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Vladimir Poutine signe le rattachement de la Crimée à la Russie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 mars 2014

À Moscou, le 18 mars 2014, Vladimir Poutine signe un accord qui rattache la Crimée à la Russie. À Sébastopol et Simferopol, les pro-Russes célèbrent ce rattachement. Ce dernier est condamné par le vice-président américain Joe Biden et le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. L’armée ukrainienne se déploie à la frontière avec la Crimée.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
18 mars 2014
Production :
INA
Page publiée le :
10 juin 2016
Modifiée le :
15 mars 2024
Référence :
00000001812

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

À partir de novembre 2013, l’Ukraine est agitée par des manifestations pro-européennes qui s’en prennent au président Viktor Ianoukovitch (voir le document Révolution en Ukraine : la destitution du président Ianoukovitch). Le mouvement Euromaïdan, du nom de Maïdan, la place de l’Indépendance à Kiev, aboutit le 22 février 2014 à sa chute : Viktor Ianoukovitch, qui a fui Kiev dans la nuit du 21 au 22 février, est destitué par le Parlement. Le président du Parlement Oleksandr Tourtchynov est alors nommé président par intérim jusqu’à l’élection présidentielle du 25 mai 2014.

La révolution de février 2014 ravive cependant les tensions séparatistes et pro-russes en Crimée. Majoritairement russophone, cette péninsule d’Ukraine, baignée au sud et à l’ouest par la mer Noire, avait été annexée par la Russie en 1783. Puis, en 1954, elle avait été transférée par Nikita Khrouchtchev de la République socialiste fédérative soviétique de Russie à celle d’Ukraine. Après la chute de l’Union soviétique, la Crimée était devenue en 1992 une République autonome au sein de l’Ukraine. Par ailleurs, Sébastopol, où est basée la flotte russe de la mer Noire, avait reçu un statut spécial de ville fédérale.

La destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et l’abrogation le lendemain, le 23 février 2014, par le Parlement ukrainien de la loi accordant un statut officiel aux langues régionales, dont le russe, provoque l’opposition de la majorité de la population de Crimée au nouveau pouvoir de Kiev. Le 1er mars suivant, des hommes armés pro-russes s’emparent du Parlement régional à Simferopol. Ils reçoivent le soutien du président de la Russie Vladimir Poutine qui envoie des troupes en Crimée, en particulier autour de la base navale de Sébastopol, « jusqu’à la normalisation de la situation dans le pays ». L’Ukraine place alors son armée en état d’alerte. De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU condamne l’intervention russe en Crimée au nom du « principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays ».

Par la suite, le 11 mars 2014, le Parlement de Crimée déclare l’indépendance de la République de Crimée à l’égard de l’Ukraine : cette entité étatique autoproclamée rassemble la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol. Puis les dirigeants de cette nouvelle Crimée organisent le 16 mars 2014 un référendum portant sur le rattachement de leur pays à la Russie. Ce référendum, non reconnu par l’Ukraine et les pays occidentaux, voit le « oui » l’emporter très massivement par 96,77 % des voix. Deux jours plus tard, le 18 mars 2014, le rattachement de la Crimée et de la ville de Sébastopol à la Russie est entériné lors d’une cérémonie à Moscou entre Vladimir Poutine et les dirigeants criméens. Le président russe justifie alors le rattachement de la Crimée par l’histoire, estimant qu’« en Crimée, tout respire l’histoire de la Russie ». Il s’en prend par ailleurs aux nouvelles autorités ukrainiennes issues de la révolution de février 2014, jugeant que « l’Ukraine est dans les mains des fascistes, des xénophobes, des russophobes et des antisémites ».

