Difficile unification de la Résistance en vue de la création du CNR

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 août 1976 | Date d'évènement : 1943

Plusieurs responsables des mouvements de résistance ayant participé au Conseil national de la Résistance en 1943 parlent des difficultés lors de sa création. Leur témoignage s'inscrit dans un reportage réalisé pour l’émission Ce jour-là j’en témoigne : Chroniques du temps de l’ombre, 1940-1944 diffusée pour la première fois sur Antenne 2 le 27 août 1976.  

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Le Conseil national de la Résistance

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Chroniques du temps de l'ombre, 1940-1944
Réalisation :
Panigel Armand
Date de l'évènement :
1943
Date de diffusion du média :
27 août 1976
Production :
Antenne 2
Page publiée le :
25 mai 2023
Modifiée le :
05 sept. 2023
Référence :
00000005507

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Avant que ne soit créé le Conseil national de la Résistance en 1943, il n’y avait pas, à proprement parler, une Résistance, mais plutôt des résistances en France. Les institutions traditionnelles (partis, syndicats), qui auraient pu incarner une forme d’opposition au lendemain de la défaite et de l’armistice, s'étaient déjà effondrées lors des événements de mai-juin 1940. Dès lors, des organisations spécifiques se créent dans la clandestinité, le plus souvent autour d’un journal clandestin : les mouvements. Mais ces mouvements se développent de façon indépendante, avec des positions politiques souvent différentes. En zone sud par exemple, le mouvement Combat d’Henri Frenay, qui recrute au départ dans les milieux militaires, apparaît plus à droite que Libération d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, qui affiche une certaine proximité avec les milieux syndicalistes et socialistes. 

Pour réaliser le Conseil national de la Résistance et lui donner la plus large représentativité possible, Jean Moulin a donc dû réaliser en amont l’unité de ces différents mouvements. Au terme de sa première mission menée au cours de l’année 1942, il a permis la fusion des trois grands mouvements de zone sud (Combat, Franc-tireur et Libération) qui devient effective avec la création des Mouvements unis de la Résistance (MUR) en janvier 1943. Une action équivalente est entreprise en zone nord au cours du printemps 1943 par le colonel Passy et Pierre Brossolette, dans le cadre de la mission Arquebuse-Brumaire, qui permet la mise en place d’un comité de coordination des mouvements de zone nord. Mais Jean Moulin a également dû faire accepter aux chefs des mouvements que le futur Conseil de la Résistance intégrerait les représentants des principaux partis et syndicats qui avaient désormais basculé dans l’action clandestine. Cette décision fut difficile à accepter par les chefs des mouvements qui considéraient que seules leurs organisations incarnaient véritablement la Résistance. Elle était toutefois indispensable pour permettre que soit réalisée l’unité la plus large possible et pour donner la plus forte légitimité au Conseil national de la Résistance.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Cette vidéo est un extrait de 4 minutes d’un documentaire réalisé autour de la création du Conseil national de la Résistance dans le cadre de l’émission Ce jour-là j’en témoigne : Chroniques du temps de l’ombre 1940-1944 diffusé sur Antenne 2 le 27 août 1976.

Le documentaire s’ouvre avec une voix off du journaliste évoquant le contexte de l'Occupation et des images d’archives allemandes montrant la réalisation de grands chantiers dans le cadre de la construction du mur de l’Atlantique. Ces images illustrent le contraste qui existe entre la force de l’occupant (gros plans sur des canons et des pièces d’artillerie) et le dénuement des résistants au début 1943. Au contraire, les différents témoins interviewés par la suite sont filmés dans un décor très sobre, face caméra en plan serré.

Les personnalités qui témoignent ont toutes été des acteurs de premier plan de la Résistance intérieure. Henri Frenay a été le fondateur et le chef du mouvement Combat. Claude Bourdet a été l’un de ses principaux lieutenants et le remplace à la tête du mouvement après son départ en juin 1943 pour Alger. Jean-Pierre Levy a été le chef du mouvement Franc-Tireur. Pascal Copeau a été membre du comité directeur du mouvement Libération dirigé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie. 

Leur témoignage revient sur le contexte dans lequel a été créé le CNR. Évoquant le choix difficile du lieu où devait se tenir la réunion de sa création, Claude Bourdet utilise un ton particulier en maniant l’anecdote et en utilisant des mots marquants : il explique par exemple que Lyon était devenu trop dangereuse car cette ville était un véritable « résistodrome ». De fait, cette réunion aura lieu à Paris, au 48 rue du Four, le 27 mai 1943.

L’ensemble des témoins aborde surtout les difficultés que Jean Moulin a dû surmonter pour arriver à unir les résistants entre eux. Dans le contexte des années 1970, l’évocation des tensions et divisions qui ont pu exister au sein de la Résistance constitue une nouveauté alors qu’au sortir de la guerre prévalait l’affirmation de l’unité de la Résistance dans un même combat. 

L’ensemble des témoignages illustre combien a été mal vécue la décision d’intégrer dans le Conseil de la Résistance les représentants des partis et des syndicats. Les responsables de Combat, Frenay et Bourdet, ont été parmi ceux qui s’y sont le plus opposés. Frenay explique ainsi qu’on « reprenait la carte politique de l’avant-guerre », une « absurdité » pour le chef de Combat qui espérait une reconfiguration politique après-guerre, issue de la Résistance. Claude Bourdet va dans le même sens en déclarant qu’à part le parti communiste et le parti socialiste, les autres partis n’avaient « pas d’existence résistante ». Ils se rallieront finalement aux arguments de Moulin en acceptant que siègent au sein du CNR les représentants des partis et syndicats afin « d’authentifier » de Gaulle en lui donnant la plus large légitimité possible (comme le formule Pascal Copeau). 

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