Édouard Glissant et l'antillanité

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 06 févr. 1957

Édouard Glissant, héritier spirituel d'Aimé Césaire, développe le concept d'antillanité. Ce concept permet de souligner la richesse de la culture martiniquaise qui a su mêler les apports culturels des civilisations européenne et africaine.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Lectures pour tous
Date de diffusion du média :
06 févr. 1957
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001080

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Edouard Glissant participe au renouveau intellectuel de la Martinique en développant le concept d' "antillanité".

Né en 1928 dans une plantation, il est admis au lycée Victor Schoelcher de Fort de France où il suit les enseignements du professeur Aimé Césaire. Il poursuit à la Sorbonne des études de philosophie et publie ses premiers recueils poétiques Un champ d'îles en 1953 et La Terre inquiète en 1954. Il participe également au renouveau culturel négro-africain avec la revue Présence africaine et les congrès d'écrivains et artistes noirs de Paris en 1956 et de Rome en 1959. En 1958, son roman La Lézarde est récompensé par le prix Renaudot.

Très tôt, Edouard Glissant s'engage politiquement en faveur d'une meilleure reconnaissance des peuples antillais. Ainsi, il est interdit de séjour en Martinique de 1959 à 1965 et en 1961 il fonde avec Paul Niger le Front des Antilles-Guyane pour l'autonomie. A Paris, il signe le manifeste des 121 dont Jean-Paul Sartre est à l'initiative, et qui encourage l'insoumission des conscrits Français appelés à se battre en Algérie.

Pouvant s'installer de nouveau en Martinique en 1965, il fonde l'institut martiniquais d'études dont l'enseignement tend à promouvoir la culture antillaise. Il poursuit par la suite son oeuvre romanesque avec notamment Malemort en 1975 et La Case du commandeur en 1981. Directeur du Courrier de l'UNESCO de 1982 à 1988, il est professeur de français à la City University of New York depuis 1995.

Edouard Glissant reprend au psychiatre Franz Fanon l'idée selon laquelle la communauté antillaise est malade. Il estime dès lors qu'il faut travailler à la guérir en lui permettant de se réapproprier un espace, la terre antillaise, accaparée par les colons, et une histoire, celle de l'esclavage et de la colonisation. L' "antillanité" est donc avant tout réappropriation de soi et reconnaissance du métissage culturel et des bienfaits du plurilinguisme (français et créole).

L'oeuvre d'Edouard Glissant, souvent jugée élitiste, est mal connue. Elle incarne pourtant la richesse du métissage culturel de la société antillaise.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Au cours d'un long entretien accordé à l'ORTF en 1967, Edouard Glissant développe, avec une grande finesse et grâce à une langue particulièrement riche, sa conception de la société antillaise. Le journaliste, qui interviewe l'intellectuel, se situe quant à lui hors champ. Edouard Glissant focalise toute l'attention de la caméra qui multiplie les gros plans sur l'écrivain.

Edouard Glissant souligne tout particulièrement l'importance des métissages culturels entre les civilisations européenne et africaine sur le territoire des Antilles. Pour ce faire, il utilise des exemples concrets comme celui du recours aux médecins et aux sorciers en Martinique et en Guadeloupe. Il montre également que la pratique de la langue française aux Antilles résulte du métissage de ces deux cultures.

Par ailleurs, dans le contexte de la guerre d'Algérie, évoqué discrètement, il se prononce pour une meilleure harmonie des cultures au sein des Antilles. En particulier, il revendique une plus grande liberté d'expression pour les populations noires antillaises. Au cours de cet entretien, Edouard Glissant se montre encore confiant quant à une possible harmonie des cultures aux Antilles. Sa position se radicalise quelques années plus tard, lorsqu'il se prononce clairement pour l'autonomie des Antilles. Déjà toutefois, il a recours à une rhétorique anticolonialiste, dans la mesure où les blancs vivants en Martinique ou en Guadeloupe sont désignés sous le vocable de "colons".

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