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Iran : prise de pouvoir par les partisans de Khomeyni en février 1979

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 févr. 1979 | Date d'évènement : 1979

Cet extrait du journal télévisé de 20 heures d’Antenne 2, diffusé le 12 février 1979, revient à Téhéran sur les deux jours d'insurrection sanglante qui ont mené à la victoire de l'ayatollah Khomeyni.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Présentateurs/Présentatrices :
Poivre d'Arvor Patrick
Générique :
Chatenay Philippe (Journaliste)
Date de l'évènement :
1979
Date de diffusion du média :
12 févr. 1979
Copyright :
1979
Année de production :
1979
Page publiée le :
19 mars 2024
Modifiée le :
29 mars 2024
Référence :
00000006005

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Arrivé au pouvoir en 1941, le chah Mohammad Reza Pahlavi accepte tout d’abord un certain pluralisme politique. À la suite de la crise de 1953, provoquée par la nationalisation des compagnies pétrolières et close par le renversement de Mossadegh, le chah (titre porté par l’empereur d’Iran) instaure toutefois progressivement un régime autoritaire. Face aux contestations, il s’appuie sur deux piliers : l’armée d’une part, qui bénéficie de financements extrêmement importants et forte de 400 000 hommes, et la Savak, l’organisation pour le renseignement et la sécurité nationale, d’autre part.

D’importants troubles émergent en 1978 en raison du durcissement du régime (instauration d’un parti unique en 1975, projets mégalomaniaques du chah) et de la nette dégradation de la conjoncture économique. Le régime hésite entre répression violente (plusieurs centaines de morts lors de la fusillade du « vendredi noir » le 8 septembre 1978 à Téhéran) et concessions trop tardives à ses opposants (arrestation de Amir Abbas Hoveida, Premier ministre du chah pendant plus de douze ans). Cette contestation est portée à la fois par les milieux libéraux, par des marxistes et par les islamistes partisans de l’ayatollah Khomeyni.

Lâché par ses alliés occidentaux, le chah quitte le pays à la mi-janvier 1979 tandis que Khomeyni, jusqu’alors en exil, rentre triomphalement à Téhéran le 1er février. Les groupes révolutionnaires prennent le contrôle du pays à la mi-février et un gouvernement provisoire de compromis, dirigé par Mehdi Bazargan, est mis en place. Dans les mois qui suivent, Khomeyni parvient toutefois à éliminer les autres groupes révolutionnaires et à s’imposer comme la seule autorité à la tête de la nouvelle « République islamique d’Iran », proclamée par référendum en avril 1979.

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Cet extrait du journal télévisé de 20 heures d’Antenne 2, diffusé le 12 février 1979, illustre bien les difficultés que peuvent rencontrer les journalistes pour rendre compte d’une situation révolutionnaire. Et d’autant plus ici : le journaliste de l’antenne a été directement agressé par les forces restées fidèles au chah.

L’ampleur des bouleversements politiques induits par la révolution est bien perçue : le journaliste en plateau, Patrick Poivre d’Arvor (PPDA), souligne que l’Iran « a définitivement changé de visage ». Le rôle central, dans le renversement du chah, de l’ayatollah Khomeyni – qui deviendra ensuite la figure incontestée du nouveau régime jusqu’à sa mort en 1989 – est également souligné. C’est d’ailleurs symboliquement l’image de son portrait accroché sur le palais du chah et embrassé par un révolutionnaire qui ouvre le reportage proprement dit.

Toutefois, les rapports de force internes aux révolutionnaires sont encore incertains : la formule de PPDA « une seule loi : celle du Coran ; un seul régime : celui de M. Bazargan » apparaît prématurée. Mehdi Bazargan est d’ailleurs très rapidement marginalisé par Khomeyni. Un certain nombre d’éléments apparaissent difficiles à vérifier, d’où l’emploi à plusieurs reprises du conditionnel et la mention de fausses rumeurs (telle celle du suicide de l’éphémère Premier ministre du chah Chahpur Bakhtiyar) ou « impossibles à expliquer » en l’état (comme l’effondrement de l’armée).

Le reportage se focalise largement sur la situation de « chaos » qui règne en Iran. Le commentaire insiste sur la violence et le désordre en parlant d’« insurrection sanglante », d’une « foule qui […] pille » et met « à sac » etc. L’envoyé spécial, Philippe Chatenay, précise que le cameraman qui l’accompagne, Bernard Berliet, a été passé à tabac par des membres de la garde impériale. Les images concourent également à l’impression de chaos : elles sont de relativement mauvaise qualité, les scènes ne sont pas toujours faciles à interpréter, mais elles montrent quasiment systématiquement des hommes armés. Ce sont surtout les images les plus symboliques (la tête d’une statue du chah coupée et menacée d’un pistolet, un reste de statue à terre frappé par les révolutionnaires) qui peuvent être immédiatement comprises par le spectateur.

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