PISTE PÉDAGOGIQUE

Les journalistes parlent-ils toujours de la même chose ?

Copyright de l'image décorative: © INA

Par Nolwenn NeveuEnseignante agrégée de Sciences économiques et sociales
Publication : 29 sept. 2023 | Mis à jour : 06 déc. 2023

Niveaux et disciplines

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En s'appuyant sur des unes de la presse quotidienne nationale et régionale, sur des articles, des extraits d'ouvrages ou de vidéos, cette piste pédagogique invite les élèves du lycée à comprendre les contraintes auxquelles les médias sont soumis pour choisir et traiter leurs sujets, mais aussi pourquoi on retrouve souvent les mêmes sujets dans différents titres. Cette piste pédagogique s'intéresse aussi aux angles des sujets, éléments qui permet aux journalistes de se distinguer les uns des autres.

Place dans le programme

HGGSP > S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication

SES > Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ? 

Objectifs pédagogiques

  • Comprendre pourquoi les sujets traités par les journalistes sont souvent proches

  • Comprendre qu’un même sujet peut être traité de diverses manières

  • Comprendre que les journaux font des choix éditoriaux en fonction de contraintes économiques mais aussi en fonction de leur ligne éditoriale

Durée de l’activité

5 séances de 50 minutes environ. 

I. Activités de sensibilisation

     

1. Visionner

Les journalistes parlent tous de la même chose (vidéo élèves)
2023 - Les journalistes parlent tous de la même chose (vidéo élèves) [EXTRAIT]

 

On dresse souvent le constat que les journalistes parlent de la même chose. L’extrait vidéo montre que ce sentiment est partagé par une partie de la population. Gilets jaunes, Covid-19, guerre en Ukraine, grèves… il semble parfois difficile d’échapper à certains sujets. Cette impression est-elle confirmée par les faits ? Et, surtout, si les journalistes parlent tous de la même chose, est-ce vraiment un problème ? 

Pour répondre à ces questions, on peut comparer des séries de unes à deux dates différentes. 

2. Comparer des unes

Série 1 : unes abordant le même sujet (27 mars 2023)

4 unes de presse du 27 mars 2023

4 unes de presse du 27 mars 2023

  • Le titre du journal L'Humanité est : Violences d'Etat, la fuite en avant, la photo représente un homme avec le visage ensanglanté à Sainte-Soline
  • Le titre du Courrier de l'Ouest est : l'embrasement autour de l'eau, la photo représente une camionnette de gendarmerie en feu
  • Le titre du Figaro est : Macron veut incarner l'ordre face à la violence, la photo représente un groupe de CRS dans une épaisse fumée
  • Le titre de Libération est : Répression policière, l'escalade, la photo représente plusieurs brigade mobile en motos au milieu de manifestants
Téléchargez les 4 unes identiques (PDF)

Ces unes ne sont proposées qu’à titre indicatif et peuvent être remplacées par d’autres.

Série 2 : unes abordant des sujets différents (30 août 2023)

4 unes de presse du 30 août 2023

4 unes de presse du 30 août 2023

  • Le titre du journal L'Humanité est : Les forçats du tri des déchets, la photo représente un groupe d'agents de tri assis
  • Le titre du Courrier de l'Ouest est : L'hommage au soldat angevin, la photo représente Sébastien Lecornu, Ministre des armées qui assiste aux honneurs Funèbres de l'adjudant Nicolas Latourte tué en Irak
  • Le titre du Figaro est : En quête de concensus, Macron convoque les partis. Ce titre n'a pas de photo
  • Le titre de Libération est : Le Groenland, premier de la glace, la photo représente un paysage maritimes, un bateau et quelques icebergs
Téléchargez les 4 unes différentes (PDF)

Ces unes ne sont proposées qu’à titre indicatif et peuvent être remplacées par d’autres. Il est par exemple possible de s’appuyer sur les unes du jour issues, comme ici, de la presse nationale et locale et de compléter avec des magazines qui ont un positionnement « alternatif ». On peut par exemple évoquer ici la revue Socialter, Kaizen, La Déferlante, La Revue dessinée. Basta! ou Blast qui sont des médias en ligne.

