vidéo

L’arrestation et la trahison de Joseph Davidovitch, commissaire politique des FTP-MOI

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 févr. 1994 | Date d'évènement : 1943

Trois acteurs des FTP-MOI ayant survécu à l’Occupation, Simon Rayman (ou Rajman), Boris Holban et Cristina Boico, évoquent les conséquences de l’arrestation et de la trahison de Joseph Davidovitch dans le démantèlement de l’organisation en novembre 1943.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Muel Christophe, Mugnerot Robert
Générique :
Adler Laure (Journaliste), Rotman Patrick (Journaliste)
Date de l'évènement :
1943
Date de diffusion du média :
22 févr. 1994
Production :
@ 1994 -  France 3
Page publiée le :
26 janv. 2024
Modifiée le :
30 janv. 2024
Référence :
00000005888

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Spécialisées dans la traque des communistes depuis leur institution à l’automne 1939, au lendemain de l’interdiction du parti, les Brigades spéciales des Renseignements généraux de la préfecture de police de Paris voient leurs moyens considérablement renforcés par le régime de Vichy. Elles orientent en 1943 leurs recherches vers les organisations communistes les plus impliquées dans les attentats contre les forces allemandes et ciblent particulièrement les FTP-MOI. Plusieurs filatures leur permettent de repérer et de « loger » un certain nombre de combattants de l’organisation, sans toutefois connaître leur identité. Repéré à Ivry-sur-Seine, Joseph Boczov figure par exemple dans les rapports de police sous le nom « d’Ivry ». Il est filé le 24 septembre, lorsqu’il rencontre à Bourg-la-Reine Missak Manouchian, qui est pour la première fois repéré par les Brigades spéciales et devient « Bourg ». Le 26 octobre, la BS 2 des Renseignements généraux arrête à Conflans-Saint-Honorine l’un des membres de la direction des FTP-MOI de la région parisienne, Joseph Davidovitch (ou Dawidowicz). Ce militant communiste polonais arrivé en France en 1925 après avoir fui son pays d’origine, exerce la double fonction de commissaire politique et de trésorier des FTP-MOI de la région parisienne. Il participe donc à ce titre au triangle de direction de l’organisation, aux côtés de Missak Manouchian, le responsable militaire. Une perquisition à son domicile, rue Auguste Blanqui, à Choisy-le-Roi, permet aux policiers de découvrir différents documents : des tracts, mais aussi des listes d’effectifs et des rapports d’activités des FTP-MOI. Un document se révèle particulièrement important pour les enquêteurs : une liste datée de septembre 1943 comportant tous les membres des différents détachements de la FTP-MOI avec les premières lettres de pseudonymes et numéros de matricule. Ayant subi plusieurs interrogatoires musclés, Davidovicth craque et livre aux policiers l’intégralité des noms qui correspondent aux numéros de matricules. Les Brigades spéciales peuvent ainsi mettre une identité sur les différents pseudonymes qui étaient utilisés jusqu’alors dans leurs rapports pour qualifier les combattants de la FTP-MOI et qui prenaient pour référence les lieux où ils avaient été repérés. Après avoir été transféré à Fresnes, Davidovitch est libéré, sans doute contre la promesse de continuer à trahir ses anciens camarades pour le compte des Brigades spéciales. Alors qu’il explique s’être évadé pour reprendre sa place au sein de l’organisation clandestine, Davidovitch est très vite soupçonné d’avoir trahi. Les FTP-MOI décident de l’exécuter le 28 décembre 1943.    

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Pour évoquer la trahison de Davidovitch et ses conséquences dans l’arrestation de Missak Manouchian et le démantèlement de la branche parisienne des FTP-MOI, le réalisateur Patrick Rotman mobilise les témoignages de trois acteurs qui ont pu être les témoins directs de l’événement. Simon Rayman, le jeune frère de Marcel, l’un des membres de l’équipe spéciale, a été arrêté lors du coup de filet opéré par les Brigades spéciales en novembre 1943. Emmené dans les locaux de la préfecture de police, il a pu assister aux interrogatoires. L’un des combattants FTP-MOI arrêté lui glisse que la trahison de Davidovitch est à l’origine de l’arrestation du groupe. Boris Holban était le chef militaire des FTP-MOI avant que Missak Manouchian ne lui succède en août 1943. Il reprend cette fonction après l’arrestation de Missak le 16 novembre. Cristina Boico était responsable du service de renseignement des FTP-MOI. Boris Holban et Cristina Boico ont joué un rôle important dans l’exécution de Davidovitch le 28 décembre 1943. Leur témoignage est intéressant sur la façon dont était organisée l’élimination des traîtres par les services spéciaux du Parti communiste. La personne soupçonnée est convoquée à une réunion du Parti qui se transforme en un interrogatoire musclé pour lui faire avouer sa trahison. Une sorte de tribunal improvisé prononce ensuite une condamnation à mort, immédiatement suivie de l’exécution. Plusieurs dizaines de traîtres ou de renégats du Parti furent éliminés de la sorte par l’appareil communiste sous l’Occupation.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème