vidéo

La traque des FTP-MOI par les Brigades spéciales

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 févr. 1994 | Date d'évènement : 1943

Le documentaire de Patrick Rotman consacré à « l’Affiche Rouge » dans le cadre de la série des Brûlures de l’Histoire et diffusé le 22 février 1994 sur France 3 évoque la façon dont les Brigades spéciales ont traqué et démantelé les FTP-MOI au cours de l’année 1943.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Muel Christophe, Mugnerot Robert
Générique :
Rotman Patrick (Journaliste), Adler Laure (Journaliste)
Date de l'évènement :
1943
Date de diffusion du média :
22 févr. 1994
Production :
@ 1994 -  France 3
Page publiée le :
26 janv. 2024
Modifiée le :
30 janv. 2024
Référence :
00000005887

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Pour traquer les communistes, le régime de Vichy s’appuie sur les Brigades spéciales (BS) une institution créée à l’automne 1939 dans le contexte de l’interdiction du PC par le gouvernement Daladier. Deux des trois grandes directions actives de la Préfecture de Police, les Renseignements généraux (RG) et la police municipale (PM), possèdent leurs propres « brigades spéciales ». Seule la police judiciaire (PJ) en est dépourvue. Les inspecteurs de la Brigade spéciale des RG mènent les enquêtes et organisent les filatures alors que les Brigades spéciales de la police municipale, composées de cinq à six gardiens de la paix en civil, interviennent sur le terrain, opérant des contrôles inopinés sur la voie publique, dans les gares, les cafés et le métro.

À partir de janvier 1942, deux BS fonctionnent au sein des RG. Elles sont dirigées par deux jeunes commissaires zélés et ambitieux : le commissaire Fernand David (34 ans en 1941) pour la BS 1 ; le commissaire René-Jean Hénocque (35 ans) pour la BS 2. Composées chacune d’une centaine d’inspecteurs, divisées en une dizaine d’équipes, ces deux Brigades spéciales agissent dans un climat idéologique particulier marqué par une xénophobie et un anticommunisme virulents.

Les BS s’avèrent très efficaces dans leur façon de mener les filatures. Une fois qu’une personne est repérée, l’objectif consiste à identifier ses planques, ses contacts et ses lieux de rendez-vous, afin d’opérer des rapprochements et de dresser des organigrammes détaillés des groupes clandestins. Des camions bâchés postés à des endroits stratégiques permettent de procéder à une surveillance discrète. Des policiers peuvent également être camouflés en ouvriers, employés des PTT ou de la RATP, voire en clochards pour ne pas être repérés.

Les BS travaillent enfin en étroite collaboration avec les services policiers allemands afin de démanteler des groupes de guérilla qui entretiennent un sentiment d’insécurité important au sein des troupes d’occupation. Les comptes rendus d’enquêtes menées par les Brigades spéciales sont systématiquement transmis au chef de la Gestapo en France, Karl Bömelburg.

Au cours de l’année 1943, les BS orientent leurs recherches vers les organisations communistes les plus impliquées dans les attentats contre les forces allemandes et ciblent particulièrement les FTP-MOI. Trois grandes filatures sont menées. La première entraîne le démantèlement au cours du printemps 1943 de l’organisation communiste de la jeunesse juive, la seconde, au cours de l’été 1943, celui de la branche politique de la MOI. La troisième, entamée en juillet 1943, permet aux BS de repérer différents combattants des FTP-MOI et de remonter jusqu’à la direction de l’organisation en identifiant le chef militaire des FTP-MOI de la région parisienne, Missak Manouchian, et son supérieur au sein des FTP, le colonel Gilles (Joseph Epstein). Les deux hommes sont arrêtés alors qu’ils avaient rendez-vous à Evry-Petit-Bourg le 16 novembre.  

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Diffusé en 1994, le documentaire de Patrick Rotman consacré à « l’Affiche rouge » intervient une dizaine d’années après la diffusion d’un autre documentaire, celui de Mosco Boucault, intitulé Des Terroristes à la retraite (1985), qui déclencha une très vive polémique autour des conditions de l’arrestation de Missak Manouchian. Plusieurs intervenants, parmi lesquels figuraient Mélinée Manouchian, accusaient plus ou moins directement la direction du parti communiste de l’époque d’avoir lâché les FTP-MOI de la région parisienne et d’être ainsi directement responsables de leur arrestation.

Patrick Rotman s’appuie pour sa part sur l’expertise de l’historien Stéphane Courtois, spécialiste de l’histoire du Parti communiste sous l’Occupation et auteur avec Denis Peschanski et Adam Rayski de l’ouvrage Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, publié aux éditions Fayard en 1989. Ayant eu accès aux archives de la préfecture de police de Paris et à l’ensemble des rapports rédigés par les Brigades spéciales au sujet des FTP-MOI, Courtois insiste pour sa part sur le travail policier des Brigades spéciales dont les filatures se sont révélées terriblement efficaces. C’est donc bien en premier lieu le savoir-faire des Brigades spéciales qui fut responsable de la chute de Missak Manouchian et de ses hommes. La volonté du réalisateur Patrick Rotman et de son conseiller historique Stéphane Courtois de dépasser les polémiques liées à la diffusion des Terroristes à la retraite explique l’importance consacrée dans le documentaire à la traque des FTP-MOI par les Brigades spéciales et l’évocation précise des différentes identifications en cascade qui ont permis de mener entre juillet et octobre 1943 les policiers sur les traces de Missak Manouchian et de Joseph Epstein.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème