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Des forêts indispensables à la vie sur Terre

Copyright de l'image décorative: © Kazuend / Unsplash

Par Axelle Szczygieljournaliste
Publication : 21 mars 2024 | Mis à jour : 03 avr. 2024

Niveaux et disciplines

Celui qui a planté un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutilement, dit un proverbe africain. Pendant toute leur croissance et leur durée de vie, et même par-delà leur mort, les arbres rendent en effet de multiples services à la planète et aux êtres vivants qui la peuplent. Protection et fertilisation des sols, régulation du cycle de l’eau et du climat, production de matières premières, accueil de la biodiversité… On leur doit énormément !

Les meilleures alliées des sols

Les arbres qui peuplent les forêts des zones tempérées rendent bien des services à nos sols, comme le résume ce schéma que vous pouvez télécharger et distribuer en classe.

 

Commençons l’histoire par les racines :

• Comme elles sont profondes et robustes, les racines permettent de lutter contre l’érosion du sol, autrement dit contre le déplacement des terrains sous l'action combinée de la gravité, du vent, de la pluie et du ruissellement de l'eau.

• Les racines guident l’eau de surface (eaux de pluie, eaux des cours d’eau, des fleuves, des lacs…) qui s’infiltre dans le sol et rejoint progressivement les nappes phréatiques, ces immenses réservoirs d’eau souterrains, principale source d’eau potable en France.

• Au passage, les racines puisent l’eau et les sels minéraux dont les arbres ont besoin pour s’hydrater et se nourrir. Ils constitueront la sève brute qui montera jusqu’aux feuilles grâce à des vaisseaux conducteurs situés dans le tronc. 

• Les racines absorbent aussi les substances polluantes (nitrates, phosphores, pesticides…)

Remontons maintenant à la surface. Les feuilles qui sont tombées de l’arbre forment progressivement une litière qui, en se décomposant, fertilise le sol, l’aère et le régénère. C’est l’humus. « La feuille brune qui tombe par terre a un avenir. Petit à petit, cette matière organique est attaquée par des microbes et ça libère de l’azote, du phosphate et tout un tas de substances qui pourront servir aux racines l’année suivante », explique le botaniste Marc-André Selosse dans ce reportage diffusé en 2021 sur RFI.

Un havre de biodiversité

Intéressons-nous à présent au tronc où de nombreux êtres vivants trouvent visiblement qu’il fait bon vivre. À sa base, on observe notamment des lichens, des mousses et des fougères. Un peu plus haut, les pics y creusent des cavités pour s’y abriter ou nidifier ; ces cavités seront ensuite réutilisées par d’autres oiseaux cavicoles (c’est-à-dire vivant dans les cavités), comme des martres ou des serpents.

Date de la vidéo: 2014 Collection:  - Le tour de France de la biodiversité

Le pic noir

 

Sous l’écorce de l’arbre, on trouve par ailleurs des milliers d’insectes et de larves dont vont se nourrir les oiseaux. Sans compter une multitude d’organismes microscopiques. En résumé : l’arbre est un véritable havre de biodiversité, offrant le gîte et le couvert à de très nombreuses espèces !

Dans ce court documentaire, on découvre que la cigale du frêne raffole de la sève des oliviers.

Date de la vidéo: 2014 Collection:  - Le tour de France de la biodiversité

La cigale du frêne

Dans une plante, deux flux de sève circulent :
La sève brute, constituée d’eau et des sels minéraux puisés par les racines et nécessaire à la croissance de l’arbre, est transportée vers le haut du tronc.

 • La sève élaborée, formée dans les feuilles et riche en sucres synthétisés lors de la photosynthèse (voir ci-dessous), circule essentiellement vers le bas pour redistribuer à la plante les substances nutritives.

 

En plus des plantes, champignons, insectes et oiseaux, les forêts tempérées abritent aussi de très nombreuses espèces de gibier (chevreuil, renard, sanglier…). Au total, 80 % de la biodiversité terrestre mondiale est présente dans les forêts !

Les arbres nourrissent également les êtres humains en produisant des fruits ! Près d’1,6 milliard d’individus sur la planète dépendent directement des forêts pour leur subsistance. Sans compter qu’elles sont également une immense ressource pharmaceutique : plus de la moitié de nos médicaments sont issus de la nature ! Par exemple, l’aspirine – l’un des médicaments les plus consommés au monde – provient du saule blanc et de la reine des prés. La morphine et la codéine sont quant à eux extraits de l’opium, qui est lui-même un produit du pavot blanc.

