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Libération de la France : contexte politique

Copyright de l'image décorative: Imperial War Museum

Le général de Gaulle dans les rues de Bayeux en 1944.
Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance
Publication : 26 juil. 2024 | Mis à jour : 31 juil. 2024
Temps de lecture : 5 min

Niveaux et disciplines

La libération de la France ne s’est pas accompagnée d’un vide politique qui aurait pu être provoqué par l’effondrement brutal du régime de Vichy et de son administration. La prise du pouvoir a été préparée en amont par la Résistance. 

Incarnant une forme de parlement clandestin de la Résistance sur le sol français, où sont représentés les principaux mouvements, partis politiques et syndicats, le Conseil national de la Résistance (CNR), constitué en mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin, se dote d’un programme en mars 1944 et le diffuse sous la forme d’une brochure portant le titre Les Jours heureux.

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Le Conseil national de la Résistance

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L’État clandestin : le CNR

Ce programme prévoit un « plan d’action immédiate » à mettre en œuvre dans le cadre de l’insurrection qui se déclencherait avec le débarquement allié ainsi que des mesures à prendre une fois que le pays serait libéré. Outre le retour des principales libertés et de la démocratie, le CNR propose des réformes de structure comme « le retour à la nation des grands moyens de production » ou la mise en place de la « sécurité sociale pour tous » afin de développer un nouveau modèle économique et social.

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Le CFLN et les ordonnances d’Alger

Formé à Alger le 3 juin 1943, le Comité français de la libération nationale (CFLN), présidé par le général de Gaulle, planifie également le rétablissement de la République et adopte toute une série d’ordonnances qui s’appliquerait à la Libération comme le fait d’accorder le droit de vote aux femmes, l’institution de cours de justice chargées de juger les collaborateurs ou la mise en place de dix-sept commissaires de la République dont l’autorité s’exercerait sur les préfectures régionales créées par Vichy. Des figures incontestées de la Résistance, comme Raymond Aubrac (Marseille), Michel Debré (Angers) ou Yves Farges (Lyon), sont choisies pour exercer cette fonction cruciale. L’ordonnance du 10 janvier 1944 leur assigne quatre grandes missions : assurer la sécurité de l’État, rétablir la légalité républicaine, administrer le territoire et satisfaire les besoins de la population. Ces commissaires de la République jouent un rôle de premier plan au cours des semaines qui suivent le Débarquement en imposant immédiatement sur le terrain une présence gaulliste pour éviter une situation d’incertitude qui aurait pu profiter aux communistes. Le but est également d’éviter que les Américains mettent en œuvre les projets d’administration de la France développés dans le cadre de l’AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories), organisation qui avait pour mission d’instaurer un gouvernement militaire d’occupation afin d’assurer l’administration civile des territoires libérés.

Date de la vidéo: 2019 Collection:  - La Grande Explication

Le droit de vote des femmes

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Les CDL, incarnation du pouvoir local à la Libération

Des pouvoirs locaux issus de la Résistance sont aussi constitués pour assurer la transition du pouvoir à l’échelle d’une ville ou d’un département, avant que ne puissent se tenir les premières élections démocratiques des municipalités et conseils généraux, en avril 1945. Nés dans la clandestinité, constitués de représentants de toutes les forces résistantes, les comités locaux de libération (CLL) et comités départementaux de libération (CDL) ont été des acteurs importants de la Libération sur le plan local. De Gaulle souhaite limiter les pouvoirs de ces instances susceptibles de contrecarrer le rétablissement d’un pouvoir central fort, d’autant que les communistes y sont souvent majoritaires. Dans certaines régions du Sud-Ouest ou du Centre, où des territoires ont été libérés par les FFI avant l’arrivée des troupes alliées, CLL et CDL sont, au moment de la Libération, en position de force pour prendre le pouvoir avant même que les représentants du pouvoir central (commissaires de la République et préfets) ne soient en mesure de s’imposer. Ils s’arrogent alors, en matière de ravitaillement et d’épuration, des pouvoirs excédant ceux dans lesquels le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), qui succède le 3 juin 1944 au CFLN, souhaitait les cantonner.

Des tensions apparaissent dans plusieurs régions au cours de l’été 1944 entre pouvoirs locaux et représentants de l’État. Elles ne dureront pas. L’automne 1944 marque une reprise en main du pouvoir gaullien grâce, d’une part, à la portée symbolique des voyages effectués en province par le général de Gaulle et, d’autre part, à l’alignement des communistes qui, derrière Maurice Thorez, le secrétaire général du PCF revenu de Moscou le 27 novembre 1944, acceptent de jouer le jeu de l’union nationale.

Le retour aux partis politiques traditionnels

Si la Résistance pèse lourd sur un plan symbolique au sortir de la guerre, elle ne parvient pas à s’imposer comme une force nouvelle capable de redessiner le paysage politique, ainsi que l’espéraient certains de ses membres. Avec le retour au premier plan des partis traditionnels, la Résistance s’efface alors petit à petit. Les pouvoirs résistants qui s’étaient constitués dans la clandestinité (CCl et CDL) et qui avaient assuré une forme de transition sur le plan local au moment de la Libération, disparaissent au début de l’année 1945. L’organisation des premières élections démocratiques de l’après-guerre permet d’élire de nouvelles municipalités dans toute la France (à l’exception de l’Alsace-Moselle et de Belfort) au printemps 1945. Ce scrutin, qui est également le premier en France auquel les femmes ont le droit de voter, donne la victoire aux trois grands partis de gauche unis dans le cadre du tripartisme : le PC, la SFIO et le Mouvement républicain populaire (MRP).

 

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