3. Répondre aux questions sur ces unes

Les unes du 27 mars 2023 abordent toutes le même sujet alors que celles du 30 août traitent de sujets différents. Comment peut-on expliquer cela ?

Pourquoi cela peut-il être un problème que les journalistes parlent de la même chose ?

Selon vous, est-ce qu’il faut renoncer à parler d’un sujet lorsque tous les autres médias en parlent ?

II. Les médias sont des entreprises

Les médias sont des entreprises qui ont besoin, pour pouvoir fonctionner, de dégager des profits, de créer des emplois, etc. Et, pour cela, il est nécessaire qu’elles vendent « leurs produits », même si leurs « produits » sont de nature particulière. Il est dès lors impératif qu’elles intéressent les clients potentiels afin qu’ils achètent leurs informations. C'est ce qu'explique Nathalie Sonnac, économiste des médias, dans cet extrait :

Les journalistes sont aux ordres des puissants (vidéo enseignants)
2023 - Les journalistes sont aux ordres des puissants (vidéo enseignants) [EXTRAIT]

1. Les médias ont des contraintes de rentabilité

La plupart des médias sont des entreprises privées [1] Il existe néanmoins quelques médias associatifs comme Le Bondy blog, Plume banlieue, Radio Aligre, FPP. . Il est donc nécessaire pour ces entreprises de vendre, afin de dégager des ressources, ne serait-ce que pour assurer leur fonctionnement qui est bien souvent coûteux. C'est que détaille le Groupe Le Monde ici : 

A. Étude de document

Groupe Le Monde : des résultats bénéficiaires en 2022 malgré des charges industrielles alourdies

Groupe Le Monde : des résultats bénéficiaires en 2022 malgré des charges industrielles alourdies

Pour le Groupe Le Monde [2] Si l’on connaît bien le journal Le Monde, on a tendance à oublier que le groupe Le Monde rassemble de nombreux titres tels que Le Monde diplomatique, Télérama, Courrier international, Le HuffPost, etc. , 2022 aura été une année charnière. À peine sortis de la crise due au Covid-19, nous avons été confrontés à l’inflation des coûts énergétiques et des coûts industriels. Notre Groupe, tout en restant bénéficiaire, a enregistré en 2022 pour la première fois depuis quatre années une baisse de sa profitabilité, avec un résultat d’exploitation [3] Le résultat d’exploitation ne doit pas être confondu avec le profit. En effet, si le profit est bien le gain réalisé par l’entreprise par son activité, le résultat d’exploitation ne prend pas en compte les remboursements qu’une entreprise peut avoir à faire en cas d’emprunt, ni les impôts sur les bénéfices, ni la participation des salariés aux résultats de l’entreprise. passant de + 18, 2 millions à + 10 millions d’euros […].

En dépit de la progression de la diffusion payée de la plupart de nos titres, de la croissance des audiences numériques portées par une actualité exceptionnelle à l’étranger et en France et malgré la bonne tenue de nos revenus publicitaires, la hausse de nos coûts d’exploitation aura été trop importante pour maintenir le même niveau de rentabilité.

Ainsi, le prix de la tonne de papier est passé au cours de l’année 2022 de 390 euros à 900 euros, soit une hausse de 131 % […]. S’y est ajoutée la hausse du coût de l’énergie qui touche particulièrement des usines très énergivores. Au total, ce double mouvement pèse annuellement environ 7 millions d’euros sur nos charges.

L’année 2022 aura […] été marquée par le déclenchement d’un conflit armé aux portes de l’Europe, nécessitant une présence renforcée et continue de journalistes sur le front ukrainien. […]

Dans ce contexte inflationniste, nous avons poursuivi nos investissements à la conquête de nouveaux territoires, de nouvelles temporalités et de nouvelles audiences. Au premier semestre 2022, nous avons procédé à deux lancements majeurs. Le premier est un magazine papier, trimestriel, « Le Goût de M », distribué avec Le Monde, […] qui donne plus d’espace à la couverture du style, de la gastronomie, du design et du voyage. Début 2022, nous avons lancé le site Le Monde in English, offrant une version anglophone de nos contenus. […]

