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Le cyberharcèlement

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 nov. 2010

Des enseignants ou des élèves sont l’objet de moqueries et d’insultes sur des sites Internet et les réseaux sociaux. Le secrétaire général de la CNIL, Yann Padowa, et la chercheuse Catherine Blaya expliquent les raisons et les conséquences du cyberharcèlement. Plus tôt dans l’année, des élèves ont été exclus d’un collège de Ribeauvillé pour avoir insulté un professeur sur Facebook.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
11 nov. 2010
Production :
INA
Page publiée le :
10 févr. 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001766

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Les réseaux sociaux ne cessent de voir leur utilisation croître. En 2016, Facebook compte ainsi 1,55 milliard d’utilisateurs mensuels dans le monde. Parmi eux, plus d’1 milliard se connectent au moins une fois par jour. De son côté, Twitter revendique quelque 320 millions d’utilisateurs. Ce sont surtout les adolescents qui se connectent aux réseaux sociaux. Plus de 9 lycéens français sur 10 disposent ainsi d’un compte Facebook.

Les réseaux sociaux constituent un outil majeur de communication : ils permettent de partager opinions et centres d’intérêts par messages, photos et vidéos. Cependant, leur utilisation croissante entraîne également la multiplication des dérapages. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) distingue ainsi plusieurs types de « lynchages » ou de « cyberharcèlements » qui ont plus particulièrement lieu sur ces réseaux sociaux. Il s’agit principalement de moqueries, d’insultes, voire de menaces exprimées à l’égard d’une personne. Le harcèlement sur Internet a d’abord lieu entre élèves. Il prend essentiellement la forme de moqueries ou de la diffusion de rumeurs. Les enseignants en sont également les victimes. En 2010, selon Yann Padova, secrétaire général de la CNIL, un quart des plaintes de cyber-harcèlement reçues par l’autorité administrative provenait de professeurs harcelés par des élèves sur les réseaux sociaux. Ces élèves font alors l’objet de sanctions disciplinaires. Ainsi, en 2013, deux lycéens ont été définitivement exclus de leur établissement de Sceaux (Hauts-de-Seine) pour avoir posté sur de faux profils Facebook des commentaires injurieux et des photomontages obscènes impliquant plusieurs professeurs. La même année, trois lycéennes ont également été exclues définitivement de leur lycée à Limay (Yvelines) pour avoir insulté sur Twitter un de leurs enseignants en raison du projet de ce dernier de faire un contrôle.

La CNIL recense d’autres cas de lynchages sur Internet : l’agression physique en groupe suivie de la publication d’une vidéo (dite « happy slapping »), la création d’une page ou d’un faux profil sur un réseau social à l’encontre d’une personne ou encore la publication de photographies humiliantes ou sexuellement explicites. Une jeune Française a par exemple fait l’objet d’un lynchage massif sur les réseaux sociaux au début du mois de janvier 2016. Une photographie d’elle pendant un acte sexuel a été prise contre son gré avant d’être rapidement partagée sur l’application mobile Snapchat par son auteur. Publiée ensuite sur Twitter, elle a connu une diffusion massive. En trois jours, plus de 100 000 tweets citant les vrai prénom et nom de la jeune fille et comportant pour la plupart des critiques ou des insultes à son encontre ont alors été publiés.

Si les adolescents sont les premières victimes des lynchages sur Internet, les adultes peuvent aussi être concernés, en particulier dans le monde professionnel. Ainsi, la société d’ingénierie Alten a licencié trois salariés en décembre 2008 pour « incitation à la rébellion contre la hiérarchie » et « dénigrement envers la société » en raison de propos critiques exprimés sur Facebook à l’encontre de leur hiérarchie (voir ce document).

Les victimes de cyber-harcèlement peuvent signaler les publications incriminées au réseau social concerné et demander non seulement leur effacement mais aussi le blocage de personnes. En France, elles peuvent également porter plainte pour harcèlement moral, insulte, diffamation ou usurpation d’identité.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le journal télévisé de treize heures de France 2 le 11 novembre 2010, ce reportage est consacré au cyberharcèlement. Il a pour but d’illustrer le communiqué publié la veille par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Cette autorité administrative chargée de veiller à la protection des données des citoyens s’alarmait de la hausse des cas de lynchage sur Internet. Une partie du reportage a du reste été tournée dans les locaux de la CNIL, rue Vivienne, à Paris. Une employée de l’institution recevant un appel est ainsi filmée et le secrétaire général, Yann Padova, est interviewé.

Le sujet comprend également des images de pages Internet afin de rendre concret le cyber-harcèlement. Le reportage s’ouvre sur des images de messages publiés sur un blog dans lesquels des élèves se moquent ou insultent d’autres élèves et des enseignants. Il montre aussi à deux reprises des pages de groupes Facebook comportant des insultes à l’encontre de personnes : une personne dont l’identité est masquée et une enseignante d’un collège de Ribeauvillé, dans le Haut-Rhin. Cette dernière affaire, qui date de quelques mois avant la diffusion du reportage, est également rappelée par des images d’archives.

Si les messages insultants sont montrés à l’écran, rien ne permet d’identifier leurs auteurs ou leurs victimes. L’équipe de France 2 a en effet eu recours au floutage. Le nom de la personne insultée sur Facebook est flouté, de même que le visage des collégiens filmés dans la cour et devant leur collège. Pratique devenue très courante dans les reportages des journaux télévisés et des magazines d’information, le floutage permet de protéger l’identité d’une personne ainsi que son droit à l’image. Les mineurs font l’objet d’une protection particulière, comme on peut le voir dans le sujet. De fait, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a estimé en 2004 qu’ « il convient, dans l’intérêt de l’avenir de l’enfant, de protéger son identité » quand « un reportage risque d’avoir des conséquences négatives pour un mineur, de rendre plus difficile sa vie familiale, sociale, médicale ou judiciaire. » Les justiciables peuvent également être floutés au nom du respect de la présomption d’innocence et du droit des victimes. La loi Guigou du 15 juin 2000 interdit ainsi la diffusion d’images d’une personne menottée ou placée en détention provisoire et en attente de jugement « lorsqu’elle est réalisé sans l’accord de l’intéressé ».

Le floutage a été consacré par un arrêt de la Cour de cassation du 18 septembre 2008. La Cour a jugé que cette technique constitue, au même titre que « la pixellisation ou l’apposition d’un bandeau sur le visage des personnes représentées », un moyen de concilier liberté de la presse et respect de la vie privée. En d’autres termes, le floutage permet de trouver un compromis entre le devoir d’information et la protection de la vie privée.

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