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Attentat contre le journal Charlie Hebdo

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 janv. 2015

Le 7 janvier 2015, deux terroristes attaquent le siège du journal satirique Charlie Hebdo et tuent 11 personnes. Ils abattent ensuite un policier dans leur fuite. Parmi les victimes figurent les dessinateurs emblématiques Charb, Cabu, Wolinski, Honoré et Tignous. Suite à cet attentat, le président de la République François Hollande prononce une allocution solennelle télévisée.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
07 janv. 2015
Production :
INA
Page publiée le :
30 nov. 2017
Modifiée le :
09 janv. 2024
Référence :
00000001854

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 7 janvier 2015, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo est visé par un attentat terroriste islamiste. Les frères Chérif et Saïd Kouachi font irruption vers 11 h 30 au siège du journal, rue Nicolas-Appert, dans le XIe arrondissement de Paris. Armés de fusils d'assaut de type kalachnikov, ils assassinent 11 personnes, dont 8 membres de la rédaction de Charlie Hebdo qui se trouvaient réunis pour leur conférence hebdomadaire. Les dessinateurs emblématiques Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, l'économiste Bernard Maris, la psychanalyste Elsa Cayat et le correcteur Mustapha Ourrad sont tués. Michel Renaud, invité par la rédaction, et Franck Brinsolaro, un des deux policiers assurant la protection de Charb, sont également assassinés. Avant de faire irruption dans les locaux de Charlie Hebdo, les frères Kouachi avaient également abattu un agent d'entretien de l'immeuble, Frédéric Boisseau. Après l'attaque, une 12e personne est tuée : Ahmed Merabet, policier du commissariat du XIe arrondissement, est abattu boulevard Richard-Lenoir d'une balle dans la tête par l'un des deux terroristes. Ils prennent ensuite la fuite. Ils revendiquent l'attentat au nom d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), ce que confirme ensuite officiellement l'organisation terroriste. L'aîné avait suivi un entraînement militaire dans ses rangs en 2011. Les frères Kouachi justifient leur action terroriste par les insultes proférées dans Charlie Hebdo contre le prophète Mohammed : Vous allez payer, car vous avez insulté le Prophète, ont-ils dit aux membres de la rédaction avant de les assassiner. De fait, après avoir publié dans ses pages en février 2006 des caricatures de Mahomet (voir Décision de justice après la demande de saisie du journal Charlie Hebdo et Le procès contre Charlie Hebdo pour la publication de caricatures de Mahomet), les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo n'ont cessé de recevoir des menaces de mort. Le 2 novembre 2011, les locaux du journal ont même été partiellement détruits par un incendie volontaire, juste avant la publication d'un numéro intitulé Charia Hebdo.

Dans les deux jours qui suivent l'attentat perpétré contre le journal par les frères Kouachi, un de leurs proches, Amedy Coulibaly, commet lui aussi des actions terroristes. Il abat une jeune policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, à Montrouge le 8 janvier 2015, avant de tuer le lendemain 4 personnes de confession juive pendant une prise d'otages dans le magasin Hyper Cacher situé avenue de la porte de Vincennes à Paris (voir Double prise d'otages terroriste dans le magasin Hyper Cacher à Paris et à Dammartin-en-Goële).

Les frères Kouachi sont également tués le 9 janvier 2015 par des membres du GIGN  à Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne. Retranchés dans une imprimerie depuis le matin, ils en sortent vers 17 heures et ouvrent le feu sur les gendarmes. Ces derniers ripostent et les abattent (voir Double prise d'otages terroriste dans le magasin Hyper Cacher à Paris et à Dammartin-en-Goële).

L'attentat contre Charlie Hebdo déclenche une immense émotion dans toute la France. Le slogan Je suis Charlie est très rapidement partagé sur tous les réseaux sociaux sous forme de hashtag ou d'image. Dès le 7 janvier au soir, de nombreux rassemblements en hommage aux victimes de l'attentat sont organisés en France, notamment place de la République, à Paris. Le 10 janvier 2015, 700 000 personnes défilent dans plusieurs villes pour s'opposer au terrorisme et défendre la liberté d'expression. Mais c'est le lendemain, dimanche 11 janvier, que ces marches républicaines prennent une ampleur exceptionnelle : près de 4 millions de personnes, dont 1,5 million à Paris, y participent (voir La marche républicaine du 11 janvier 2015 contre le terrorisme). Une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement étrangers, venus apporter leur soutien à la France et dire leur opposition au terrorisme, prennent part au défilé à Paris.

Une semaine après la tuerie, le 14 janvier 2015, un nouveau numéro de Charlie Hebdo paraît. Tiré au total à près de 8 millions d'exemplaires contre 60 000 habituellement chaque semaine avant l'attaque, il établit le record de la presse française.