[…] Cette année encore, l’essentiel de notre chiffre d’affaires provient de nos lecteurs, même si la publicité s’est maintenue. En 2022, la diffusion a représenté 70 % du chiffre d’affaires, avec un niveau de ventes similaire à celui de 2017-2018, l’abonnement constituant la part la plus importante de nos revenus […]. Le mouvement de numérisation s’est poursuivi : pour Le Monde, le journal papier a représenté 58 % de notre chiffre d’affaires et le digital 42 %. […]

En 2022, sur un chiffre d’affaires total de 309,5 millions d’euros, en légère progression sur un an, la part des subventions publiques reste faible, à hauteur de 1,8 million d’euros pour Le Monde et un total de 3,7 millions d’euros pour le Groupe. […]

L. Dreyfus et J. Fenoglio, Le Monde, 5 juillet 2023. 

Téléchargez l'article du Monde du 5 juillet 2023 (PDF).

B. Questions sur le document

Comment la hausse des coûts d’exploitation du groupe Le Monde au cours de l’année 2022 s’explique-t-elle ?

D’où viennent les ressources du groupe Le Monde ?

Comment le groupe Le Monde s’efforce-t-il de maintenir des résultats bénéficiaires ?

C. Conclusion de la partie

2. Les médias s’adressent à des publics différents

Tout le monde ne lit pas les mêmes journaux. D’une part parce que tout le monde ne s’intéresse pas aux mêmes choses (il y a des journaux qui traitent avant tout de mode, d’autres qui parlent de sport, d’autres encore de voiture, de cuisine, etc.), mais parce que, sur un même sujet, tout le monde n’a pas envie de lire ou d’entendre la même chose. En effet, nos représentations et nos opinions politiques influencent notre analyse des évènements et nous cherchons, le plus souvent, à lire des journaux qui confirment nos opinions. Ainsi, les différents médias vont-ils adopter des lignes éditoriales différentes. 

A. Visionner

L'éditorial
2017 - L'éditorial [EXTRAIT]

B. Répondre aux questions

D’après cette vidéo, comment peut-on définir une ligne éditoriale ?

C. Lecture de deux articles de presse

Éditorial de Gaëtan de Capèle, directeur adjoint de la rédaction du journal Le Figaro (27 mars 2023)

Le rejet obsessionnel d’Emmanuel Macron provoquerait-il des troubles de la raison ? Cette semaine, des hordes de voyous d’extrême gauche, venus de toute l’Europe, entraînés comme des milices paramilitaires, armés jusqu’aux dents, ont déferlé sur la France. Chacun devant son téléviseur a pu assister, médusé, au saccage de plusieurs centres-villes, puis à une attaque d’une violence ahurissante contre les forces de l’ordre à Sainte-Soline. Dans n’importe quelle démocratie digne de ce nom, ces images choquantes susciteraient une indignation unanime. Un sursaut général pour condamner l’indéfendable. Chez nous, dans une gauche à la dérive, il se trouve des responsable politiques pour justifier, quand ce n’est pas encourager, le chaos. Et quelques médias à l’indignation sélective (que n’aurait-on entendu si l’extrême droite avait été mêlée à l’affaire !) pour oser renvoyer barbares et gendarmes français dos à dos. 

Ce climat insurrectionnel, nous explique-t-on, résulterait d’une colère populaire spontanée contre un président enfermé sur lui-même. Explication simpliste et bien naïve. Sans ignorer ses – nombreux – impairs ni l’hostilité qu’il peut susciter, la fièvre ambiante est surtout l’œuvre des activistes du désordre. […]

Téléchargez l'éditorial de Gaëtan de Capèle, du Figaro (PDF).

Éditorial d'Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de la rédaction du journal Libération (27 mars 2023)

