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Vaincre l'oubli : l'exemple du camp de Neuengamme

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 mai 1985

A l'occasion des commémorations du 40e anniversaire de la libération du camp de concentration de Neuengamme, d'anciens déportés témoignent de leur expérience concentrationnaire. Ce reportage souligne également les efforts entrepris par les survivants pour que l'histoire de ce camp sorte de l'oubli. Neuengamme est depuis lors devenu un lieu de mémoire à échelle internationale.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 mai 1985
Production :
INA
Page publiée le :
17 nov. 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001838

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le camp de concentration de Neuengamme se situe à 25 km de Hambourg : à l'origine, il s'agit d'un kommando, sous-camp rattaché à celui de Sachsenhausen. A partir de juin 1940, il devient un camp de détention à part entière.  Au total, le camp de Neuengamme et ses kommandos ont accueilli plus de 100 000 déportés dont 13 500 femmes.

Parmi 20 nationalités, les Soviétiques représentent près d'un tiers des détenus. La plupart des 11 500 Français (dont 500 femmes) sont déportés sur place entre le 21 mai et le 29 août 1944 en cinq convois distincts. D'autres ont été transférés par la suite au moment de l'évacuation d'autres camps, à l'instar des femmes françaises de Ravensbrück.

Au sein du camp principal et des kommandos internes, les déportés sont employés à des tâches logistiques (transport, chargement) mais aussi de production (éléments en béton, briqueterie, armement, construction du canal Dove-Elbe). Certains d'entre eux participent au déblaiement et au déminage des villes bombardées par les Alliés.

Alors que le manque d'hygiène et de nourriture encourage la propagation des épidémies (typhus, tuberculose), les déportés sont soumis à des punitions arbitraires de la part des SS du camp mais aussi d'autres détenus chargés de leur surveillance. Coups, humiliations et exécutions sommaires rythment le quotidien des déportés qui doivent subir de longues heures d'attente sur la place d'appel, le travail forcé et la promiscuité des baraques.

Des expériences médicales ont également lieu pour tester des remèdes contre le typhus et la tuberculose, notamment sur des enfants juifs transférés d'Auschwitz puis assassinés pour effacer toute trace. A partir de 1942, un four crématoire est installé au sein du camp, où l'élimination des détenus jugés incapables de travailler se systématise. Ces derniers sont envoyés dans des centres de mise à mort ou exécutés sur place par injection létale.

A l'approche des troupes alliées, le camp principal et les kommandos extérieurs sont évacués. Les « marches de la mort » et le transport vers d'autres camps sont particulièrement meurtriers. Le sort des déportés transportés vers le port de Lübeck est tragique : suite à une erreur d'appréciation, deux des navires sur lesquels il venaient d'embarquer sont coulés par l'aviation britannique. Moins de 500 personnes survivent sur près de 7500 hommes présents à bord.

C'est un camp vide que découvrent les soldats britanniques arrivés sur place le 5 mai 1945. Près de 55 000 hommes ont péri à l'intérieur du camp (dont 7000 Français). Les dernières semaines de déportation et l'évacuation du camp ont été fatales à plus d'un quart d'entre eux.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Cette émission spéciale de France 3 a été diffusée à l'occasion du 40e anniversaire de la libération du camp de Neuengamme. Le reportage a été réalisé au cours des commémorations organisées sur place : sur ces images, le rassemblement apparaît toutefois assez modeste.

En début du sujet, les anciens déportés égrènent leur matricule en allemand ou en français : leur identité a ainsi été réduite à un numéro de matricule pendant toute la durée de leur captivité.

Les souvenirs personnels des témoins révèlent la violence verbale et physique subie au sein de l'univers concentrationnaire. Les archives photographiques soulignent encore davantage l'horreur vécue par des hommes soumis au froid et à la faim, contraints de travailler plus de 12h par jour, sous la menace permanente d'une sanction arbitraire de la part des Kapos (détenus chargé d'encadrer les autres détenus) ou des membres de l'administration SS du camp. Les témoignages alternent avec les images des objets exposés dans l'exposition présentée à Neuengamme.

Certains témoins et le commentaire du journaliste font également référence à la difficulté de faire connaître l'histoire du camp à la population environnante. Après guerre, les lieux abritent un centre pénitentiaire. Il faut attendre 1965 pour qu'un mémorial soit érigé sur place grâce aux efforts entrepris par les associations d'anciens déportés. En 1981, un centre de documentation a certes été ouvert mais ce n'est que vingt ans après cette émission que l'ancien camp sera transformé en un des plus vastes centres de mémoire allemands, installé sur toute la superficie de l'ancien camp de Neuengamme.

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