Glières, l'esprit de résistance. 1/4 : la déchirure

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 mai 2007 | Date d'évènement : 1944

En 2007, à l’occasion des commémorations du 8 Mai et de la fin de la Seconde Guerre mondiale, France 3 Grenoble consacre une série sur l’histoire du maquis des Glières, en Haute-Savoie. Le premier épisode, intitulé « la déchirure », évoque la radicalisation de la répression menée par Vichy en janvier 1944 et la mise en état de siège du département.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Libération de la France : aspects militaires

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Glières, l'esprit de résistance
Générique :
Morel Patrice (Journaliste)
Date de l'évènement :
1944
Date de diffusion du média :
07 mai 2007
Production :
@ 2007 -  France 3
Page publiée le :
07 mai 2024
Modifiée le :
02 août 2024
Référence :
00000006019

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

À la fin de 1943, le préfet de la Haute-Savoie, Charles Marion, évoque un « climat de pré-guerre civile » pour qualifier la situation dans son département alors que la Résistance défie ouvertement par ses actions le pouvoir en place. Pour tenter d’éradiquer la résistance locale, les autorités de Vichy décident, à la fin du mois de janvier 1944, la mise en état de siège du département. Pour seconder le préfet Marion, un intendant de police, le colonel de gendarmerie Lelong, arrive à Annecy le 25 janvier. Le chef de la Milice – organisation paramilitaire développée par Vichy pour lutter contre ses ennemis –, Joseph Darnand, récemment nommé secrétaire d’État au Maintien de l’ordre, lui octroie les pleins pouvoirs policiers. Des forces considérables sont mobilisées. Lelong peut compter sur un total d’environ 3 000 hommes, qui se décomposent comme suit : 1 125 gendarmes (19 pelotons), 906 gardes (12 escadrons), 790 GMR (Groupes mobiles de réserve), 250 miliciens et 35 policiers du service de répression des menées antinationales. 

Le 31 janvier 1944, l’intendant de police fait afficher une proclamation sur les murs des villes et villages du département, annonçant l’état de siège à la population : La recrudescence des attentats terroristes dans votre département, l’insécurité de plus en plus grande qui y règne ont amené le Gouvernement à envisager son épuration et sa pacification. Des mesures sévères vont être prises […] tout individu pris les armes à la main ou détenteur d’armes ou d’explosifs sera immédiatement traduit devant la cour martiale, jugement sans appel et exécutoire dans les 24 heures.

Du fait de l’état de siège, l’étau se resserre sur les nombreux maquis qui se sont développés dans le département depuis 1943. Plusieurs camps sont démantelés au cours du mois janvier (notamment le camp du Thuy, le 26 janvier). Cette situation accélère le rassemblement de maquisards sur le plateau des Glières où l’Armée secrète – mouvement de Résistance fondé en septembre 1942 – a décidé de constituer une équipe permanente sous la direction de Tom Morel afin de réceptionner les parachutages promis par le Premier ministre britannique Winston Churchill.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

En mars 2007, Nicolas Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle, effectue une visite sur le plateau des Glières, à quelques semaines du premier tour. Il donne ainsi une résonance importante aux commémorations qui se déroulent chaque année sur le site en hommage aux maquisards des Glières. 

À cette occasion, France 3 Grenoble décide de revenir sur l’histoire de ce maquis au travers d’une série en quatre épisodes. Le premier volet, intitulé « La déchirure », est consacré à la radicalisation de la répression menée par le régime de Vichy et à ses conséquences pour la Résistance.

Pour rendre compte de l’application de la loi martiale dans le département, le reportage évoque les principaux lieux de la répression. Annecy devient une « gigantesque prison ». De nombreux bâtiments servent en effet de lieu d’internement, d’interrogatoire et de torture, notamment l’école Saint-François, la villa Schmidt, la caserne Galbert et le camp Novel. Le siège de la Milice française se trouve aux Marquisats, qui sert également de lieu de torture. Le reportage évoque surtout, images à l’appui, l’hôtel du Savoie-Léman à Thonon-les-Bains, réquisitionné par la Milice pour lui servir de poste de commandement, mais aussi de centre d’internement et d’interrogatoire pour les prisonniers. 

Le commentaire souligne le climat très lourd et « l’atmosphère étouffante » qui règnent dans le département du fait de l’instauration de l’état de siège. Les conditions de circulation et de communication sont considérablement réduites : un couvre-feu est instauré de 20 heures à 6 heures ; des opérations de contrôle et de criblage sont mises sur pied afin de repérer toutes les personnes susceptibles de se trouver en situation irrégulière. 

Le reportage s’appuie enfin sur les entretiens réalisés en 2004, à l’occasion du 50e anniversaire des Glières, avec quatre rescapés qui témoignent de la brutalité de la répression menée par Vichy. Ancien déporté, Louis Donche évoque les tortures de la Milice dont il a été témoin au Savoie-Léman à Thonon. Constant Paisant, FTP (Francs-tireurs et Partisans) rescapé du maquis des Glières, témoigne du climat de « guerre civile » du fait de la répression menée par Vichy. Alphonse Métral, ancien maquisard des Glières, compare les miliciens à des « croisés aveuglés par la lutte contre le bolchevisme ». Jean Bosse, ancien résistant à Annecy, les qualifie de « fumiers » et de « salauds ». Une distinction est toutefois faite dans le reportage entre les Groupes mobiles de réserve, des unités de police mobile créées en 1941, dont les membres ne montraient pas toujours le plus grand zèle, et la Milice, qui agissait au contraire contre les résistants par idéologie et fanatisme.

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