vidéo -  Apostrophes

Francis Ponge et les surréalistes

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 avr. 1977

Le 8 avril 1977, dans l’émission littéraire d’Antenne 2, Apostrophes, Francis Ponge expliquait les liens qui l’unissaient au mouvement surréaliste et les raisons qui l’en ont écarté.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

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    Francis Ponge : contexte artistique

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Apostrophes
Date de diffusion du média :
08 avr. 1977
Production :
@ 1977 -  Antenne 2
Page publiée le :
06 févr. 2024
Modifiée le :
13 mars 2024
Référence :
00000005883

Contexte historique

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

Le plus grand mouvement transartistique français du XXe siècle est le surréalisme, dont la naissance est proclamée par un Manifeste publié le 15 octobre 1924. Lassé par l’apathie dans lequel se morfondent les arts, son auteur, André Breton – le pape du surréalisme – entend donner un rôle de première importance à l’inconscient, au rêve et au hasard, en lieu et place de la réflexion intellectuelle. En littérature, Les Champs magnétiques d’André Breton et Philippe Soupault ; en peinture, le Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une grenade, une seconde avant l’éveil de Salvador Dalí et, en poésie, le vers d'Éluard proclamant que la terre est bleue comme une orange participent à affranchir la pensée de ses limites.

Voilà un projet qui convient à Francis Ponge, lui, le « poète des objets », heureux de lire dès le premier paragraphe du Manifeste que l’homme, ce rêveur définitif, fait avec peine le tour des objets dont il a été amené à faire usage. Cette réappropriation du langage et ce nouvel œil posé sur le monde constituent les motivations artistiques de Ponge, qui signera le second Manifeste, publié en 1929, et écrira dans le premier numéro de ASDLR, la revue du mouvement. S’il est donc proche des surréalistes, Francis Ponge n’est pas un membre à part entière du groupe. Trop attaché à sa solitude et d’un tempérament éloigné du tapage – le credo des surréalistes –, il préfère observer avec distance et intérêt plutôt que de participer en première ligne. L’engagement politique fort qui caractérise les membres ne lui convient pas, car s’il est, comme eux, un fervent communiste, il estime cependant que son combat doit se cantonner au domaine artistique. Comme si l’art se plaçait au-dessus des idéologies. Au point qu’il quittera le PCF en 1947, sans pour autant se fâcher avec les grandes figures du surréalisme.

Éclairage média

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

En quinze ans d’existence (1975-1990), l’émission d’Antenne 2 Apostrophes est devenue le programme littéraire emblématique de la télévision française. Plus de trente ans après sa disparition, ses archives continuent à être régulièrement convoquées, tant de grands noms y sont passés : Vladimir Nabokov, Marguerite Yourcenar, Julien Gracq ou encore Charles Bukowski. Le 8 avril 1977, Francis Ponge, âgé de 78 ans, fait partie des invités, aux côtés de Robert Sabatier et de Roger Planchon.

Dans cet extrait, Bernard Pivot cherche à percer un mystère : le lien ambigu que le poète entretenait avec le groupe surréaliste. D’abord proche sans pour autant le rejoindre, Francis Ponge s’y est lié au moment où la plupart le quittaient. Le tempérament calme de Ponge, que semble ici illustrer son phrasé, ne s’accordait pas avec le tumulte des surréalistes, leur verbe haut, cette action immédiate et violente voulue par Antonin Artaud et ses comparses. Ennemi de l’emphase et amoureux du silence, il se sent néanmoins proche de leur conception artistique. Il profitera d’une rupture entre les membres, le départ de certains agitateurs (notamment de Philippe Soupault et d’Antonin Artaud) et la publication du second Manifeste, pour rejoindre le mouvement. Peu de temps néanmoins, préférant courtiser une jeune femme qui deviendra son épouse. L’amour a ses droits, et ses devoirs, comme il le rappelle avec cet humour laconique qui l’accompagne souvent en entretien.

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