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Les historiens face au négationnisme

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 26 oct. 1987

L’historien Pierre Vidal-Naquet présente son ouvrage Les Assassins de la mémoire, où il démonte les thèses négationnistes.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de diffusion du média :
26 oct. 1987
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001020

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Au tournant des années 1980, les thèses négationnistes trouvent une résonance insoupçonnée dans les médias, à travers la figure notamment de Robert Faurisson qui remet en cause l’idée que les chambres à gaz aient servie à l’extermination systématique des juifs.

Ces thèses bénéficient du soutien d'une partie de l'extrême gauche, au prétexte d'une liberté absolue d'expression et qui dans son combat pour le peuple palestinien en vient à dénoncer l'invention par l'État juif de la Shoah. Elles bénéficient également du relais de l'extrême droite, notamment par la voix de Jean-Marie Le Pen, qui déclare, en 1987, que les chambres à gaz sont un "point de détail de la Seconde Guerre mondiale". Elles sont portées en réalité par un vaste réseau international, présent aussi bien aux Etats-Unis qu'au Proche-Orient. Ainsi il apparaît que l'ambassade d'Iran, par l'intermédiaire de l'un de ses interprètes, Wahid Gordji, futur responsable d'attentats à Paris en 1986, finançait le diffuseur de l'éditeur de livres négationnistes La Vieille Taupe.

Ces positions, condamnées par la justice, amènent les historiens, désarçonnés dans un premier temps, à réagir publiquement. L’historien de l’Antiquité Pierre Vidal-Naquet lance ainsi une pétition dès 1979, qui affirme qu’il "ne faut pas se demander comment techniquement un tel meurtre de masse a eu lieu [mais] qu’il a été possible techniquement parce qu’il a eu lieu". Pour lui, les négationnistes en niant la réalité du génocide "assassinent" la mémoire des victimes, formule qu’il utilise pour le titre de son ouvrage sur le négationnisme en 1987. Pour les historiens, la réaction n’est donc pas d’ordre scientifique, mais plus largement pédagogique et idéologique.

Il n’empêche que l’on peut considérer que cet écho médiatique donné aux négationnistes contribua à stimuler les historiens dans leurs recherches, tel Raoul Hilberg avec sa somme sur La Destruction des Juifs d’Europe, considérant qu’il était de son devoir de marquer la différence entre l’interprétation et la négation des faits. Il balaie ainsi l’affirmation des négationnistes qu’il n’y aurait aucune preuve et que de "prétendus" témoignages sur le génocide. Par ailleurs, le négationnisme a pris à contre-pied une mémoire juive en pleine mutation, car, rompre le silence, c’est précisément ce que souhaitaient à ce moment-là les rescapés, les témoins et une grande partie de la communauté juive.

Faurisson et ses adeptes ont jeté sciemment de l'huile sur le feu. Les victimes du génocide se retrouvent menacées une seconde fois d'extermination, au moment précis où la victoire contre l'oubli et le refoulement semblait acquise. Pour les négationnistes, c'était le moment où jamais. Vidal-Naquet et la communauté historique se fédérèrent alors pour faire taire, un temps du moins et en France seulement, le mensonge négationniste.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

En à peine quelques minutes, Pierre Vidal-Naquet (son nom est mal orthographié à l’écran) énonce avec une grande clarté l’essentiel. Le journaliste ici ne joue qu’un rôle secondaire, posant juste deux questions qui doivent permettre à l’histoire d’exposer son argumentation. Il s’agit ainsi de porter la parole de la vérité contre celle des négationnistes qui ont envahi souvent les médias. En cela, il y a ici une grande simplicité dans le dispositif dont le but est pédagogique avant tout. Il s’agit de répondre avec la plus grande neutralité, de manière posée et intelligible. Il n’y a pas de public ; pas d’invectives non plus, juste des mots énoncés calmement, rappelant des évidences démontrées sereinement.

Le ton se veut tout à la fois ferme et limpide, contrastant avec la tendance à la polémique que cherche souvent la télévision. Face au danger d'une telle attitude, les médias ont alors pris conscience de leur pouvoir et ont essayé, après avoir contribué à la diffusion du message négationniste, de se racheter en accordant une résonance aux travaux incontestables d'historiens irréprochables comme ceux de Pierre Vidal-Naquet.

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