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Le rôle du résistant Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 mai 1964

Cet entretien avec Daniel Cordier a été réalisé par l’Office national de radiodiffusion télévision française (ORTF) pour une édition spéciale des actualités télévisées du 8 mai 1964. Il y évoque le rôle de Jean Moulin, représentant du général de Gaulle en France à partir de janvier 1942, dans les débuts de l’unification de la Résistance. Il revient sur la création et le fonctionnement de la Délégation générale, trait d’union entre la France libre et la Résistance intérieure. Daniel Cordier évoque également son propre engagement auprès de Jean Moulin dans ce processus.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Le Conseil national de la Résistance

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Caron René (Journaliste)
Date de diffusion du média :
08 mai 1964
Production :
Office national de radiodiffusion télévision française
Page publiée le :
15 mai 2023
Modifiée le :
18 sept. 2023
Référence :
00000005480

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Nommé représentant personnel du général de Gaulle, délégué en zone Sud du Comité national français, Jean Moulin est parachuté en France en janvier 1942. Il est chargé d’unifier la Résistance en zone non occupée. Dans le cadre de cette mission, il créé notamment à Lyon au printemps-été 1942 la Délégation générale, qui doit renforcer les liens entre le Comité national français et la Résistance intérieure. Elle comprend un certain nombre de services : le Bureau d’informations et de presse, le Service des Opérations aériennes et maritimes, le Service de transmissions, le Bureau des opérations aériennes. Elle est transférée à Paris début 1943.

Daniel Cordier en assure le secrétariat. Né en 1920, cet ancien militant de l’Action française (mouvement nationaliste royaliste d’extrême droite né à la fin du 19e siècle) refuse la défaite et l’armistice. Déçu par l’attitude de Charles Maurras (journaliste et écrivain, il dirige le journal L’Action française) et son ralliement à Pétain, il décide de rejoindre Londres alors qu’il n’a pas 20 ans dès juin 1940. Il intègre les Forces françaises libres. Il est parachuté en France en juillet 1942. Il est choisi par Jean Moulin pour être son secrétaire à Lyon en juillet 1942. Daniel Cordier se met alors au service du « patron », qu’il appelle « Max » et dont il ignore la véritable identité. Après l’arrestation de celui-ci le 21 juin 1943 à Caluire, il continue ses fonctions auprès de Claude Bouchinet-Sereulles. Menacé, il quitte la France en mars 1944, et rejoint Londres où il est nommé chef de la section des parachutages du BCRA.

Daniel Cordier admirait « le patron ». Après-guerre, il devient marchand d’art, une activité à laquelle Jean Moulin l’a initié. Celui-ci entre au Panthéon en 1964, quelques mois après cette interview de Daniel Cordier réalisée le 8 mai 1964.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Dans ce témoignage filmé près de vingt ans après la fin de la guerre, Daniel Cordier revient face caméra sur la création de la Délégation générale. Le récit du résistant est diffusé le 8 mai 1964, jour anniversaire de la capitulation allemande et alors que la procédure de panthéonisation est lancée. Alors qu’il s’impose dans la mémoire collective, des polémiques éclatent au sujet de Jean Moulin entre acteurs, témoins et historiens de la Résistance en France. Son ancien secrétaire se fait historien pour rétablir les faits tout en défendant sa mémoire. Daniel Cordier a publié ses mémoires, en deux volumes : Alias Caracalla, suivi de La victoire en pleurant.

Du fait de son rôle de secrétaire auprès de Jean Moulin, Cordier est celui qui a le plus côtoyé dans la clandestinité le représentant du général de Gaulle en France occupée, même s’il ne connaissait pas alors la véritable identité de « Max ». Il joua également un rôle clé dans le développement des différents services de la Délégation générale qui permit d’étoffer le secrétariat de Jean Moulin et de faciliter ses liaisons avec Londres.

Le plan est fixe, relativement serré, centré sur l’homme : c’est sa parole qui est mise en valeur, aucune image ne venant se rajouter au propos.

Le ton est factuel, tout comme le contenu : Cordier ne cherche pas à dresser un panégyrique de Jean Moulin, alors que la panthéonisation de celui-ci est actée. S’il ne s’est pas encore lancé dans un travail d’historien, il s’en tient déjà strictement aux faits : il revient sur le parachutage de Jean Moulin en France, les premiers temps de son action, l’organisation de la délégation et les différentes tâches qui lui sont assignées, son installation à Lyon puis à Paris.

Daniel Cordier revient également sur son rôle auprès de Jean Moulin et dans la délégation générale. Mais il ne cherche pas à glorifier son rôle : il présente toujours son action en lien avec celle de son patron, dit souvent « on ». 

Son témoignage livre des renseignements sur l’organisation de la Résistance, notamment les liens entre la Résistance intérieure et la France libre et la vie en clandestinité (par exemple lorsqu’il évoque le « service de codes » ou les boîtes aux lettres), et sur les motivations qui ont pu dicter certains choix (dont celui d’installer la Délégation générale à Lyon).

Cordier ne revient pas sur son ressenti pendant la période, comme peuvent le faire les témoins, ni sur son action après, ni sur Jean Moulin lui-même qu’il admirait. Aucun affect ne transparaît : le ton est neutre, entre celui du témoin et de l’historien, ou plutôt du chroniqueur. Il n’en présente pas moins l’action de Jean Moulin sous un jour positif, sans insister non plus sur les difficultés inhérentes à la clandestinité.

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