Ce rattachement de la Crimée à la Russie provoque une crise internationale. L’Ukraine mobilise son armée et rappelle des milliers de réservistes. L’Union européenne et les États-Unis mettent en place des sanctions contre de hauts responsables criméens et russe : leurs avoirs sont gelés et leurs visas suspendus. L’Assemblée générale de l’ONU, dans une résolution du 27 mars 2014, condamne le référendum qui s’est tenu en Crimée au nom de « l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Consacré au rattachement de la Crimée à la Russie, ce sujet a été diffusé en ouverture du journal télévisé de France 3, le 19/20, le 18 mars 2014, le soir même de la cérémonie de signature entérinant cette annexion. Cette cérémonie organisée à Moscou par Vladimir Poutine intervient seulement deux jours après qu’un référendum a plébiscité le rattachement de la Crimée à la Russie.

Le sujet se compose de plans filmés dans sept villes différentes : Moscou (Russie), Sébastopol et Simferopol (Crimée), Kiev (Ukraine), Varsovie (Pologne), Washington (États-Unis) et Saint-Nazaire (France). Cette diversité de lieux témoigne de la résonance mondiale de la crise de Crimée qui dépasse largement le simple enjeu régional de la rivalité entre la Russie et l’Ukraine.

Dans un premier temps, le sujet donne à voir la mise en scène minutieusement orchestrée par le pouvoir russe de la cérémonie de signature de l’accord rattachant la Crimée à la Russie. La cérémonie est organisée solennellement au Kremlin, à Moscou, devant le Premier ministre Dmitri Medvedev et les membres du Parlement. La salle est symboliquement pavoisée de drapeaux de la Russie, ce qui renforce le nationalisme de la cérémonie. Le président russe Vladimir Poutine n’est pas seul à signer l’accord : il a convoqué les représentants des nouvelles autorités autoproclamées de Crimée. Il s’agit de montrer au reste du monde que le rattachement de la Crimée ne constitue pas une annexion mais qu’elle découle d’un traité pleinement légitime entre deux parties consentantes. Le président du Parlement Vladimir Konstantinov et le Premier ministre de Crimée paraphent ainsi l’accord, de même que le maire de Sébastopol Alekseï Tchaly, placé à la gauche de Vladimir Poutine et qu’on ne voit pas signer.

Les extraits du discours du président russe témoignent par ailleurs de son nationalisme, mais aussi de son souci de justifier le rattachement de la Crimée à son pays. Il s’agit là encore de montrer qu’il ne résulte aucunement d’un coup de force et que la Crimée est « une partie intégrante de la Russie ». Vladimir Poutine ne souffle évidemment mot des soldats russes venus aider les séparatistes criméens contre l’Ukraine. Par la suite, les séquences filmées à Sébastopol et Simferopol accumulent les images de symboles russes dans le même esprit d’unanimité nationaliste visant à renforcer la légitimité du rattachement de la Crimée. C’est le cas des plans d’un rassemblement de pro-russes agitant des drapeaux de la Russie au pied d’une statue du fondateur de l’URSS, Lénine. La nostalgie de l’URSS transparaît également dans le témoignage d’un habitant.

Le sujet n’occulte pourtant pas la gravité de la crise provoquée par l’annexion de la Crimée. Il montre ainsi ostensiblement la menace de guerre entre l’Ukraine et la Russie. Les plans de chars et soldats ukrainiens se déployant près de la Crimée ou d’un hélicoptère militaire ukrainien en vol l’illustrent bien. Le sujet témoigne également des incidences internationales de cette crise. La condamnation du rattachement de la Crimée à la Russie par les États-Unis et l’Europe apparaît explicite dans le sujet. Le vice-président américain Joe Biden, en visite à Varsovie, parle ainsi d’« une confiscation de territoire » lors de la conférence de presse qu’il tient au côté du chef du gouvernement polonais Donald Tusk. Le sujet insiste en outre sur une autre conséquence internationale de la crise de Crimée : l’annulation éventuelle par le gouvernement français de la vente de deux navires construits pour la marine russe, le Vladivostok et le Sébastopol. Cette éventualité est ici illustrée par des plans du lancement du Vladivostok à Saint-Nazaire le 15 octobre 2013. Par la suite, la vente de ces deux navires porte-hélicoptère de la classe Mistral sera bel et bien annulée par l’État français en août 2015, en échange de 1,2 milliard d’euros versés en dédommagement à la Russie.

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