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L’exécution du colonel Julius Ritter le 28 septembre 1943

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1994 | Date d'évènement : 28 sept. 1943

Un épisode des Brûlures de l’Histoire du 22 février 1994 – soit 50 ans après l’exécution de Missak Manouchian et de 22 autres FTP-MOI – intitulé « L’Affiche rouge » et diffusé sur France 3, revient sur l’exécution le 28 septembre 1943 au cœur de Paris par un commando de FTP-MOI du colonel allemand Julius Ritter, représentant de Fritz Sauckel en France et chargé à ce titre de superviser le service du travail obligatoire (STO).

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Muel Christophe, Mugnerot Robert
Générique :
Rotman Patrick (Journaliste), Adler Laure (Journaliste)
Date de l'évènement :
28 sept. 1943
Date de diffusion du média :
1994
Production :
@ 1994 -  France 3
Page publiée le :
26 janv. 2024
Modifiée le :
29 janv. 2024
Référence :
00000005891

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

De leur création en juin 1942 jusqu’à leur démantèlement en novembre 1943, les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans-Main d’œuvre immigrée) de la région parisienne ont procédé à 229 actions prenant la forme de sabotages, déraillements de trains, attentats contre des officiers allemands ou des collaborateurs, attaques de patrouilles ou de convois allemands. Au cours des trois mois qui ont vu Missak Manouchian être le chef militaire de l’organisation, d’août à novembre 1943, une soixantaine d’actions sont recensées. La plus spectaculaire est l’exécution du colonel Ritter le 28 septembre 1943.

Depuis plusieurs semaines, l’équipe spéciale des FTP-MOI qui a été constituée au cours de l’été 1943 pour mener les actions les plus spectaculaires, est à la recherche d’une cible importante, afin de mener une action qui aurait un grand retentissement. Formée de combattants figurant parmi les plus entreprenants et les plus expérimentés, l’équipe spéciale est composée de Marcel Rayman, Raymond Kojiysky et Spartaco Fontano, agissant sous les ordres de Léo Kneler, un antinazi allemand ayant combattu dans les Brigades internationales lors de la guerre civile d’Espagne. Le 28 juillet, une attaque est perpétrée contre le commandant du Grand Paris, le général Ernst von Schaumburg, dont la signature figure au bas de tous les avis d’exécution de résistants. Mais l’opération échoue, car le général ne se trouve pas ce jour-là dans sa voiture. Au cours des semaines suivantes, le service de renseignement des FTP repère les allers-retours depuis son domicile situé rue Pétrarque dans le XVIᵉ arrondissement de Paris d’un haut-gradé allemand, sans arriver à découvrir son identité. Le 28 septembre 1943, vers 8 h 30, les membres de l’équipe spéciale attaquent l’officier devant son domicile alors qu’il s’apprête à monter en voiture. Célestino Alfonso tire le premier, mais manque sa cible. L’officier allemand essaye de se dégager en sortant de son véhicule, mais tombe sur Marcel Rayman qui l’achève de trois balles. Le corps de la victime est placé par les Allemands dans une chapelle ardente à l’intérieur du musée de l’Orangerie jusqu’à ses funérailles le 2 octobre. Les FTP-MOI apprennent alors par la presse qu’ils viennent d’exécuter Julius Ritter, qui représente en France Fritz Sauckel, plénipotentiaire du Reich pour la main-d’œuvre. Ritter s’occupait de superviser les réquisitions de travailleurs au titre du STO. Cette exécution d’un haut dignitaire nazi eut un retentissement considérable. À Berlin, Hitler décide une journée de deuil national. Himmler ordonne à son représentant à Paris, Carl Oberg, d’intensifier la lutte contre ceux que les Allemands nomment les terroristes. Les fusillades d’otages, qui avaient cessé en France depuis l’automne 1942, reprennent. En représailles à la mort de Julius Ritter, cinquante otages emprisonnés au fort de Romainville sont fusillés au Mont Valérien le 2 octobre 1943.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Pour évoquer l’exécution de Julius Ritter dans son documentaire consacré à l’histoire des FTP-MOI et du procès dit de « l’Affiche rouge », le réalisateur Patrick Rotman a pu utiliser le témoignage de Cristina Boico qui, du fait de ses fonctions à la tête du service de renseignement des FTP-MOI de la région parisienne sous le pseudonyme de « Monique », a participé en amont à la préparation de l’attentat.

Originaire de Roumanie, Cristina Boico s’est exilée en France à la suite de son expulsion, à cause de son engagement communiste, de la faculté de médecine de Bucarest en 1937. Sous l’Occupation, poursuivant ses études à la Sorbonne, elle entre en contact avec la Résistance qui se développe en milieu étudiant, rejoint la section roumaine de la MOI puis en 1942 les FTP. Aux côtés du responsable militaire Boris Holban, elle participe à la création du service de renseignement des FTP-MOI, chargé de repérer de possibles objectifs d’action contre l’occupant. C’est elle qui organise la filature du colonel Ritter jusqu’à son exécution le 28 septembre. Son témoignage est important à plusieurs titres. Il permet de comprendre les événements d’un autre point de vue que celui donné par les archives dites de la répression (rapports de police) et montre que, pour comprendre l’histoire de la Résistance, les témoignages sont essentiels. Cristina Boico explique comment Ritter fut repéré et suivi au cours des semaines qui ont précédé son exécution, témoignant ainsi de la façon dont étaient préparées les actions des FTP-MOI. Son récit montre également quelle était la place des femmes au sein de la lutte armée. Si elles ne participaient pas directement aux actions dès lors que la lutte armée était le domaine des hommes, elles n’en avaient pas moins un rôle important dans leur préparation et leur organisation. Enfin, Cristina Boico insiste bien sur le fait que, tout en ayant conscience d’avoir abattu un officier allemand important, les membres de l’équipe spéciale ne connaissaient pas l’identité de Julius Ritter au moment de l’attentat. Ils ne l’apprirent que par la suite, grâce à la presse de l’époque.  

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