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L'écrivain Philippe Soupault évoque André Breton et le surréalisme

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 30 sept. 1966

En 1966, dans l'émission Panorama, Philippe Soupault, écrivain, journaliste et cofondateur du surréalisme, parle d'André Breton et des origines du surréalisme.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Francis Ponge : contexte artistique

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
30 sept. 1966
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
01 févr. 2024
Référence :
00000001573

Contexte historique

Par Johanna Pernot

André Breton est le chef de file, aussi autoritaire qu'incontestable, du mouvement surréaliste.

Né en 1896, il grandit en banlieue, dans une famille de la petite bourgeoisie catholique aux principes rigides. Les événements russes d'octobre 1917 lui donnent le frisson de la liberté et ses premiers émois révolutionnaires. Il entame des études de médecine et publie ses premiers poèmes dans la revue symboliste La Phalange. Pendant la guerre, Breton est interne en médecine, mais plusieurs rencontres, réelles ou imaginaires – dont celles de Rimbaud et Lautréamont – le font définitivement opter pour la voie littéraire. La médecine le met sur la trace des travaux de Freud et, persuadé des applications possibles de la psychanalyse dans la recherche poétique, il se fait affecter dans un centre de neurologie où il teste avec ses patients la méthode de l'association libre. Il rencontre à Paris Aragon et Soupault, que lui présente Apollinaire, et « les trois mousquetaires », comme les surnomme Paul Valéry, fondent en 1919 la revue Littérature, vite influencée par Tzara et le mouvement dada. Avec Philippe Soupault, il écrit Les Champs magnétiques, texte fondateur du mythe surréaliste, qui regorge d'images neuves et d'audaces. Après une visite infructueuse chez Freud à Vienne, il innove avec Robert Desnos en 1923 l'expérience des sommeils hypnotiques, censée libérer l'inconscient. La même année, Clair de terre reflète la déception de Breton à Vienne : le recueil, qui s'ouvre avec cinq récits de rêves, fait finalement le choix d'une poésie subversive, qui se tourne vers la construction joyeuse de l'individu. Breton y pratique le collage, les jeux typographiques et de magnifiques associations de sonorités et d'images. Sa poésie communique entre différents espaces, ainsi qu'à l'intérieur du temps (ainsi, dix ans avant la rencontre de sa future femme, il en raconte la vision prémonitoire). Le premier Manifeste du surréalisme qu'il publie en 1924 théorise le mouvement, qui, prenant ses racines dans le rêve, l'enfance et l'imaginaire, doit embrasser « la vraie vie » « en l'absence de tout contrôle exercé par la raison. » Breton y refuse la description, à laquelle peuvent se substituer dessins ou photographies. La revue La Révolution surréaliste devient l'organe du groupe et s'intéresse notamment à la peinture. En 1927, Breton adhère avec Éluard et Aragon au parti communiste. Il rencontre la mystérieuse Nadja, qui lui inspire son célèbre récit autobiographique du même nom. Dans ce fleuron de l'écriture surréaliste se révèle une vérité poétique et psychique, étrangère à toute rationalité. Dans la même veine naît en 1937 L'Amour fou, qui relate sa rencontre et sa liaison angoissée avec celle qui deviendra sa deuxième épouse. Le Second Manifeste du surréalisme radicalise encore son discours révolutionnaire et sa pensée, dont le dogmatisme autoritaire n'est pas toujours bien accueilli et provoque des dissidences – Soupault, moins intransigeant, est ainsi écarté du groupe. Breton ambitionne l'alliance de l'action et du rêve pour changer le monde. Dans les années 1930, le mouvement s'internationalise et se politise, réaffirmant le rêve libertaire face à la montée des fascismes. Breton, qui dénonce les abus du stalinisme, rompt avec le parti communiste en 1935, Aragon puis Éluard. En 1938 a lieu l'Exposition internationale du surréalisme à Paris. Cette même année, Breton rencontre Trotski au Mexique et rédige avec lui Pour un art révolutionnaire indépendant, qui revendique la liberté entière de l'art. Mobilisé en 1939 comme médecin, il passe après l'armistice en zone libre, où il reconstitue, à Marseille, un petit noyau surréaliste. Il s'embarque ensuite pour New York où, épaulé par Marcel Duchamp, il insuffle de l'autre côté de l'Atlantique l'esprit surréaliste. De retour en France après la guerre, il continue de s'intéresser à l'art primitif et multiplie scandales et polémiques. Il meurt en 1966, un an après la IXe Exposition internationale du surréalisme.

Éclairage média

Par Johanna Pernot

Panorama est un magazine hebdomadaire d'actualité économique, sociale et politique. À la mort d'André Breton en 1966, l'émission consacre une rétrospective au poète. À cette occasion est diffusé un entretien de Philippe Soupault, interrogé par Max Favalelli à son domicile. La voix du journaliste est reléguée hors champ. Le reportage attire l'attention sur le visage et les paroles du poète. Les longs plans rapprochés font découvrir au téléspectateur un homme amène et passionné, dont les propos trahissent l'amitié envers son ancien camarade.

Dans cet entretien, Philippe Soupault revient sur les origines du mouvement surréaliste, dont lui-même et Breton sont les principaux instigateurs. Il explique l'intérêt du jeune étudiant en médecine pour la psychiatrie et l'étude de la folie, que toute une tradition philosophique rapproche du génie et de la poésie. Il rappelle l'admiration à sens unique d'André Breton pour le docteur Freud.

Quelles sont les origines du surréalisme ? La revue Littérature apparaît comme un premier pas. Ses fondateurs, Aragon, Soupault et Breton, désirent inscrire les textes publiés dans une lignée de penseurs et d'écrivains dont ils se sentent tributaires – l'insert de la caméra sur une couverture du magazine, une femme nue dont le sexe figure une tête de singe – semble être, de facto, un clin d'œil aux théories freudiennes. Mais l'irruption du dadaïsme va mettre un frein à leur projet. Au passage, le poète souligne la sincérité et la violence de l'engagement de Breton dans ce mouvement de révolte, qui s'oppose aux partisans de la guerre et d'un nationalisme absurde.

En définitive, Soupault fait remonter la naissance du mouvement surréaliste – dont le nom est inspiré d'un texte d'Apollinaire – à 1919 et à la publication des Champs magnétiques, que Breton et lui-même ont produit en quinze jours selon la méthode libératrice et amusante de l'écriture automatique.

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