Les projecteurs du monde entier ne sont pas seulement braqués sur les trottoirs français jonchés d’ordures. […] Non, ce que le monde extérieur regarde aussi, halluciné, c’est la violence des forces de maintien de l’ordre en France. Des violences qui ont provoqué de graves blessures sur trois manifestants, samedi à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), l’un d’eux se trouvant même entre la vie et la mort. Nous avons déjà évoqué ici les alertes lancées par le président de la Ligue des droits de l’homme évoquant « une situation alarmante pour la démocratie », celles du Conseil de l’Europe déplorant « l’usage excessif de la force en France » ou encore ce rapporteur spécial de l’ONU déclarant « suivre de très près les manifestations » dans l’Hexagone et rappelant le droit fondamental à manifester de façon pacifique. Certes, on voit revenir dans les manifestations, y compris à Sainte-Soline, des black blocs déterminés à causer un maximum de dégâts, mais les forces de maintien de l’ordre n’ont-elles pas été précisément formées pour y faire face ? […] La fin ne justifie pas tous les moyens : il serait temps que le ministre de l’Intérieur en prenne conscience et le fasse savoir à ses troupes. On ne peut pas vouloir d’un côté que les jeunes se sentent concernés par la vie politique et de l’autre les dégoûter de s’impliquer.

Téléchargez l'éditorial d'Alexandra Schwartzbrod, de Libération (PDF).

D. Répondre aux questions sur ces deux articles de presse

Les deux textes ci-dessus sont extraits des éditos de journaux du 27 mars 2023 dont vous avez examiné les unes. Comparez-les.

À votre avis, les lecteurs du Figaro et ceux de Libération sont-ils les mêmes ?

Ce n’est pas toujours « à cause » des journalistes que l’on parle de la même chose, c’est aussi en raison de nos pratiques. Preuve en images avec l'extrait ci-dessous :

Les journalistes parlent tous de la même chose (vidéo élèves)
2023 - Les journalistes parlent tous de la même chose (vidéo élèves) [EXTRAIT]

Les journalistes ne sont pas toujours responsables des informations que nous recevons. Avec l’avènement du numérique, nos pratiques ont changé et on cherche moins qu’auparavant l’information. On la laisse venir à nous. Par le jeu des algorithmes, cela peut conduire à nous enfermer dans des bulles de filtres ou des bulles informationnelles. Ainsi, les lecteurs du Figaro se verront plus souvent proposer des analyses ou des articles répondant à des préoccupations situées à droite de l’échiquier politique, tandis que les lecteurs de Libération se verront plus souvent proposer des analyses ou des articles répondant à des préoccupations situées à gauche de l’échiquier politique.  

III. Comment les médias sélectionnent-ils les informations ?

1. Les journalistes se ressemblent… et ont des préoccupations qui se ressemblent

A. Visionner l'extrait vidéo

Les journalistes parlent tous de la même chose (vidéo élèves)
2023 - Les journalistes parlent tous de la même chose (vidéo élèves) [EXTRAIT]

En 2022, selon l’Arcom, seuls 9 % des intervenants sur les chaînes d’information en continu étaient perçus comme non blancs. Autre exemple : seul 1 % du total des individus recensé dans les médias radio ou télévisés est en situation de handicap. De même, selon l’INA, le temps de parole des femmes à l’antenne (télévision et radio) représente 36 % du temps de parole total [4] La représentation des femmes à la radio et à la télévision . Par ailleurs, selon Marc Epstein, président de la Chance, pour la diversité dans les médias, « les enfants de ce qu’on appelle les classes moyennes ou supérieures sont sur-représentés. C’est embêtant […] dans notre profession de journaliste parce qu’un de nos boulots, c’est de raconter la France. Il faut que la profession de journaliste ressemble davantage à la société qui l’entoure ». 

B. Répondre aux questions

Dans la vidéo, on nous explique qu’« on ne pose pas le même regard sur le monde, on ne le raconte pas de la même manière suivant d’où l’on vient ». Essayez de trouver des exemples de sujets qui ne sont pas abordés dans les médias ou pas de la manière dont vous aimeriez qu’ils le soient. À l’inverse, proposez des exemples de sujets qui sont trop abordés ou abordés d’une manière qui vous semble problématique.

Il existe un certain nombre d’initiatives qui visent à corriger le problème posé par le profil sociologique des journalistes. Pouvez-vous donner quelques exemples ?

À votre avis, ces sujets seraient-ils plus (ou moins) abordés ou abordés différemment si les journalistes venaient d’horizons sociologiques différents ? Pourquoi ?

