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Libération de la France : aspects militaires

Copyright de l'image décorative: Us Army - Photos Normandie - Creative commons

Débarquement d'une unité britannique depuis un LCA, probablement lors d'un exercice en Algérie – les soldats portant le short très commun en Afrique. Ils ont en revanche le casque Mk3 qui commence par équiper les troupes de l'opération Overlord.
Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance
Publication : 25 juil. 2024 | Mis à jour : 31 juil. 2024
Temps de lecture : 6 min

Niveaux et disciplines

Après quatre années d'occupation allemande de la France, les Alliés réussissent à planifier une contrattaque : un débarquement sur les côtes normandes en juin 1944, puis un autre en Provence en août 1944. Ces événements galvanisent la Résistance intérieure, dont les combattantes et les combattants participent à cet élan de libération. À l'insurrection, côté français, répond la répression, côté allemand.

Le tournant de la guerre au cours de l’automne 1942, avec les premières victoires alliées, laisse entrevoir la possibilité d’un débarquement sur les côtes françaises dès 1943. Mais, conscient que l’entreprise serait difficile alors que les Allemands renforcent leurs défenses avec le mur de l’Atlantique, Churchill privilégie une stratégie périphérique en lançant une opération militaire en Sicile le 10 juillet 1943. Grâce à une insurrection déclenchée en Corse et appuyée par des troupes envoyées depuis Alger, l’île fait figure de premier territoire français libéré en octobre 1943. C’est à la conférence de Téhéran, qui se tient du 28 novembre au 1er décembre 1943, que le principe d’un débarquement en France est décidé par les Alliés.

Préparatifs

Au début 1944, Churchill décide d’intensifier les parachutages à destination de la résistance française afin qu’elle puisse s’armer en vue des combats à venir. Cette décision est à l’origine d’un rassemblement de maquisards, fin janvier 1944, sur le plateau des Glières (Haute-Savoie), lieu choisi pour réceptionner les parachutages. L’imminence d’un assaut général de l’armée allemande amène les maquisards à se disperser dans la soirée du 26 mars.

Date de la vidéo: 1944 Collection:  - Office français d'informations cinématographiques

Ceux du maquis

     

Le maquis des Glières

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Avec la fin de l’hiver, la Résistance connaît une veillée d’armes, c'est-à-dire qu'elle inaugure une intense phase de préparation. Pour mieux coordonner leurs opérations avec celles des Alliés, les groupes armés (maquis, corps francs) sont intégrés dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI), qui se préparent à passer à l’action alors que le débarquement est espéré pour le printemps. 

D-Day

Le 6 juin 1944 a lieu l’événement tant attendu, en Normandie. Mobilisant près de 7 000 navires transportant une première vague de 150 000 combattants, Overlord est la plus grande opération maritime de l’histoire. Même si les Alliés se heurtent à une forte résistance allemande, notamment dans le secteur d'Omaha Beach, une tête de pont est constituée sur le sol français dès le soir du 6 juin. Persuadé qu’un débarquement plus important interviendrait dans le Pas-de-Calais, Hitler refuse d’engager toutes ses réserves sur le littoral normand. En réalité, le Führer a été trompé grâce à l’opération Fortitude, un immense coup de bluff habilement mené par les Alliés qui sont allés jusqu’à stationner une armée fictive constituée de chars gonflables dans le sud-est de l’Angleterre, face aux côtes françaises.

Insurrection et répression

Le Débarquement du 6 juin 1944 déclenche aussitôt une insurrection dans toute la France. En complément des bombardements alliés, près d’un millier de sabotages interviennent pour paralyser les communications et les transports allemands, c’est le Transportation Plan. Des villes sont attaquées, des territoires libérés. Dans les Hautes-Alpes, Barcelonnette est la première sous-préfecture temporairement libérée le 7 juin (la ville sera reprise par les Allemands la semaine suivante). Dans le Vercors, le 9 juin, le maquis verrouille le plateau afin d’en contrôler les accès. Les groupes de résistants de l’Ain investissent Nantua et Oyonnax. Dans le Centre, les FFI attaquent la garnison allemande de Guéret (Creuse) tandis que les maquis FTP (Francs-Tireurs et Partisans) de Corrèze lancent une attaque générale à Tulle.

 

Le maquis du Vercors

 

Mais alors que les Alliés s’enlisent en juin 1944 dans le bocage normand (« bataille des haies »), l’armée allemande ne s’effondre pas et tient bon. Elle parvient même à mener une contre-offensive pour reprendre le contrôle des territoires temporairement libérés, tout en multipliant les massacres de civils comme à Tulle (Corrèze) le 9 juin, à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) le 10 juin ou à Vassieux-en-Vercors (Drôme) le 21 juillet.

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Retraite allemande et victoires alliées

La percée d’Avranches (Manche) le 31 juillet marque un tournant dans la bataille de Normandie et permet aux Alliés de commencer leur progression vers l’est et Paris. Les troupes britanniques et américaines reçoivent le renfort de la 2e division blindée (2e DB) du général Leclerc qui débarque à Utah Beach le 1er août.

Date de la vidéo: 1943

Marche de la 2e DB (création 1943)

La réussite du débarquement en Provence le 15 août 1944 (opération Dragoon), auquel participe l’armée B (future 1re armée française) du général de Lattre de Tassigny, donne un avantage décisif aux Alliés. Hitler ordonne le 17 août un repli général des troupes stationnées en France.

Dans toutes les régions du sud de la France, une nouvelle insurrection se déclenche, comme celle qui avait eu lieu après le 6 juin, mais dans un contexte différent du fait de la retraite allemande. Dans le Sud-Est, ce soulèvement facilite la remontée de la vallée du Rhône par les Alliés. Grenoble est libérée le 22 août, Lyon le 3 septembre, alors que l’état-major allié estimait que plusieurs mois seraient nécessaires pour atteindre ces deux villes. Dans le Sud-Ouest, les FFI assiègent les garnisons isolées. Brive-la-Gaillarde (Corrèze) est la première ville de France à se libérer grâce aux seules forces de la Résistance, le 15 août 1944. Au nord, alors que les troupes alliées se rapprochent de Paris, l’insurrection y éclate le 18 août. Après plusieurs jours de combats, l’entrée dans la capitale des unités de la 2e DB permet de libérer Paris le 25 août.

Date de la vidéo: 2018 Collection:  - La Grande Explication

La Libération de Paris

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Le 12 septembre 1944, les troupes alliées progressant depuis la Normandie et celles venant de Provence font leur jonction dans le secteur de Dijon. Strasbourg est libérée en novembre. Un temps stoppées par la tentative de contre-offensive allemande dans les Ardennes en décembre, les troupes alliées franchissent le Rhin et les défenses de la ligne Siegfried en février 1945. La poche de Colmar (Alsace) formée depuis novembre 1944 est libérée le 9 février 1945. Il ne reste plus à cette date que quelques points de résistance allemands constitués autour des ports érigés en forteresse (Festung) comme à Dunkerque, Lorient ou Saint-Nazaire. Ils se rendent entre le 8 et le 11 mai 1945, après l’annonce de la capitulation du IIIe Reich.

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