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Le résistant Jean Moulin évoqué par sa sœur Laure

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 mai 1965

En 1965, un an après l’entrée de Jean Moulin au Panthéon, sa sœur Laure évoque des épisodes de la vie de son frère pendant la guerre : à Chartres en 1940, son retour en France après sa rencontre avec de Gaulle début 1942, la dernière fois qu’elle l’a vu. Dubuisson, ancien maquisard, évoque ce que représentait Jean Moulin pour les résistants de la base.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 mai 1965
Page publiée le :
20 juin 2023
Modifiée le :
18 sept. 2023
Référence :
00000005523

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

L’ancien préfet, révoqué par Vichy en novembre 1940, quitte la France après s’être renseigné sur la Résistance en zone Sud alors non occupée. Il se rend à Londres où il rencontre le général de Gaulle le 25 octobre 1941 : il évoque avec lui les premiers mouvements de zone Sud et la nécessité pour la France libre de les aider. Parachuté en France en janvier 1942, il passe du temps à Lyon pour accomplir la mission confiée par le chef de la France libre, qui en a fait son délégué en zone Sud. Chargé d’y unifier la Résistance, Jean Moulin contribue notamment à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR, janvier 1943). Il est arrêté le 21 juin 1943, un mois à peine après avoir créé le Conseil national de la Résistance le 27 mai.

L’action de Jean Moulin inaugure un tournant historique : s’il y avait jusque-là des Résistances, il y a désormais une Résistance. Alors que les Alliés ont déjà libéré l’Afrique du Nord et qu’un débarquement en France devient envisageable, les membres du CNR reconnaissent l’autorité du Général sur la Résistance intérieure. C’est indispensable alors que se profile la Libération du territoire, pour coordonner la lutte entre la France libre (nom donné au regroupement de volontaires formé autour du général de Gaulle pour continuer la lutte) et la Résistance intérieure. Beaucoup de mouvements de Résistance s’étaient en effet déjà dotés de groupes armés (ceux de zone Sud ont été réunis par Jean Moulin dans l’Armée Secrète, placée sous les ordres du général Delestraint en octobre 1942), alors que les maquis se développent dans l’année 1943. Leurs effectifs gonflent notamment suite à l’adoption de la loi sur le Service du Travail Obligatoire (STO) en février 1943.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

L’entrée au Panthéon de Jean Moulin en décembre 1964 l’a fait accéder au rang de héros national. Six mois après le 8 mai 1965, la commémoration des vingt ans de la capitulation allemande est l’occasion d’évoquer « Rex », en interrogeant celles et ceux qui l’ont connu, à une époque où les témoins jouent encore un rôle essentiel à la fois dans la construction de la connaissance historique et la mémoire de la Résistance. Ce reportage est réalisé pour le journal régional de Rhône-Alpes, où se trouve la ville de Lyon, qui fut la capitale de la Résistance en zone Sud et où Jean Moulin fut incarcéré et torturé par Klaus Barbie fin juin 1943.

Le reportage s’ouvre sur le célèbre portrait de Jean Moulin, qu’on a longtemps cru daté de l’époque où il était résistant. Cette photo devenue emblématique du « Jean Moulin résistant » a été prise en 1939 : déjà iconique en 1965 (elle fut utilisée pour sa panthéonisation en 1964), elle permet au spectateur d’identifier facilement de qui l’on parle et de capter son attention.

Cet extrait est construit autour de deux témoignages : celui de Laure Moulin, sœur de Jean Moulin ; et celui de M. Dubuisson, ancien maquisard. Le premier est le plus long, et il est le fait d’un membre de la famille, non engagé dans la Résistance organisée. Le second, beaucoup plus court, est livré par un résistant, qui évoque ce qu’a pu représenter pour lui l’unificateur de la Résistance. Si les deux archives sont bien de même nature, le statut des témoins et ce qu’ils apportent à la connaissance de Jean Moulin diffèrent.

Laure Moulin raconte deux épisodes de la vie du Jean Moulin clandestin à travers ce qu’elle en a perçu sur le moment. C’est un témoignage marqué par le souvenir et l’affectif : elle insiste sur les qualités de son frère. Ainsi, le spectateur a un aperçu de « l’envers » du décor, l’homme derrière le résistant à travers le frère et le fils, ce qu’impose la clandestinité vis-à-vis des proches. Elle expose des faits autant que ce qu’elle a ressenti, et on apprend autant, sinon plus, sur ses émotions que sur la manière dont son frère a vécu son engagement.

Le témoignage de M. Dubuisson porte sur le symbole Jean Moulin. Pour les maquisards de l’Ain, il aurait été un « chef » pour lequel ils étaient prêts à « aller au bout du monde ». S’il est possible que Dubuisson et ses camarades maquisards aient eu connaissance du rôle et du sort tragique de Moulin et l’aient admiré, une telle emphase est sans doute le fruit d’une reconstruction marquée par le contexte mémoriel, rappelant que le témoignage est un palimpseste, qui en dit autant sur ce que le témoin ressentait au moment où il parle que sur la période évoquée.

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