2. Les journalistes ont beaucoup de sources en commun

A. Lire la fiche info du CLEMI

Les sources de l'information

Les journalistes ne peuvent être toujours les témoins directs des événements ou des sujets dont ils rendent comptent : aussi doivent-ils s’appuyer sur un ensemble de ressources qui vont leur permettre de rendre compte de l’actualité ou des problèmes que connaît le monde qui nous entoure. Ce sont les sources de l’information.

Les compléments de l’observation directe

La présence sur place de journalistes reporter, de fait-diversiers, de localiers, qui n’est pas la situation la plus courante, n’exonère pas de devoir s’appuyer sur des sources complémentaires. En effet, le regard d’un individu, fut-il expérimenté, l’expose toujours à être partiel, biaisé par la position qu’il occupe. Aussi va-t-il devoir faire appel à des témoins directs, à des spécialistes tels que des secouristes, des policiers dans le cas de faits divers ou encore des personnels de santé, élus, syndicalistes pour des questions de société. Nombre d’informations ont pour origine des acteurs politiques, économiques, sociaux qui vont être sources de l’information, selon les modalités qu’ils donnent à celle-ci : communiqué, conférence de presse, déclaration publique, etc.

Témoins

Dans la grande majorité des cas, les rédactions vont travailler sans journalistes sur les lieux de l’événement, au moment où celui-ci se produit. C’est dire que la connaissance des faits passera par des témoins sur place, personnes ordinaires ou acteurs de la situation.

Le principe de base est de s’assurer de la fiabilité des témoignages par la multiplication de ceux-ci : il s’agit du « croisement des sources ». Avec les développements des réseaux sociaux, les journalistes accèdent à de nouvelles sources de témoignages. Cela peut être sous forme de textes, mais aussi d’images, de sons, de vidéos, comme lors d’attentats ou de catastrophes, voire de simples accidents de la vie quotidienne. La « veille » sur ces mêmes réseaux sociaux permet d’identifier des tendances, des sujets ou des événements que la rédaction pourra approfondir par des témoignages directs.

Agences d’information

Dès le début du XIXe siècle, avec Charles Havas, germa l’idée que des entreprises spécialisées dans la collecte des faits aux quatre coins du pays ou du monde pouvaient pallier l’incapacité d’un média à disposer de journalistes partout. Ce sont les agences d’information. Les plus importantes, dites agences internationales, sont la Française AFP, la Britannique Reuters et l’Américaine AP. À leurs côtés existent des agences nationales, telle que Belga pour la Belgique, ainsi que des agences spécialisées dans différents domaines, telles que Bloomberg pour l’économie ou l’AEF pour l’éducation. Ces agences, qui s’appuient sur leurs propres journalistes, proposent des abonnements aux médias, qui peuvent reprendre leurs textes sous forme de dépêches, ainsi que leurs photos, vidéos, infographies, etc. La majorité des pages internationales sont réalisées grâce à la production des agences.

Spécialistes, experts, documentation

L’information ne saurait se réduire à la présentation des faits. Le rôle des médias, les attentes du public supposent une mise en perspective, des interprétations, du décryptage, éventuellement des commentaires. Pour réaliser cet « enrichissement », les journalistes ont besoin d’explications fournies par des spécialistes (praticiens, experts, chercheurs) qu’ils vont contacter directement. Les connaissances de ces spécialistes peuvent également être accessibles à travers leur production (livres, rapports, blogs) et via des centres de documentation, surtout aujourd’hui des banques de données, dont l’accès est facilité par différents moteurs de recherche. À cet égard les moteurs de recherche sont devenus l’un des outils familiers des journalistes.

 

Jean-Marie Charon, chercheur associé à l’EHESS

 

Source : Fiche info du CLEMI, parue dans le dossier de la Semaine de la presse 2017

Téléchargez la fiche info du CLEMI sur les sources de l'information (PDF).

B. Répondre aux questions

En vous appuyant sur la fiche info du CLEMI, expliquez quelles sont les différentes sources des journalistes.

Imaginons qu’un coup d’État se produise dans la petite république imaginaire du Journalistan où il ne se passe d’habitude pas grand-chose. Comment les journalistes français peuvent-ils travailler pour couvrir cet évènement à court et moyen terme ?