Des pourvoyeuses d’eau et d’oxygène

Cap vers la cime. Ici, dans chaque feuille, a lieu la photosynthèse.

 

Lors de ce processus, l’arbre, comme tous les autres végétaux, fabrique sa matière organique. Comment ? À partir du dioxyde de carbone (CO2) – capturé dans l’atmosphère – et de l’eau (H2O) – puisée dans le sol – et en utilisant la lumière solaire comme source d’énergie. L'arbre libère alors de l’oxygène (O2), mais aussi de la vapeur d’eau par les stomates, de petites ouvertures à la surface des feuilles. Cette « évapotranspiration » joue un rôle dans le cycle de l'eau !

Même lorsqu’ils sont morts, les arbres des forêts continuent à jouer un rôle fondamental dans le cycle de l’eau : en se décomposant, le bois mort capte l’eau de pluie et la restitue lorsqu’elle vient à manquer, permettant aux plantes alentours de supporter les sécheresses.

Nos meilleures chances de lutter contre le changement climatique

Lors de la photosynthèse, le carbone (C) est quant à lui stocké dans le tronc, les branches et les racines de l’arbre. Lorsqu’il meurt (et s’il est laissé en place), son bois va peu à peu se mélanger à la litière, composée de feuilles mortes et de divers débris décomposés, enfouissant petit à petit dans le sol tout le carbone qu’il a stocké au cours de sa vie. Résultat : les forêts représentent le deuxième plus grand puits de carbone de la planète, après les océans ! On estime à 7,6 milliards de tonnes la quantité de gaz carbonique (CO2) qu’elles absorbent chaque année. Mais tous les arbres n’ont pas la même capacité de stockage. Tout dépend de l’espèce, de l’âge de l’arbre, de sa taille, du climat ou encore du sol. Les études sur le sujet montrent qu’en moyenne, la plupart des arbres stockent autour de 20 à 35 kg de gaz carbonique par an. 

Dans ce reportage diffusé en 2000, la journaliste revient sur ce rôle de « pompe à dioxyde de carbone ». « Planter des arbres : la solution est séduisante, mais elle est temporaire car tout arbre un jour rejette le carbone », tempère-t-elle. Comme lorsqu’une charpente, qui a séquestré du carbone pendant des années, brûle. Par ailleurs, un expert interrogé pointe l’effet pervers : planter des arbres ne doit pas devenir un prétexte pour ne pas agir à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.

 

Les forêts jouent ainsi un rôle important dans la limitation du changement climatique, mais elles nous permettent aussi de nous y adapter. Le couvert forestier fonctionne en effet comme un isolant thermique en refroidissant le sous-étage forestier quand l’air est chaud : il fait en moyenne 4° C de moins dans une forêt qu’en dehors ! De nombreuses collectivités ont pris conscience des bienfaits de la nature en ville pour rafraîchir l’environnement. D’ambitieux programmes de plantations d’arbres ont ainsi vu le jour : 170 000 arbres à Paris, 200 000 à Marseille, 300  000 à Lyon ou encore 1 million à Bordeaux. De quoi rendre ces métropoles plus vivables à l’avenir.

En outre, les forêts contribuent également à limiter certaines catastrophes naturelles, accentuées par le réchauffement climatique : les avalanches, les crues, les inondations, les tempêtes, les sécheresses...

« La France défigurée » fut la première émission française dédiée à l’écologie. Dans ce reportage de décembre 1971, un expert décrit le fonctionnement de l’écosystème forestier, en insistant sur la place centrale de l’arbre dans le cycle de la matière « Les forêts, dans le silence le plus complet, sont en pleine productivité, explique-t-il. C'est une grande usine qui fabrique de la vie. »

Cet autre extrait de La France défigurée dénonce quant à lui un phénomène de déboisement abusif qui serait à l'origine de catastrophes naturelles comme les inondations de Florence en 1966 ou les crues de la Seine en 1955.

Date de la vidéo: 1971 Collection:  - La France défigurée

Le rôle des arbres

Pour aller plus loin

Un article

L'actualité nous le rappelle régulièrement : nos forêts sont menacées. Urbanisation, incendies, déforestation, exploitation de matières premières et réchauffement climatique font peser sur elles de graves dangers. Revue de détail des risques qu'elles encourent chaque jour.

Une bibliographie

• Alexandra Locquet et Claire Marc, Comprendre et protéger la forêt, CNRS éditions. 2023.

• Serge Schall, Arbres, éd. Terre vivante. 2022.

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