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Le camp de concentration de Natzwiller-Struthof

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 avr. 1985

Le camp alsacien de Natzweiler-Struthof, où sont détenues plus de 46 000 personnes entre 1941 et 1944, est l’unique camp de concentration nazi situé sur le sol français actuel.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
29 avr. 1985
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
06 déc. 2023
Référence :
00000001002

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Le camp de Natzweiler-Struthof, situé au coeur de l’Alsace annexée par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, est le seul camp de concentration situé actuellement en territoire français.

Le site du Struthof est choisi dès septembre 1940 par le colonel Blumberg, en raison de son isolement et de la présence d'une carrière de granit rose, pour laquelle Albert Speer montre un vif intérêt. Le camp ouvre officiellement le 1er mai 1941, et les effectifs de Natzweiler sont au départ formés de prisonniers de droits communs et d'asociaux venant des camps de Sachsenhausen et Dachau, pour construire le camp et en constituer l'administration interne. Par la suite, les internés sont principalement des Alsaciens, des Français de l'intérieur, des Norvégiens, des Néerlandais, des Luxembourgeois et des Allemands, ainsi que quelques Tziganes. Les femmes ne sont présentes que dans les kommandos extérieurs. Prévu pour une capacité maximale de 4 000 personnes, le camp ne grossit qu'assez lentement, les arrivées étant presque compensées par les décès. Au début de 1944, on ne compte que 1 844 détenus, mais fin août, avant l'évacuation, il y a plus de 5 500 détenus. Au total, 46 000 personnes passent par le camp.

Les détenus sont employés à des travaux très éprouvant d’extraction du marbre rose dans la carrière. Toutefois, l’évolution du conflit accroît progressivement la place des 42 kommandos et 7 sous-kommandos extérieurs. De fait, ces kommandos fournissent la main d’oeuvre des usines d’Alsace et du sud-ouest de l’Allemagne telles que Daimler-Benz, Motoren GmbH; et le travail dans les usines souterraines, les aérodromes et les chantiers de déblaiement et de déminage, prend le pas sur les préoccupations architecturales de départ du Reich.

Le nombre de décès dans le camp est évalué à au moins 22 000 personnes. La plupart meurent d’épuisement, conséquence d’un travail harassant, des privations de nourriture, des conditions climatiques difficiles, et des punitions infligées par les SS. De plus, le camp de Natzweiler-Struthof comprend une forte proportion de détenus classés "Nacht und Nebel". Ce statut résultant d’un décret adopté par Keitel le 12 décembre 1942, permet de faire disparaître les résistants et de terroriser leur entourage. Dans les camps de concentration, ils sont systématiquement affectés aux tâches les plus dures et roués de coups.

Par ailleurs, des médecins nazis procèdent, au sein du camp de Natzweiler, à des expériences. Le Docteur Hirt expérimente les effets de l’ypérite sur 150 cobayes (surtout tsiganes), dont 50 meurent. Le docteur Haagen, inocule quant à lui le typhus à des détenus polonais et tziganes afin d’en améliorer le vaccin. D’autres expériences de vivisections sont menées. La chambre à gaz du camp est utilisée pour le gazage de 86 juifs afin de procéder à une étude anatomique de leur squelette. Il s’agit du seul gazage certain, mais il est probable que d’autres gazages aient eu lieu dans le cadre de l’opération T4, visant à exterminer les malades mentaux.

Les détenus sont évacués le 22 septembre 1944 vers les camps d’Allemagne du Sud. Le premier camp découvert le 23 novembre 1944 par les Alliés à l’Ouest, est dès lors un camp vide.

En 1945, le camp de Natzweiler, symbole, en territoire français de la barbarie nazie, est classé à l’inventaire des monuments historiques. Un mémorial de la déportation y est inauguré en 1960 par le général de Gaulle.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage, réalisé à l’occasion de la cérémonie organisée au camp du Struthof lors de la journée du souvenir de la déportation de 1985, souligne l’importance de la mémoire de la barbarie nazie. Comme s’efforce de le montrer ce document, ce travail de mémoire est initié par l’Etat, représenté par son président François Mitterrand, et doit permettre aux jeunes générations de comprendre ce passé inhérent à l’histoire de l’Europe, afin de ne pas permettre la reproduction de tels événements. Le fondu enchaîné entre le plan sur la porte d’entrée du camp de concentration et l’image du président Mitterrand se recueillant avec en arrière plan, un drapeau français orné de la croix de Lorraine, tend à souligner le caractère impératif du souvenir. En outre, la présence de cet emblème de la France Libre est très significative. Dans le cadre de cette cérémonie dédiée à la mémoire des déportés, la France se place dans l’héritage de la Résistance, et à l’inverse, la question de la responsabilité du Gouvernement de Vichy dans le processus de déportation, ne se pose pas. La reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs de France, n’est d’ailleurs reconnue par le président Jacques Chirac qu’en juillet 1995.

De manière solennelle, le président Mitterrand se recueille devant les principaux lieux du camp : le four crématoire et la fosse aux cendres qui symbolisent la mort de tant de détenus, puis le mémorial de la déportation, dont le monument représente la flamme de la liberté, par une gigantesque spirale de béton de plus de 40 mètres de haut, sur laquelle est gravée la figure d’un déporté décharné.

Enfin, le commentaire de la journaliste reprend une erreur communément commise depuis la parution du documentaire réalisé par Alain Resnais, Nuit et brouillard. De fait, depuis lors, cette expression symbolise le sort dramatique de l’intégralité des détenus, alors que selon la terminologie nazie, il ne correspond qu’à la situation particulière de résistants de l’Ouest de l’Europe occupée, disparus dans le système concentrationnaire nazi.

A la fois solennel et émouvant, ce reportage, contribue au travail de mémoire des camps et de la barbarie nazie.

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