C. Lire cet extrait de Sur la télévision de Pierre Bourdieu

La circulation circulaire de l’information

Les produits journalistiques sont beaucoup plus homogènes qu’on ne le croit. Les différences les plus évidentes, liées notamment à la coloration politique des journaux […] cachent des ressemblances profondes, liées notamment aux contraintes imposées par les sources et par toute une série de mécanismes dont le plus important est la logique de la concurrence. […] Lorsque [la concurrence] s’exerce entre des journalistes ou des journaux qui sont soumis aux mêmes contraintes, aux mêmes sondages, aux mêmes annonceurs, […] elle homogénéise. […] Pour les journalistes, la lecture des journaux est une activité indispensable et la revue de presse, un instrument de travail : pour savoir ce qu’on va dire, il faut savoir ce que les autres ont dit. C’est un des mécanismes à travers lesquels s’engendre l’homogénéité des produits proposés. Si Libération fait sa une sur tel événement, Le Monde ne peut pas lui rester indifférent. […] Dans les comités de rédaction, on passe une part considérable du temps à parler d’autres journaux, et en particulier de « ce qu’ils ont fait et qu’on n’a pas fait » (« on a loupé ça ! ») et qu’on aurait dû faire – sans discussion – puisqu’ils l’ont fait. […]

Cette sorte de jeu de miroirs se réfléchissant mutuellement produit un formidable effet de clôture, d’enfermement mental. […]

Si l’on se demande […] comment sont informés ces gens qui sont chargés de nous informer, il apparaît que, en gros, ils sont informés par d’autres informateurs. Bien sûr, il y a l’AFP, les agences, les sources officielles (ministère, police, etc.) avec lesquelles les journalistes sont tenus d’entretenir des relations d’échange très complexes, etc., mais la part la plus déterminante de l’information, c’est-à-dire cette information sur l’information qui permet de décider ce qui est important, ce qui mérite d’être transmis, vient en grande partie des autres informateurs.

Pierre Bourdieu, Sur la télévision, 1996.

Téléchargez l'extrait de Sur la télévision de Pierre Bourdieu (PDF).

D. Répondre aux questions sur l'extrait

Qu’est-ce que Bourdieu appelle « la circulation circulaire de l’information » ?

Comment peut-on expliquer que les journalistes s’observent les uns les autres ?

IV. Les journalistes parlent de la même chose, mais pas de la même manière

1. Identifier le positionnement de titres de presse

A. Compléter le tableau, à l’aide des unes de 4 titres de la presse et de vos propres recherches

4 unes de presse du 27 mars 2023

Cet exercice sera réalisé avec la classe entière et avec l'aide du professeur.

Mieux connaître des titres de la presse écrite nationale ou régionale

 

L’Humanité

Le Courrier de l’Ouest

Le Figaro

Libération

Positionnement politique 

  

 

 

Lectorat 

    

Type d’informations généralement traitées 

    

Ton habituel

    

2. Analyser les unes du 27 mars 2023

A. À l'aide des unes ci-dessous, compléter le tableau

4 unes de presse du 27 mars 2023
Unes au lendemain d'une journée de mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline.
 

L’Humanité

Le Courrier de l’Ouest (26 mars)

Le Figaro

Libération

Quelle est l’information principale de la une ?

Quel message envoie la formulation du titre à propos du déroulement de la journée du 25 mars ?

Quel message envoie la photo ? (si photo « Sainte-Soline ») 

Autres éléments significatifs de la une ? Que vous apprennent-ils ?

Quel est le positionnement du journal par rapport au déroulement de la manifestation ? Justifiez.

 

 

 

Décrypter les médias avec la série SPAM

Retrouvez toutes les ressources de la série SPAM pour décrypter les médias et l'information avec vos élèves.

Article

Niveaux: Cycle 2 Cycle 3 Cycle 4 Lycée général et technologique Lycée professionnel

SPAM, une série pour décrypter les médias et l'information avec vos élèves (EMI)

Dans « SPAM » (« Savoir, Penser, Analyser les Messages »), des professeurs et des experts répondent aux questions que se posent les élèves sur 11 thématiques-clés pour décrypter les médias et l’information. Produite par l’INA pour France Télévisions et créée avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI), cette série s'adresse aux élèves du cycle 2 à la Terminale.

Notes de bas de page

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