se disperser facilement après une opération, mais ne permettait d’attaquer que des cibles isolées. Il décide de constituer des groupes de combattants plus nombreux, de 10 à 15 personnes, capables de mener des attaques plus importantes. Cette stratégie nouvelle entraîne une recrudescence des attaques entre le printemps et le début de l’automne 1943. Mais elle expose aussi toujours plus des combattants FTP particulièrement traqués et explique en partie le démantèlement, en novembre 1943, de la FTP-MOI dirigée par Missak Manouchian, dont Epstein était le supérieur.

 

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Ancien responsable des Francs-tireurs Partisans (FTP), dont il fut le commissaire militaire national chargé des opérations, Albert Ouzoulias explique, dans cet extrait du documentaire Ce jour-là j’en témoigne, Chroniques de l’ombre 1940-1944 diffusé en 1976 sur Antenne 2, la façon dont étaient menées les actions de guérilla par les FTP. Pour cela, il prend l’exemple de l’attaque d’une colonne allemande au niveau de la place de l’Étoile à Paris : un premier groupe était chargé de l’attaque, le second avait un rôle de protection afin de permettre le repli. Pour passer inaperçus avant de passer à l’action, les combattants se mêlaient à la foule et portaient des vêtements civils.

En insistant, dans son témoignage, sur l’encadrement et l’organisation conséquente des actions de guérilla, Ouzoulias cherche à justifier la tactique mise en place par le Parti communiste alors que celle-ci était à l’époque contestée. Certains reprochaient aux actions d’être parfois menées à l’aveugle, sans guère d’intérêt sur le plan militaire et, surtout, risquant de déclencher d’importantes représailles (en représailles de la mort de Karl Hotz, les Allemands fusillent par exemple, le 22 octobre 1941, 16 otages à Nantes, 27 à Châteaubriant et 5 au Mont-Valérien). Ouzoulias, ancien cadre des FTP, insiste, lui, sur le bon fonctionnement de l’organisation et minore par conséquent les moyens particulièrement dérisoires dont disposaient les combattants, dont les effectifs (quelques dizaines en 1943) et l’armement restaient limités.

Ouzoulias n’évoque pas non plus les débats internes, au sein même des FTP, sur la tactique mise en place. Tuer de sang-froid des Allemands n’allait pas sans poser un véritable cas de conscience à certains. Et l’intensification des actions décidées en 1943 constituait un risque considérable pour des combattants très recherchés et qui auraient peut-être dû être exfiltrés et « mis au vert » quelque temps hors de Paris pour échapper aux arrestations. Le Parti communiste avait besoin de pouvoir revendiquer des actions importantes et spectaculaires pour apparaître comme le fer de lance de la Résistance intérieure alors que la perspective de la Libération se rapprochait.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème