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Francis Ponge et la définition sensible des choses

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 mars 1966

Dans le documentaire Vers Francis Ponge du 29 mars 1966, l’auteur explicite son lien au dictionnaire Littré, outil indispensable à sa création, mais bien insuffisant pour considérer les choses dans leur dimension sensible.  

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Casaril Guy
Générique :
Casaril Guy (Producteur)
Date de diffusion du média :
29 mars 1966
Production :
@ 1966 -  Office national de radiodiffusion télévision française
Page publiée le :
06 févr. 2024
Modifiée le :
06 févr. 2024
Référence :
00000005886

Contexte historique

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

Si Francis Ponge n’entend pas se définir comme un poète, il y a une raison simple : il ne les aime pas. Il trouve leurs sujets autocentrés et leur style plaintif. Le romantisme, qui défend l’affirmation de la voix subjective de l’artiste dans un monde qui ne lui correspond pas, s’est imposé dans la première moitié du XIXe siècle comme le modèle à suivre. Et si certains mouvements et figures s’en sont émancipés, il leur reste toujours, aux yeux de Ponge, ce culte du « moi ». On le retrouve chez Baudelaire, chez Rimbaud et même chez les surréalistes, auxquels Francis Ponge se lie pourtant. Francis Ponge n’a nullement envie de parler de lui.

Pour autant, il ne cherche pas à rabaisser la poésie ; il estime simplement que son projet ne s’inscrit pas dans sa lignée. Ainsi, il préfère se définir en qualité d’artiste en prose plutôt qu’en tant que poète en prose, ce que la postérité a toutefois retenu de lui. Ce « malentendu » date de son vivant et de l’article louangeur de Jean-Paul Sartre, qui a fait de lui le premier poète des choses.

Chez Ponge, plus que chez les autres, les mots ont un sens profond qu’il s’agit de ne pas galvauder. Quand il s’arme du Littré pour qualifier les sujets qu’il entend traiter (le cendrier, l’œillet, le galet…), il constate que ceux-ci ne sont jamais considérés dans leur essence même, mais seulement objectivés par une définition neutre, donc insatisfaisante, voire méprisante. L’art de Ponge se situe dans cet interstice entre la définition que l’homme fait de la chose et les mots que cette chose emploierait si elle avait la capacité de s’auto-analyser.

Éclairage média

Par Jean-Clément Martin BorellaJournaliste histoire et culture )

Le service de recherche de l’ORTF proposait, le 29 mars 1966, un documentaire en noir et blanc sur Francis Ponge. Il proposait un long entretien diffusé sans montage, comme pour faire écho au principe de Ponge selon lequel un brouillon peut tenir lieu d’œuvre. Il est tout de même divisé en quatre chapitres : « Êtes-vous poète ? », « Extraits du Verre d’eau », « Écrire » et « Le Pré ». L’extrait choisi constitue un moment de la première partie, dans laquelle Guy Casaril interroge Francis Ponge sur sa condition de créateur.

Alors, Francis Ponge est-il poète ? Filmé de trois-quart face, l’intéressé ne réfléchit pas longtemps. Non, il n’en a pas les qualités – comprendre les caractéristiques – et ne souhaite pas les acquérir. Puisqu’il a pris le parti des choses (le titre de l’un de ses recueils) et non des hommes, son univers d’inspiration n’est pas à chercher chez Dante ou chez Ovide, mais bien chez Littré, l’auteur du dictionnaire, érigé à une inattendue place d’inspirateur. Adepte du cratylisme, une théorie du langage établissant une correspondance entre la forme des mots (lettres, sonorité…) et leur signification, Ponge lie la connaissance scientifique à la sensibilité artistique pour décrire au mieux les choses. S’il est original dans son approche, il n’est pas le premier à chérir les dictionnaires. Théophile Gautier, le romantique lexicomane, les considérait déjà, au milieu du XIXe siècle, comme le matériel indispensable pour donner corps aux idées.

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