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Germaine Tillion analyse le système concentrationnaire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 sept. 1974

Dans cette interview, Germaine Tillion précise comment, lors de sa détention dans le camp de concentration de Ravensbrück, elle a enquêté en véritable ethnologue pour reconstituer la mécanique économique concentrationnaire et l’expliquer aux autres déportées.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Anthonioz Michel (Journaliste)
Date de diffusion du média :
14 sept. 1974
Production :
@ 1974 -  Office national de radiodiffusion télévision française
Page publiée le :
12 avr. 2023
Modifiée le :
03 oct. 2023
Référence :
00000005433

Contexte historique

Par Olivier PingalEnseignant d'histoire-géographie au collège Jean-Macé, Suresnes )

Le 31 octobre 1943, Germaine Tillion est déportée au camp de femmes de Ravensbrück, à 80 km au nord de Berlin. C'est le plus grand camp de concentration pour femmes du Reich et le deuxième plus grand dans le système concentrationnaire en général, après Auschwitz-Birkenau. Elle perçoit immédiatement le caractère mortifère du camp. Forte de son expérience ethnographique et avec l’aide de camarades plus anciennes dans le camp, elle observe le système concentrationnaire et en analyse tous les éléments pour être en mesure d’informer le monde extérieur, si elle, ou l’une ou l’autre de ses camarades, survit. Dans le secret partagé avec ses codétenues, elle applique ses méthodes d’ethnologue pour étudier ses geôlières. Sur des feuilles et avec un crayon volé par ses camarades, elle établit une chronologie minutieuse de l'activité du camp, calcule – grâce à leur numérotage – les arrivées et les disparitions, consigne l’origine des prisonnières et leur affectation par « blocks » ou baraques, enregistre les différentes brimades et les horaires de travail. Pour n'être pas comprise des nazis qui pourraient l'entendre, elle apprend des rudiments de dialectes gitans et communique avec les Tsiganes. Après avoir analysé le système concentrationnaire et ses soubassements économiques, elle l’explique à ses camarades du camp, considérant que la compréhension lucide des événements aide à mieux se défendre et libère l’angoisse. Elle ira jusqu’à tenir, en avril 1944, une « conférence » clandestine sur les bénéfices personnels d'Himmler (le chef de la SS et ministre de l’Intérieur du Reich) tirés de Ravensbrück et sur l'économie du système d'extermination par le travail.

Éclairage média

Par Olivier PingalEnseignant d'histoire-géographie au collège Jean-Macé, Suresnes )

Cette interview, extraite du documentaire Deux fils qui se croisent – Germaine Tillion, a été diffusée le 14 avril 1974 sur la première chaîne de l’ORTF. Germaine Tillion y est filmée seule, assise à un bureau en plan rapproché qui se resserre peu à peu sur un gros plan. Elle explique au journaliste Michel Anthonioz (fils de Geneviève Anthonioz, ancienne résistante, également déportée à Ravensbrück) comment, lors de sa détention au camp de Ravensbrück, elle a tenté de reconstituer la mécanique économique concentrationnaire. Elle précise que c’est sa curiosité de scientifique qui la pousse, en ethnologue, à vouloir comprendre le fonctionnement d’un mécanisme aussi extrêmement monstrueux que celui du camp. Elle détaille rapidement sa méthode qui consiste à interroger les différentes femmes au service des nazis dans le camp afin de compiler les informations fragmentaires dont elles disposent pour mieux décrypter le système concentrationnaire de Ravensbrück dans son ensemble. Son objectif est, à partir de données chiffrées collectées sur le terrain, de faire comprendre aux autres déportées la mécanique économique et l’exploitation dont elles sont les victimes.

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