Plus de cinq ans après ces attaques, un procès est organisé à partir du 2 septembre 2020 devant une cour d’assises spéciale, à Paris. Il s’agit du premier grand procès instruit par le Parquet national antiterroriste créé en 2019. En l’absence des trois auteurs des attentats, abattus par les forces de l’ordre, 14 accusés sont jugés par les magistrats de la cour d’assises spéciale. Parmi ces 14 accusés, trois sont jugés par défaut : l’épouse religieuse d’Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, son mentor présumé, Mohamed Belhoucine, et son frère Mehdi, qui ont tous fui en Syrie peu avant les attentats. Les accusés sont soupçonnés à différents degrés d’avoir pris part au soutien logistique des attentats commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly.

Après cinquante-quatre jours d’audiences, durant lesquels 144 témoins et 14 experts ont été cités, et sans pouvoir lever toutes les zones d’ombres, le verdict est rendu le 16 décembre 2020. La cour d’assises spéciale de Paris prononce des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité pour les 14 accusés reconnus coupables d’avoir assisté les terroristes de janvier 2015. 

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

De par son ampleur, la nature de sa cible et la notoriété de ses victimes, l'attentat qui a touché l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 a plongé la France dans la sidération et l'effroi. Sa couverture médiatique s'est fort logiquement avérée très importante. Les chaînes de télévision ont ainsi entièrement consacré leurs journaux télévisés du soir à cet événement. France 2 a diffusé une édition spéciale du journal télévisé de vingt heures, alternant reportages, duplex depuis les lieux des événements, analyses en plateau de journalistes et interviews en plateau d'invités (Robert Badinter, ancien garde des Sceaux, Caroline Fourest, ancienne journaliste à Charlie Hebdo, Franz-Olivier Giesbert, journaliste, et Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille).

Cette édition spéciale débute par une introduction d'une longueur inhabituelle. Le présentateur David Pujadas résume brièvement les faits sur fond d'images qui montrent successivement les terroristes, certaines victimes, des membres des forces de l'ordre et des anonymes rassemblés en hommage. Les mots utilisés par David Pujadas témoignent parfaitement de l'ampleur du choc que constitue l'attentat contre Charlie Hebdo : La France frappée, la France blessée, l'attentat le plus meurtrier depuis plus de cinquante ans, journée noire pour la presse et pour la France, cette épreuve.

Le premier reportage de l'édition spéciale de France 2 revient sur les événements dramatiques de la journée. Il prend la forme d'un récit uniquement factuel de la tuerie et de ses suites. L'auteur du sujet se contente le plus souvent de décrire les images. Le sujet ne suit pas la chronologie des événements puisqu'il s'ouvre sur une scène qui s'est déroulée après l'attentat : c'est le moment où les frères Kouachi, équipés de gilets pare-balles et armés de fusils d'assaut, sortent de leur véhicule boulevard Richard-Lenoir et courent en direction d'un policier, Ahmed Merabet, afin de l'abattre froidement. La rédaction de France 2 a choisi de flouter entièrement le policier. Elle a également choisi de couper la séquence de son exécution au sol par les terroristes afin de préserver sa famille mais aussi d'éviter la diffusion d'images choquantes. Elle reprend la séquence au moment où l'on entend l'un des terroristes crier : On a vengé le prophète Mohammed ! On a tué Charlie Hebdo !. Cette vidéo amateur, filmée avec un téléphone portable depuis le balcon d'un immeuble du boulevard Richard Lenoir, a été mise en ligne par son auteur puis partagée et visionnée des millions de fois sur les réseaux sociaux. Certains médias n'ont pas hésité à la reprendre en intégralité, y compris pour faire la une de journaux, contrairement au choix fait par France 2.

Le reportage de France 2 comprend une deuxième vidéo amateur. Il s'agit d'images filmées par un journaliste de l'agence de presse Premières Lignes, monté sur le toit de l'immeuble qui fait face aux locaux de Charlie Hebdo. On y voit des personnes se réfugiant sur le toit. On entend même le journaliste tenter d'indiquer à des policiers où se trouvent les terroristes.

Hormis ces vidéos amateur, le sujet se compose d'images factuelles mais aussi de photographies des dessinateurs et journalistes tués. Il propose aussi plusieurs témoignages de riverains ainsi que de Wandrille Lanos, journaliste à l'agence Premières Lignes.

Immédiatement après ce reportage d'ouverture, l'édition spéciale du journal télévisé de France 2 se poursuit par une allocution solennelle de François Hollande depuis le palais de l'Élysée. Le président de la République réagit alors à l'attentat et annonce une journée de deuil national le lendemain en hommage aux victimes.

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