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La marche sur l'Assemblée nationale du 6 février 1934

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 févr. 2014 | Date d'évènement : 06 févr. 1934

Le 5 février 2014, à la veille du 80e anniversaire de la manifestation du 6 février 1934, le journal de 20 heures de France 2 consacre un reportage à cette manifestation antiparlementaire, crise politique majeure de la IIIe République.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Wolfromm Daniel (Journaliste)
Date de l'évènement :
06 févr. 1934
Date de diffusion du média :
05 févr. 2014
Production :
@ 2014 -  France 2
Page publiée le :
24 janv. 2024
Modifiée le :
31 janv. 2024
Référence :
00000005878

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Née en 1870, institutionnalisée dans son fonctionnement par les lois constitutionnelles de 1875, la IIIe République, régime parlementaire, est fragilisée au début des années 1930. La crise économique de 1929, qui touche la France en 1931, provoque une forte montée du chômage ; les élus sont perçus comme incapables de résoudre la crise ; le fonctionnement du système parlementaire est pointé du doigt. Cette remise en cause des personnalités politiques et du régime menace la République, déjà ébranlée par des scandales politico-financiers impliquant des élus, dont le plus important est l’affaire Stavisky.

L’homme d’affaires Alexandre Stavisky, accusé de fraude, est retrouvé mort en janvier 1934 (Stavisky se suicide d’un coup de revolver qui lui a été tiré à bout portant, titre ironiquement Le Canard enchaîné) et l’enquête établit bientôt ses liens avec les milieux politiques, la presse et la police. L’affaire met le feu aux poudres alors que l’antiparlementarisme est en plein essor. L’Action française, mouvement nationaliste d’extrême droite fondé en 1899, lance une grande campagne contre le gouvernement des voleurs et des assassins. Des heurts éclatent entre forces de l’ordre et militants d’extrême droite. Le gouvernement de Camille Chautemps, accusé d’avoir fait traîner l’enquête, démissionne. Albert Lebrun, président de la République, nomme Édouard Daladier à la tête du Conseil. Sa décision de révoquer le préfet Jean Chiappe provoque la colère des ligues d’extrême droite, avec qui Chiappe avait la réputation d’être complaisant. 

Le 6 février 1934, jour de l’investiture d’Édouard Daladier, plusieurs manifestations, à l’initiative de groupes d’obédiences politiques diverses, se déroulent à Paris. Les troubles partent de manifestants d’extrême droite qui décident de marcher sur l’Assemblée nationale. D’abord débordées, les forces de l’ordre parviennent à contenir la manifestation, devenue émeute. Le bilan est lourd : 1 500 victimes, dont 15 morts. 

Daladier est malgré tout investi, mais il démissionne dès le 7 février. Il est le premier responsable de ce régime, pourtant choisi démocratiquement, à quitter le pouvoir sous la pression de la rue. Crise politique majeure durant laquelle la République vacille, le 6 février 1934 est aussi un moment fondateur : les forces de gauche organisent une contre-manifestation le 12 février et décident de s’unir en vue des élections législatives de 1936 pour contrer ce qui est perçu comme un péril fasciste. Elles formeront ainsi le Front populaire.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

La marche sur l’Assemblée nationale de l’extrême droite le 6 février 1934 est au cœur d’un reportage structuré en trois temps : évocation des émeutes, causes, bilan et conséquences.

Diffusé la veille du 80e anniversaire de la manifestation du 6 février 1934 au Journal télévisé de 20 heures de France 2, le sujet s’ouvre sur des images d’affrontements place de la Concorde entre forces de l’ordre et manifestants. L’alternance de plans larges, montrant la foule, et de plans serrés, montrant des flammes, et faisant entendre les cris à l’arrière-plan, illustrent la violence de l’événement : le commentaire, qui décrit les actes de violence, renforce cette impression.

Le deuxième temps du reportage est également construit autour d’images d’archives. Le journaliste évoque la montée des mécontentements et, d’abord, ses causes économique et sociale : chômage lié à la crise économique, misère illustrée par la queue devant les soupes populaires (terme apparu en 1929 pour désigner la distribution gratuite de repas), manifestations portant des revendications sociales. Est ensuite évoquée l’affaire Stavisky. Les plans larges de foule manifestant donnent bien l’idée d’une immense colère populaire. Des causes politiques profondes en revanche (l’antiparlementarisme rampant, la montée de l’extrême droite), le reportage ne dit mot. Serge Bernstein, historien, rappelle la violence des émeutiers et le lourd bilan, illustré par des images d’affrontements et des photographies de blessés. Le plan très large au début de cette séquence donne l’impression d’une marée humaine qui déferle, appelant un imaginaire d’invasion et d’une République assiégée.

Les autres manifestations – notamment celle menée par l’ARAC, association d’anciens combattants proche du Parti communiste et celle des Croix-de-Feu de François de La Rocque (lieutenant-colonel démissionnaire de l’armée en 1927, président des Croix-de-Feu depuis 1932) – ne sont pas mentionnées. Elles le sont indirectement quand est évoqué le bilan humain. Des unes de journaux de l’époque sont montrées : l’une titre sur la manifestation communiste et fasciste, les deux semblant amalgamées alors qu’elles étaient distinctes. Le refus du coup de force de François de La Roque est également rappelé, notamment par son petit-fils : ce témoignage, s’il vise à défendre la mémoire de son grand-père, est cependant intéressant, le colonel ayant longtemps été présenté à tort comme à l’origine des événements.

Le reportage se clôt sur les manifestations qui ont lieu à l’appel de la gauche en réaction à celle du 6 février et sur une évocation de la naissance du Front populaire. Le plan large, qui permet de démontrer l’ampleur de la mobilisation dans le calme (qui contraste avec la violence des images précédentes), se resserre progressivement sur l’image de manifestants juchés sur la statue de la place de la République à Paris, comme pour mieux protéger un régime qui vient de vaciller.

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