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Filmer le maquis du Vercors : des images pour la mémoire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 31 juil. 2024 | Date d'évènement : 13 juil. 1944

Dans cette vidéo de la collection « Le Dessous des archives », l’historien Franck Mazuet retrace l’histoire des différents tournages organisés entre juin 1944 et le printemps 1945 par le CLCF (le Comité de libération du cinéma français, une organisation clandestine liée à la Résistance) et visant à documenter l’engagement des maquisards du Vercors. Pour ce faire, le chercheur analyse des images extraites de deux sources d’archives : les rushes tournés clandestinement par l’opérateur et résistant Félix Forestier en juin et juillet 1944 dans le massif du Vercors et le film Au cœur de l’orage, réalisé par Jean-Paul Le Chanois en 1948.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Cart Yoan
Générique :
Le Moigne-Tolba Cyrielle (Journaliste)
Date de l'évènement :
13 juil. 1944
Date de diffusion du média :
31 juil. 2024
Production :
@ 2024 -  INA
Page publiée le :
31 juil. 2024
Modifiée le :
19 août 2024
Référence :
00000006147

Contexte historique

Par L'équipe Lumni Enseignement

Depuis la convention d’armistice signée le 22 juin 1940, la France est occupée par l’armée allemande sur toute sa moitié nord et tout le long de sa côte atlantique. Au sud de cette limite, c’est la zone non occupée. Dans ces régions trouvent refuge de nombreux individus menacés d’arrestation pour leurs origines, leurs convictions ou leur religion. Certains d’entre eux, qui souhaitent poursuivre le combat contre les Allemands en s’engageant dans la Résistance, se cachent dans les forêts et les montagnes, et se regroupent entre clandestins. Le plateau du Vercors, dans les Préalpes, devient, à partir de 1943, un « maquis », un réduit – ou zone refuge – de combattants clandestins. Vaste (plus de 1 300 kilomètres carrés), entouré de falaises, il offre une excellente localisation pour établir des zones d'atterrissage d’hommes et de matériel (armement, ravitaillement), en plus d’être un rempart naturel en cas d’invasion allemande.

En février 1943, l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne par le gouvernement de Pierre Laval fait basculer de nombreux jeunes Français dans la clandestinité. Ces réfractaires au STO affluent vers les maquis, notamment celui du Vercors, qui accueille en 1943 au moins 300 hommes. Après le débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 1944, les combattants arrivent encore plus nombreux. Le maquis du Vercors est ainsi officiellement mobilisé dans la nuit du 8 au 9 juin 1944 : la zone est bouclée par les résistants et les parachutages d’armes et d’instructeurs s’intensifient.

C’est à cette période que le CLCF (le Comité de libération du cinéma français, une organisation clandestine liée à la Résistance) envoie un opérateur, Félix Forestier, 35 ans, vers le plateau du Vercors. Ce tournage a pour objectif d’élaborer un discours sur la Résistance intérieure qui contredise la propagande des autorités de Vichy et des autorités allemandes (qui qualifient les résistants de terroristes).

Sur place, Félix Forestier peine à filmer les opérations des maquisards, notamment parce que celles-ci ont lieu la nuit et que sa caméra – un modèle Bell & Howell Eyemo – ne peut pas enregistrer d’images dans l’obscurité. Il demande donc aux jeunes maquisards de « jouer » pour lui des scènes de combat. Ces séquences, visibles dans notre vidéo, ont une charge mémorielle importante : la plupart des résistants filmés mourront en effet quelques jours plus tard, lors de l’attaque du maquis par l’armée allemande le 21 juillet 1944. Ce jour-là, 40 planeurs allemands accompagnent les attaques au sol de la Wehrmacht, les armées du IIIe Reich, appuyées également par des Français de la Milice. Le rapport de forces est inégal : 10 000 hommes bien équipés contre 4 000 maquisards, dont la plupart n’ont jamais combattu. Le plateau est ratissé pendant deux jours, tandis que les maquisards sont soit liquidés, soit contraints de se cacher dans la forêt ou dans des grottes.

C’est dans la forêt de Lente que Félix Forestier se cachera plusieurs jours. Il y enterrera ses bobines en différents emplacements afin qu’elles ne tombent pas aux mains de l’occupant. Les Allemands, de leur côté, traquent les maquisards dans la montagne et assassinent près de 650 résistants dans la grotte de la Luire le 27 juillet. Les villages et les fermes du plateau du Vercors sont incendiés ; les habitants, considérés comme complices des maquisards, suppliciés (plus de 200 morts civils, notamment à Vassieux-en-Vercors et à La Chapelle).

En septembre 1944, Félix Forestier remonte sur le plateau pour déterrer ses bobines. Les pellicules ont souffert de l’humidité et de nombreux plans endommagés s’avèrent inutilisables. Mais plusieurs éléments de ce tournage exceptionnel, émouvant témoignage sur la vie quotidienne des maquisards du Vercors, seront montés dans un film à la gloire de la Résistance française, sorti en 1948, Au cœur de l’orage, réalisé par Jean-Paul Le Chanois.

Éclairage média

Par L'équipe Lumni Enseignement

Cette vidéo de la collection « Le Dessous des archives » est un entretien filmé en juillet 2024 par les équipes de l’INA-Lumni Enseignement avec Franck Mazuet, historien et chercheur associé au Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (CHS) de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Pendant six minutes, Franck Mazuet retrace l’histoire des différents tournages organisés entre juin 1944 et le printemps 1945. Pour ce faire, le chercheur analyse des images extraites de deux sources d’archives : le film Au cœur de l’orage, réalisé par Jean-Paul Le Chanois en 1948, et les rushes  tournés clandestinement par l’opérateur et résistant Félix Forestier en juin et juillet 1944 dans le Vercors.

Après le tournage clandestin de Félix Forestier dans le Vercors, Jean-Paul Le Chanois se consacre, entre 1945 et 1948, à la réalisation d’un film de propagande à la gloire des résistants, Au cœur de l’orage. Deux commanditaires sont à l’œuvre dans cette production : le CLCF, d’obédience communiste, et les gaullistes qui cherchent à imposer leur vision de la Résistance. Franck Mazuet explique pourquoi certains plans ont été censurés et surtout comment des scènes entières de combat ont été rejouées dans des studios après la guerre, avec des comédiens et des figurants, afin de porter un discours à la gloire des « martyrs » de lutte pour la Libération.

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